On entend dire parfois que les prêtres parlent trop, ou qu'ils prêchent trop longtemps (surtout quand ce n'est pas intéressant !). C'est sans doute un peu vrai ; mais nous avons aussi reçu la mission de partager l'Evangile à tous, chacun le faisant en fonction de ses possibilités. En tout cas, pour ma part, réduit au silence pendant trois mois et demi, et cela tout à fait en-dehors de ma volonté, dans l'incapacité décevante de ne pouvoir obtenir l'installation d'une connexion internet, et cela pour de soit-disant raisons qui n'avaient rien de raisonnable, j'ai dû vivre une véritable ascèse. L'image est sûrement maladroite, mais j'ai vécu cela comme une amputation : à la fois incapable d'écrire, et dans l'impossibilité d'expliquer les raisons de mon silence.
Chaque jour, je me disais : "que doivent penser les lecteurs ? Tiens, si je pouvais m'exprimer sur le blog, je parlerais de ceci, je donnerais mon avis sur cela..." Et en même temps, je viens de vivre tout ce temps sans télé, mais ce qui m'a quand même moins manqué. Mais heureusement que je continuais à recevoir mes mails sur mon portable ! En tout cas, cette période de jeûne informatique m'a permis de prendre du recul par rapport à ce type de communication.
En effet, je me suis posé plein de questions : est-ce que ce blog est vraiment utile ? faut-il le maintenir ? Est-il sain que je donne ainsi un avis sur tout ? de quoi cette volonté de prendre ainsi la parole sur un blog est-elle le signe ? qu'est-ce que je recherche au juste ? ne faudrait-il pas rénover la formule ? n'est-ce pas une expression trop individuelle, trop personnelle ? les personnes qui suivent ce blog ne sont-elles pas fatiguées de cette façon de faire ? quel renouvellement faudrait-il envisager ? est-ce que c'est moi que je cherche à mettre en valeur ? ou les autres, et l'Evangile ? au fond, pour qui est-ce que je me prends exactement ? Surtout que, comme nous l'a appris Esope, le célèbre fabuliste grec, "la langue est la meilleure et la pire des choses", selon l'usage que l'on en fait...
Toutes ces questions, et bien d'autres, continuent de me tarauder ; surtout à présent où je me trouve en situation de retrait de la vie pastorale active et de toute responsabilité ecclésiale, même si j'assure toujours un certain ministère, lorsque l'on fait appel à moi.
Surprise : je n'avais pas plutôt rouvert ce blog que je recevais des mails m'invitant à poursuivre le chemin, par exemple ceux-ci :
- de la part d'un ancien paroissien de Fontenay-le-Comte : "avec ton billet, me voici...nous voici rassurés ! Ce n'était qu'une panne matérielle ! Nous allons pouvoir à nouveau nous abreuver à ta source de vie, et je m'en réjouis vraiment."
- et de la part de mon parrain du Château d'Olonne : "je ne vais pas crier au "miracle", mais, comme de la part de tous tes lecteurs, l'absence de la parution de ton blog commençait à se faire sentir, et certains ont certainement pensé que tu l'avais fermé. Nenni ! et en cette veille de Noël, moi et les autres, nous nous réjouissons de te retrouver sur nos écrans."
- une paroissienne de Mortagne : "quel bonheur de vous retrouver ! Vous nous manquez tant. Mais d'autres savent apprécier votre présence, j'en suis heureuse pour eux. Beau Noël au bord de la mer, et bonne santé !"
Je suis confus devant tant de gentillesse ! Mais à présent, serai-je capable de répondre aux attentes ? Je vais dire comme le pape François : "priez pour moi", comme chaque jour, je prie pour vous tous, chers paroissiens sur internet ! Et merci de votre confiance.
mercredi 20 décembre 2017
Le Blog de l'Arche de Noë 85, n° 2.099 : Le jeûne de la parole
Publié par
Olivier Gaignet
à
10:13
Cliquer ici pour lire l'article et les commentaires
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire