publié le
07/02/2017
Indignation, émotion,
sourires en coin, interrogations… L’affaire des affiches contestant le
pape François ne laisse personne indifférent à Rome. Anonymes, ces
affiches ont été placardées par dizaines, dans la nuit de vendredi à
samedi, dans les rues du centre-ville. Du jamais vu depuis la fin des
États pontificaux. « Où est ta miséricorde ? » :
les auteurs du pamphlet interpellent le pape en dialecte romain populaire,
dans le style des « Pasquinades », ces placards que les Romains
accrochaient jadis au socle de la statue de Pasquin, près du Panthéon. Si
la forme surprend, beaucoup reconnaissent tout bas que cela devait arriver
tôt ou tard. Car à côté de la fronde anti-François, menée par des membres
de la hiérarchie de l’Église, surtout depuis les synodes sur la famille,
la grogne n’a cessé de monter ces derniers temps, notamment dans les murs
du Vatican, contre un pape qui bénéficie paradoxalement d’une formidable
popularité à l’échelon planétaire.
L’attaque, raffinée et perfide, semble avoir été bien
planifiée. Une attaque politique en règle et dangereuse, qui sous la forme de
la dérision, veut ridiculiser le pape et miner son autorité.
Encensé par les uns, dénigré par les autres, ce pape divise et accentue les retranchements. Ces derniers temps, une galaxie de sites et de blogs l’attaquent avec une brutalité surprenante. On l’accuse notamment de mener l’Église à sa perte en déstabilisant l’institution et en désacralisant sa fonction. On l’accuse surtout de cacher sous son apparente bonhomie un tempérament autoritaire, voire tyrannique, comme le prouveraient ses décisions sans appel et ses nominations contestables. On l’accuse encore de démagogie et de populisme. Jésuite, proche du pape, le père Antonio Spadaro, directeur de la Civiltà Cattolica, réagit en affirmant que cela prouve que François agit efficacement et qu’il dérange
En attendant la suite, et avec une célérité et une diligence rare dans la Ville Éternelle, bien connue pour ses lenteurs et sa mauvaise gouvernance, les affiches ont été d’abord recouvertes, puis retirées. Et la redoutable Division des Investigations générales et des Opérations spéciales est entrée en action pour démasquer les coupables. La preuve que si le pape a des ennemis, il peut aussi compter sur des amis efficaces. Le pape qui, dit-on, est serein, même si à l’Angélus, dimanche, il a redit combien les médisances nuisaient à l’Église.
Reste que l’attaque, raffinée et perfide, semble avoir été bien planifiée. Une attaque politique en règle et dangereuse, qui sous la forme de la dérision, veut ridiculiser le pape et miner son autorité. Une affaire à ne pas minimiser.
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Je me permets d'ajouter à cet article un extrait de "La Croix" en date du jeudi 9 février, sous la plume de Nicolas Senèze, le correspondant à Rome :
Les ennemis commencent à s'organiser. Les opposants, dans son troupeau de fidèles, sont plutôt minoritaires, mais ils sont très actifs et ne baissent pas la garde. D'après l'estimation du vaticaniste italien Marco Politi : "20% de la Curie est pro-Berlusconi, 10% totalement contre lui. Les 70% restants, légitimistes, n'en pensent pas beaucoup de bien et attendent le prochain pape."
J'ajoute qu'en France, d'après un fin connaisseur de l'épiscopat, une part non négligeable des évêques, peut-être 50%, serait mal à l'aise avec "l'esprit du pape François". De même, un certain nombre de prêtres et de laïcs, surtout dans les jeunes générations, ressentent la peur de ne pas être compris par lui, d'être abandonnés dans leur lutte contre le "laxisme", la "décadence", "l'islamisme", et se sentent moins soutenus que par Jean-Paul II et Benoît XVI. Un exemple malheureux : la réaction, cette semaine, sur RCF, de Marion Maréchal-Le Pen se disant "désarçonnée par les façons de faire du pape François"...
Dieu merci, l'immense majorité du peuple chrétien, mais aussi énormément d'hommes et de femmes, d'autres religions ou sans religion, se retrouvent pleinement dans l'esprit et l'action évangéliques de ce pape qui enfin fait bouger les lignes dans le sens du service de l'homme et de l'Evangile !
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