Parfois, je me sens un peu désolé et démuni lorsque des personnes viennent me dire : "J'essaye de servir les autres, de tenir ma place, dans la société, dans l'Eglise ; mais souvent, c'est comme si je n'existais pas ! Personne ne semble se rendre compte de ce que je fais ; on n'a jamais droit à un merci. Et pourtant, si je n'étais pas là... Ils verront bien, le jour où j'arrêterai ! Je trouve que les gens manquent vraiment de reconnaissance ! Ce n'est pas étonnant si peu de personnes s'engagent au service des autres ! Pour ce que ça nous rapporte..."
Parfois, il m'est arrivé d'essayer de renvoyer la personne à ce fameux passage de l'Evangile dans lequel Jésus fait cette déclaration étonnante à ses disciples : "Quand vous avez fait ce tout ce qui vous était demandé, dites : "Nous sommes des serviteurs quelconques. Nous avons fait seulement ce que nous devions faire." (Luc 17/10)
Diable ! Pas très reconnaissant, le Seigneur ! Une note de la TOB (Traduction Oecuménique de la Bible), à propos de ce passage, signale même que le mot "quelconque", littéralement, en grec, signifie "bon à rien" ! Oh là là, ça ne s'arrange pas ! D'ailleurs, lorsqu'une personne, engagée dans une association, au sein de sa famille ou dans l'Eglise vient me confier sa peine de ne pas être comprise, je n'ose même plus lui citer cette remarque de Jésus, car les gens concernés, au premier abord, le prennent très mal... Comme si on les enfonçait un peu plus dans l'ombre : ou comme si ce qu'ils faisaient nous était totalement égal.
Première chose : il est profondément dommage que tant de personnes aient de la peine à dire merci à leurs frères, à ceux qui se décarcassent pour eux, dans quelque domaine que ce soit.
Mais cependant, je crois aussi qu'il nous faut apprendre à servir gratuitement, sans attendre forcément de retour. Pour qui travaillons-nous en effet ? Pour être remerciés ? Pour qu'on parle de nous, qu'on dise du bien de nous ? Alors là, c'est vrai que cela devient un problème ; et il faut alors nous interroger !
A ce sujet, je voudrais vous citer un extrait de l'homélie du pape François, lors de la canonisation de Mère Teresa le 4 septembre dernier. A l'attention des milliers de bénévoles, de toutes sortes d'associations, venus à Rome pour leur Jubilé, dont cette canonisation était le point d'orgue, voici ce que le pape a déclaré : "Suivre Jésus est un engagement sérieux, et en même temps joyeux ; cela demande radicalité et courage. C'est pourquoi les volontaires qui, par amour de Jésus, servent les derniers et les démunis n'attendent aucune reconnaissance ni aucune gratification, mais renoncent à tout cela parce qu'ils ont découvert l'amour authentique."
Deux citations pour illustrer cela :
- le philosophe Alain : "Fais ce que tu dois, et n'attends jamais rien en retour. Si quelque chose vient, accueille-le comme un cadeau !"
- le philosophe juif Emmanuel Lévinas : "La réciproque, ce n'est pas mon affaire ; c'est l'affaire de l'autre."
Tranquillisez-vous : le vrai merci vous est donné de la part de Dieu !
dimanche 11 septembre 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.983 : "On ne tient pas compte de ce que je fais !"
Publié par
Olivier Gaignet
à
21:04
Cliquer ici pour lire l'article et les commentaires
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire