Cela fait plusieurs fois que je rencontre des personnes me disant : "Avec tout ce qui se passe, j'ai envie de quitter l'Eglise", "... de changer de religion." Bien sûr, l'on peut comprendre de telles réactions, de déception profonde, de colère parfois. J'en ai donc été d'autant plus surpris qu'à la suite du documentaire sur Arte, hier soir mardi, j'ai entendu cette réaction de Marie-Pierre Raimbault. Marie-Pierre, avec son équipe, est la journaliste qui a mené l'enquête sur le harcèlement sexuel dont sont victimes des religieuses, en France et dans le monde. Après le visionnage du documentaire, vraiment glaçant, la responsable de l'émission "Thema" sur Arte, interviewant Marie-Pierre, lui a demandé en finale : "Mais vous, qui avez vu de près ces choses horribles, qui se passent au coeur de l'Eglise catholique, vous qui êtes croyante et pratiquante, comment vous situez-vous désormais face à une Eglise qui laisse faire de telles horreurs en son sein et garde le silence à leur propos ? Cela ne vous donne pas envie de la quitter " J'ai été frappé et interpellé par la réponse de la réalisatrice : "C'est vrai, je me suis posé la question de partir ! Mais alors, je me suis dit : mais, si les gens comme nous, nous quittons l'Eglise, il ne restera plus en elle que les gens qui sont complices de ces horreurs, et ceux que tout cela ne gêne pas, ou qui ne veulent pas qu'on fasse de vagues... Or, il reste à faire un gros travail à l'intérieur de l'Eglise, pour lui permettre d'avancer et de se renouveler profondément... Voilà pourquoi je reste !"
Impressionnant, n'est-ce pas ? Je ne m'attendais pas à une telle réponse ! Mais cette journaliste est honnête avec elle-même et avec sa foi, et elle pose la vraie question : notre Eglise est-elle pourrie totalement ? Inguérissable ? Irréformable ? Peut-on encore s'en sentir membre sans avoir honte de se regarder dans la glace ? Dans mon homélie de dimanche dernier à Bourgenay, je suis revenu sur cette question, en proposant comme piste de réflexion cette remarque de Georges Bernanos qui, dans un contexte assez différent il est vrai, mais bien difficile aussi, déclarait, avec foi et humilité - je le citais d'ailleurs dans le billet n° 2255 : "J'aime l'Eglise..., douloureusement !" Je vous renvoie à ce billet, qui développe ce sentiment. Et je disais aux paroissiens présents : cette Eglise dont nous sommes partie prenante, mais pas toujours fiers, aussi pécheresse soit-elle, n'en est pas moins sainte également ; même si ceci est difficile à admettre et à comprendre. Le théologien Karl Rahner parlait de "la sainte Eglise des pécheurs". Et s'il fallait exclure tous les pécheurs de l'Eglise, que resterait-il du peuple de Dieu ? Chacun de nous n'en serait-il pas exclu ? N'y a-t-il pas une poutre dans notre oeil ? D'ailleurs, si l'Eglise se prétendait société des "parfaits", quelle leçon aurait-elle tiré du fait que Jésus ait donné autant de place à la femme que l'on a traitée d'adultère, au fils prodigue, au bon larron comme à tant d'autres pécheurs ?
Lorsque nous proclamons ensemble dans le "Je crois en Dieu" : "je crois en l'Eglise, sainte, catholique, ...", souvenons-nous que cette sainteté fondamentale de l'Eglise, si elle prend ses racines dans le Christ, repose également sur le beau témoignage de l'ensemble des membres du Peuple de Dieu, bien que pécheurs et imparfaits ils soient !
Permettez-moi de donner encore la parole à l'écrivain Georges Bernanos ; avec des maximes qui peuvent nous heurter..., mais qui en tout cas invitent à la réflexion :
"La grande entreprise divine ne saurait être très compromise par la médiocrité de ses instruments.
Je me méfie de mon imagination, de ma révolte ; l'indignation n'a jamais racheté personne, mais elle a probablement perdu beaucoup d'âmes."
Qui désespère de l'Eglise, c'est curieux, risque tôt ou tard de désespérer de l'homme."
On ne réforme l'Eglise qu'en souffrant pour elle ; on ne réforme l'Eglise visible qu'en souffrant pour l'Eglise invisible.
On ne réforme les vices de l'Eglise qu'en produisant l'exemple de ses vertus les plus héroïques.
L'Eglise n'a pas besoin de critiques, mais d'artistes... L'Eglise n'a pas besoin de réformateurs, mais de saints."
_____________________
P - S : Je rappelle la journée de réflexion organisée par le SEL (Solidarité, Eglise, Liberté en Vendée) ce samedi 9 mars, de 10h à 17h, au Centre Ste Thérèse, place Renoir, à la Roche s/Yon, sur le thème : "Pour une Eglise qui ne soit pas cléricale".
Animation : le théologien Jacques Musset.
Entrée libre, ouvert à tous, chacun apporte son pique-nique pour le repas convivial.
Participation libre aux frais.
"La grande entreprise divine ne saurait être très compromise par la médiocrité de ses instruments.
Je me méfie de mon imagination, de ma révolte ; l'indignation n'a jamais racheté personne, mais elle a probablement perdu beaucoup d'âmes."
Qui désespère de l'Eglise, c'est curieux, risque tôt ou tard de désespérer de l'homme."
On ne réforme l'Eglise qu'en souffrant pour elle ; on ne réforme l'Eglise visible qu'en souffrant pour l'Eglise invisible.
On ne réforme les vices de l'Eglise qu'en produisant l'exemple de ses vertus les plus héroïques.
L'Eglise n'a pas besoin de critiques, mais d'artistes... L'Eglise n'a pas besoin de réformateurs, mais de saints."
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P - S : Je rappelle la journée de réflexion organisée par le SEL (Solidarité, Eglise, Liberté en Vendée) ce samedi 9 mars, de 10h à 17h, au Centre Ste Thérèse, place Renoir, à la Roche s/Yon, sur le thème : "Pour une Eglise qui ne soit pas cléricale".
Animation : le théologien Jacques Musset.
Entrée libre, ouvert à tous, chacun apporte son pique-nique pour le repas convivial.
Participation libre aux frais.
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