Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2228 : Un silence inattendu

Le 2 avril, à la fin du billet n° 3222 revenant sur la personnalité de Henri Tincq, rédigé par Gilles Bély, j'invitais celles et ceux qui le souhaitent à rédiger eux-mêmes un billet de temps à autre.
Suite à une réflexion reçue de Denise, des Sables d'Olonne, sur le silence, je lui ai proposé de nous faire part de sa réflexion à ce sujet..
Merci à elle d'avoir accepté.
Et merci à vous de ne pas hésiter à me proposer un billet sur un thème qui vous est cher.
Ce blog vous ouvre largement ses lignes, et ses bras !

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Dimanche, en écoutant l’homélie du dimanche des Rameaux, dans le Jour du Seigneur, j’ai été interpelée par ce petit passage : "Pourquoi cette terrible pandémie ?"  Mgr Chauvet d’ajouter : "Il n’y a pas de réponse à cette question ; la seule,  c’est  le silence ; le silence de Jésus dans sa passion". En cette cette Semaine sainte et dans notre marche vers Pâques, le silence nous invite à l’espérance.

"Tout arrêter…Faire silence", comme le suggère Daniel Archambaud dans le billet de lundi, pourquoi pas ? A  chacun de nous de  trouver une piste  qui nous mène ensemble sur le chemin de Pâques.

J’avoue avoir trouvé ce silence pesant au début de ce confinement ; silence brutal et inattendu !   Peu de personnes dans la rue,  encore moins dans ma résidence, quelques unités dans les commerces,  le remblai des Sables fermé aux promeneurs, etc. Dans mes rares sorties, je remarque des gens méfiants qui se cachent sous leur foulard ou leur petit masque (fabrication maison).  Sans doute ont-ils peur ou est-ce par souci des autres ?  Quoi de plus normal en ce temps de crise sanitaire !  Cependant, certains risquent quand même un petit bonjour de la main. Bref, du silence partout !  Bien sûr, comme vous, j’adhère à ce confinement nécessaire et vécu dans la solidarité  d’un espoir commun.

Le drame que nous traversons, dit le pape François, nous fait découvrir que "la vie ne sert à rien si on ne sert pas." Il dit encore : "Regardez les vrais héros d’aujourd’hui qui se donnent pour sauver et servir les autres".

Ce silence amène à réfléchir sur l’avant-confinement où les casques se promènent sans fil dans les rues, l’accès aux conversations est ouvert, les réunions se succèdent, la musique est illimitée, les télévisions peuvent fonctionner sans temps fort, etc.  J’ai parfois, l’impression de n’avoir jamais vécu des vrais silences !

Pour ne pas tourner en rond et sans doute par peur de n’être pas occupée ou connectée, je fais chaque matin, un petit emploi du temps partagé entre : la prière, la lecture, la radio, l’ordi, la télé,  le téléphone, le ménage, une cuisine plus soignée que d’hab. Parfois, je ne fais rien ! Simplement, je me repose  sur mon balcon près d’un petit arbuste tout en fleurs. Je prends mon temps pour tout ! Sans doute que des familles n’en diraient pas autant !

 J’apprécie les appels échangés, ceux de ma famille, de mes amis et, touchée par ceux que je n’attendais pas. Ces petits gestes m’ont incitée à faire une petite liste d’appels.  Je sais aussi que plusieurs paroissiens s’unissent au chapelet de Lourdes, à 15h30, devant une grotte quasi déserte. Encore une occasion d’être en communion les uns avec les autres, en portant dans la prière les malades, les hospitaliers qui ne pourront pas participer à ce pèlerinage d’avril 2020.  Alice, 16 ans, m’a fait parvenir une symphonie confinée : "La tendresse" et elle a précisé : « Pour démarrer ta journée dans la douceur ». Le soir, à 20h, le silence est interrompu par des applaudissements et des bruits de cymbales, en reconnaissance du service accompli par le personnel soignant. Je pense aussi aux minutes de silence proposées dans différents endroits, en France et dans le monde Que de beaux gestes fraternels illuminent ce temps de pandémie !

"Le silence de l’homme attire le silence de Dieu", disait Julien Green. Finalement, nous ne sommes jamais seuls puisque 2 silences se rencontrent !  En cette Semaine Sainte, entendons le Fils interroger le silence de son Père, sur le bois de la croix, au nom de toute l’humanité : "Seigneur, pourquoi m’as-tu abandonné ?"  Il n’y a pas eu de réponse à ce cri de Jésus au moment de sa mort. Et  c’est dans le silence de Pâques que la révélation de Dieu s’achève par la Résurrection de Jésus. Aucun bruit, aucun discours ; c’est dans le silence que Dieu accomplit son  œuvre.

Belle Semaine à toutes et tous, dans le silence et l’espérance !

                                                                                                            Denise Bodin