Sans doute les journalistes de "Ouest-France" n'ont-ils pas été conscients de leur maladresse, mais quand même, ça en dit long... Reportez-vous au bas de la page 2 dans le numéro de ce lundi 6 juin, et cherchez l'erreur ! Après seulement, vous pourrez poursuivre la lecture de ce billet, que j'aurais préféré ne jamais écrire.
En bas à droite : "Un requin fait une victime en Australie". La 2° il est vrai en une semaine, et ce n'est pas mineur, j'en conviens. On nous dit que c'est la seconde attaque mortelle de squale en moins d'une semaine, et c'est une plongeuse de 60 ans qui a été tuée par "les dents de la mer". Et ce n'est pas drôle en effet.
Regardez à présent l'avant-dernier article en bas à gauche : "Libye : les corps de 133 migrants sur le rivage". Dont au moins cinq enfants et une vingtaine de femmes, la plupart originaires d'Afrique subsaharienne. Point ! C'est tout...
On ne va pas faire des calculs mesquins, mais je remarque que l'on a accordé 8 lignes à la plongeuse victime d'un requin, et 6 lignes seulement aux 130 migrants...
C'est tout à fait révélateur de l'intérêt que notre société occidentale porte aux migrants. Il en meurt il est vrai "un certain nombre" (on ne sait d'ailleurs pas combien au juste), par noyade, en Méditerranée, à notre porte, chaque semaine ; mais on s'y habitue si facilement : 133, c'est une statistique, c'est tout.
Par contre, une plongeuse, blanche, mordue à mort et, on l'imagine, déchiquetée, par un terrible requin, brr..., cela nous fait froid dans le dos. On est sidéré ! Eh bien, si ces pauvres Australiens, désormais, ne peuvent plus prendre un bon bain sans risquer de se faire boulotter par ces terribles monstres que sont les requins, qui rôdent désormais au plus près de nos côtes, que va-t-on devenir ? On est vraiment tristes pour eux...
Etonnant quand même que, y compris dans notre presse bien pensante, l'on mette quasiment sur le même plan le décès d'une seule plongeuse et la mort, moins sanglante il est vrai, mais bien plus injuste pourtant, de 133 migrants !
Ce genre de calcul, bien habituel dans nos médias occidentaux, je crois que je ne m'y habituerai jamais.
Cela me sidère autant que la fameuse réflexion de Staline déclarant, on ne sait pas trop quand d'ailleurs, à l'occasion des violents combats contre les Allemands, ou lors du décès de l'une de ses filles, qui le plongea dans une profonde tristesse : "La mort d'une personne, c'est une tragédie, mais un million de mort, c'est une statistique."
Prions pour que les trop nombreux migrants qui se noient en Méditerranée ne représentent plus, pour notre société, une statistique, une réalité à laquelle on ne peut rien, à laquelle même on s'habitue ; mais que la mort violente de chacun d'eux représente pour nous une véritable tragédie...
Comme si les dents de la Mort se plantaient dans notre propre chair, et nous entraînaient dans une souffrance infinie. Avec un appel à agir, personnellement, dans les associations, auprès de nos élus, de nos dirigeants, dans nos Eglises, pour que tout cela cesse, mais quand et comment ?
P-S : "Ouest-France" persiste et signe ! Dans son édition de ce mardi, voici qu'est reproduite, toujours page 2, à la même place sur la page et dans les mêmes termes, l'annonce de la mort d'une plongeuse sur les côtes australiennes, victime d'un squale.
Par contre, plus question des 133 réfugiés victime d'u naufrage en Méditerranée !
Pas drôle du tout !
mardi 7 juin 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.958 : "Un million de morts, c'est une statistique !"
Publié par
Olivier Gaignet
à
08:33
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