Chaque année, vers les mois d'avril-mai, l'on entend circuler à travers le diocèse toutes sortes de murmures ou rumeurs, à propos d'éventuels changements de curés ou coopérateurs ici ou là, au bout de 3 ou 6 ans : "Oh, chez nous, on sent que ça se rapproche ! Qu'est-ce qui va nous arriver ? Pourvu que ce ne soit pas un col romain..." "Il ne faudrait pas que ce soit un tel : il ne travaille pas avec les laïcs et fait tout tout seul !" "L'autre, si c'est lui, on va souffrir ! Ca ne se passe pas très bien là où il est !" "Celui qui va venir, comment seront ses messes ? Est-il ouvert ? A-t-il de l'expérience ?" "Moi, ce que j'aimerais, c'est un prêtre qui s'occupe des jeunes, et qui sache écouter." "Si c'est celui auquel je pense, il va vouloir tout changer ; chaque fois qu'il arrive quelque part, on dirait que ce qui se faisait avant, ça n'a aucune valeur." "Je connais des prêtres qui veulent tout reprendre en main de ce que faisaient les laïcs : plus besoin d'équipes liturgiques, ni de conseil de paroisse, les diacres ne prêchent plus, les laïcs ne conduisent plus les sépultures, d'ailleurs qui sont à présent souvent célébrées avec la messe..." Etc.
Je vous promets que j'ai entendu ici ou là toutes ces réflexions, à diverses occasions de déplacements à travers le diocèse. Ca me rappelle ce que l'on m'avait demandé lors de mon arrivée à Mortagne, si je jouais aux cartes ! Mais cela s'apparentait plus à quelque chose de sympathique et de convivial !
Quant à nous, sur Mortagne-St Laurent, nous n'avons plus ce genre d'anxiété depuis que nous savons que c'est l'abbé Jean Borderon qui arrive, un prêtre "conciliaire" !
Ce que je veux souligner à travers ces réflexions, c'est cet état d'esprit plein d'appréhension que l'on rencontre à présent en permanence, à tort ou à raison d'ailleurs. D'où le titre, sans doute trop négatif, de ce billet ; mais il est question de quelque chose de bien réel, pourtant.
Car les prêtres passent, mais les paroissiens restent ; et, tous les 3, 5 ou 7 ans, il leur faut se réaccoutumer à une figure nouvelle, souvent fort différente de celle qui l'a précédée. Et je te change ceci, et je te renouvelle cela ! Adieu parfois à des priorités qui avaient fait leurs preuves ; oubliées des décisions qui avaient pourtant été mûrement réfléchies en conseil de paroisse ou dans d'autres instances. Mais qu'y faire ? "Le curé, c'est le chef !" comme on l'entend dire parfois.
Et maintenant qu'on a dit ça, qu'est-ce qu'on fait ? Certains paroissiens font parfois de la déprime : "Si c'est comme ça, j'arrête tout !" Mais est-ce la solution ? Souvent, quand j'entends de telles réflexions, ou lorsque des personnes expriment leur déception vis-à-vis de "l'Eglise" ou du diocèse, je me remémore tel ou tel des innombrables passages du Premier Testament qui montrent Dieu véritablement aux prises avec les chefs du Peuple élu, trop souvent à côté de la plaque ; et de voir Dieu dans la panade, cela me remonte le moral ! Et je me redis : "Mais enfin, malgré toutes ces insuffisances, du Peuple de Dieu a quand même surgi un Sauveur ! Et je ne parle pas des amis de Yavhé qui lui sont restés fidèles jusqu'au bout, à l'exemple des Prophètes, de Marie ; et je ne cite que les plus grands...
Remettons l'avenir de nos paroisses et du diocèse entre les mains du bon Berger ; prions l'Esprit-Saint pour nos pasteurs et pour les membres de notre Eglise ; laissons Dieu nous façonner de l'intérieur, pour que nulle embûche ne nous arrête !
Notre Eglise, "les portes de l'enfer ne pourront rien contre elle !" (Matthieu 16/18) D'ailleurs, comme aimait le répéter un de nos savoureux profs de grand Séminaire, que l'on surnommait "mon bon monsieur" : "Si l'Eglise n'était pas divine, il y a longtemps que les curés l'auraient tuée." Mais justement, aucun curé n'y est arrivé ! Et si, comme il le disait également, "La barque de Pierre est conduite à coups de gaffes", cela ne l'a pas empêchée d'être malgré tout vivante et aimante par tout l'univers !
Non, les paroissiens ne sont pas "pauvres" ! Il sont riches de leur espérance, puisée à la source de l'Esprit !
lundi 12 juin 2017
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.066 : "Pauvres" paroissiens !
Publié par
Olivier Gaignet
à
23:38
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