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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



dimanche 1 avril 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2157 : "C'est à nous qu'il est confié de ressusciter Dieu !" (Etty Hillesum)

Plusieurs personnes m'ayant demandé le texte de l'homélie que j'ai donnée hier soir, lors de la Veillée pascale qui rassemblait, à Jard-sur-Mer, les deux paroisses auxquelles je suis affecté, je me permets de vous la partager sur ce blog.

"Et Dieu vit que cela était bon !"  Voici cette parole que nous avons entendue à 7 reprises à l'instant, lors de la lecture du texte de la Genèse, sur la Création.
Pardon Seigneur, excuse-moi de te contredire, mais tu n'avais sans doute pas regardé la télé cette semaine quand tu as affirmé cela !
Etais-tu à Kémérovo dimanche dernier, à des milliers de kilomètres à l'est de Moscou lorsque, rue Lénine, 64 personnes, dont 41 enfants, ont péri tragiquement dans l'incendie d'un centre commercial dont les issues de secours étaient verrouillées ?
D'autre part, tes anges t'ont-ils aussi mis au courant que, ce même dimanche des Rameaux, des enfants qui jouaient au foot sont morts sous un déluge de feu en Syrie ?
Et je ne parle pas de ce qui s'est passé chez nous, près de Carcassonne ; ni de cette vieille personne juive assassinée, ni du Yémen, ni de Gaza...
Y aurait-il des terres, ou des personnes, que le Christ ressuscité aurait oubliées ?
D'ailleurs, tu le sais bien,  Seigneur, pourquoi tant de gens ne croient pas en toi... Mais, c'est à cause des plaies d'Egypte.  Ah ! les plaies d'Egypte, elles nous accablent encore aujourd'hui !
Sauf que l'on est passé des sauterelles qui détruisaient les cultures, au fait que ce sont les hommes eux-mêmes, dont nous, qui détruisent ce bel environnement que représente ta création.
Pesticides, glyphosate, monsanto et consorts...  Davantage de plastique que de poissons dans les océans...
Et il y a toutes ces plaies qui nous accablent : la pauvreté, la guerre, qui entraînent les migrations, le chômage, la pédophilie, la maladie, la souffrance, l'échec... Ah ! Si Dieu existait, il n'y aurait pas tout ça !
Seigneur, tu en as connu, des rebuffades et des déceptions, dans ton plan de salut, avec cette planète que tu avais pourtant créée avec espérance et amour : cela a commencé dès le départ avec le péché d'orgueil d'Adam et Eve, puis le meurtre d'Abel par son frère Caïn, l'adoration d'un veau en or, les désobéissances sans fin du peuple "élu", et surtout, le rejet et la crucifixion de ton propre fils Jésus ; puis, les trahisons des Eglises, des évêques, des prêtres, des chrétiens et que sais-je encore !
Mais, chapeau, Seigneur ! Jamais tu n'as baissé les bras, même pas sur la croix !  Après chaque défaite, tu recommences, tu reprends ton oeuvre de création.  Tu ne te résignes pas à nos chaos !
Mais tu inspires des conversions et, sans cesse, des renouveaux.
Tout au long de l'histoire, tu suscites Noé, Abraham, Moïse, Marie, et tu fais se lever des prophètes. Et sans cesse, tu nous offres Jésus !
Dans l'histoire du monde, c'est vrai, pauvre Dieu, tu perds souvent des batailles ;  mais tu continues à croire que ton oeuvre est bonne, que ce monde est capable de beauté. Mais à condition que l'homme le travaille, qu'il l'entretienne, ce monde, et qu'il l'oriente vers le service de tous, dans ta lumière.
Car ce n'est pas ta création qui est mauvaise, et encore moins ratée ; mais la façon dont nous, les humains, nous la gérons ou nous l'abîmons.  Car, dans notre société, les hommes sont plus dangereux que les ours dans les Pyrénées.
Ce soir, comme jadis le peuple de l'Exode, nous devons tourner enfin le dos à nos Egyptes intérieures ; c'est-à-dire, à cette partie de notre esprit qui est sous l'emprise du mal, "esclave du péché", comme nous l'a dit St Paul à l'instant dans sa lettre aux Romains.
Il n'est pas inintéressant de savoir que le mot "Egypte" - et la symbolique de l'Egypte est très forte pendant la veillée pascale - le mot "Egypte" se dit en hébreu "Mitsraïm", et que c'est à peu près le même terme qui, en hébreu, veut dire "limites".
Alors, en cette nuit de grâce et de lumière, à la suite des Hébreux, nos "frères aînés" comme disait Jean-Paul II, ou nos "pères dans la foi", selon la formule de Benoît XVI, avec le Christ, dépassons nos "limites", passons la mer, traversons la mer rouge et dangereuse de nos refus, de nos égoïsmes, pour arriver ensemble sur l'autre rive, pour entrer enfin dans la terre qui est promise depuis toujours, et où nous arrivons enfin ce soir, à la suite du nouveau Moïse, Jésus ressuscité.
Dans le superbe conte "Alice au pays des merveilles", Alice fait la proposition suivante : "Si le monde n'a aucun sens,qui nous empêche d'en inventer un ?"
Mais voici qu'une jeune femme juive, Etty Hillesum, morte en déportation à Auschwitz, offre à cet appel cette superbe réponse : "C'est à nous qu'il est confié de ressusciter Dieu."
"Qui roulera la pierre pour dégager l'entrée du tombeau ?" se demandaient les saintes femmes.  Mais déjà, un ange, c'est-à-dire, un messager, un serviteur de Dieu, l'avait roulée, cette pierre.
De la même façon, jeudi soir, le jeudi-saint, à Grosbreuil, des anges, c'est-à-dire, des catéchistes avec Florence, des parents, des prêtres, avec Jean-Guy, ont roulé la pierre pour permettre aux enfants se préparant à la première des communions, venus nombreux, d'entrer dans la dynamique de la Pâque.
Et c'est cette même belle histoire qu'est en train de vivre Soline, qui fait son entrée cette nuit dans le peuple immense des baptisés.
Ce soir, par notre présence vivante et chaleureuse à cette veillée, comme à toutes les belles célébrations de cette Semaine sainte sur nos deux paroisses, c'est nous tous qui, réunis la main dans la main, bien au-delà de nos différences et de nos divergences, c'est nous tous qui, par notre foi collective, roulons de côté l'énorme pierre qui risquait de nous écraser, et de nous enterrer vivants !
Et nous ne sommes pas seuls dans ce combat !  La terre entière est mobilisée pour faire réussir le plan de Dieu : depuis les casques blancs bénévoles qui interviennent lors de chaque bombardement en Syrie, au péril de leur vie, jusqu'à Malala, militante musulmane pakistanaise pour l'éducation des filles, qui a reçu une balle dans la tête en 2012, prix Nobel de la paix en 2014 ; et l'on dit que l'on ne voit pas les jeunes ; mais ils étaient un demi million venus manifester samedi dernier à Washington, près de la Maison Blanche, contre la liberté des vente d'armes qui fait tant de victimes aux USA.
Et je ne parle pas de ces innombrables anonymes, dont vous, qui, chez nous, roulent et jettent dans le fossé la lourde pierre de l'égoïsme, pour servir leurs frères.
En eux tous, en vous, voici que, au milieu de cette nuit, se dresse le Christ ressuscité, le libérateur de tous les temps et de tous les peuples.
Et c'est en lui, et en lui seul, que nous choisissons de mettre notre foi, pour que soit sauvée notre planète.
Amen !  Alléluia !

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