Lors de notre récente visite aux frères et soeurs d'Israël et de Palestine, à plusieurs reprises, nous avons franchi ou longé ce que l'on appelle là-bas "le mur de la honte", qui est prévu pour serpenter sur plus de 700 kilomètres, dont les deux tiers ont déjà été édifiés, séparant inéluctablement familles et communautés humaines, terres et espérances.
Cette triste vision est sans doute l'une des réalités qui nous a le plus marqués.
Question lancinante : mais comment a-t-on pu en arriver là ?
L'on nous a expliqué que, depuis qu'il y avait le mur, il y avait nettement moins d'attentats en Israël. Peut-être ! Mais pourquoi y avait-il des attentats ?
On se heurte à deux logiques, à deux soit-disant "légitimités" : d'une part, les Juifs assurent que Dieu leur a donné cette terre ; d'autre part, les Palestiniens rappellent qu'en 1946, il n'y avait que 3% de Juifs qui habitaient sur ce territoire, et qu'ils n'occupaient que 3 à 6% de la superficie de la Palestine.
Et pourquoi les Juifs sont-ils arrivés et ont-ils pris cette terre ? Réponse du Rabbin Grunewald que nous avons rencontré : "le retour en nombre des Juifs est principalement dû aux nombreuses persécutions dont ils ont été victimes en Europe, et qui sont en grande partie responsables de leur arrivée sur ce territoire." Façon de dire : si cela vous déplaît, vous n'avez qu'à vous en prendre à votre histoire et à vous-mêmes, Européens, qui n'avez pas été capables de donner aux Juifs la place, le respect, la dignité, la paix qu'ils espéraient ; mais qui au contraire, les avez violemment incompris et rejetés, exterminés même.
En conséquence, grande douleur des Palestiniens, dont 70% sont devenus des réfugiés depuis la "nakba" (la grande catastrophe) : "en 1947, l'ONU a laissé faire, sinon organisé cette tragédie. Et on nous fait payer pour les souffrances des Juifs. 534 villages ont été occupés. Ceux qui ont fui sont rassemblés dans 59 camps depuis près de 70 ans, sans espoir d'en sortir, surtout pour les plus démunis. Et bien peu d'espoir pour les jeunes !"
Des Palestiniens nous ont dit : "La France ne reconnaît pas l'Etat palestinien ; elle nous répond toujours : "ce n'est pas le moment." Longtemps, l'Occident ne s'est pas intéresssé à la misère des Palestiniens ; il n'y en avait que pour les Juifs." Le P. Jamal Kader, responsable du grand séminaire latin de Jérusalem, nous a lui aussi renvoyé à nos responsabilités : "De nombreuses fois, nous avons essayé de faire réfléchir le Vatican, l'Eglise catholique de France, par rapport à ce que nous vivons, mais sans vrai réponse ni soutien jusqu'ici." Il nous a invités aussi à revoir notre théologie de l'ancien testament !
C'est d'ailleurs ce que nous avons fait, en consacrant toute une fin d'après-midi, à Jérusalem, à relire notre Bible, particulièrement le Deutéronome, très éloquent en effet, témoins ces deux citations parmi bien d'autres :
- Dt 7/13/26 : "Yahvé chassera ces peuplades devant toi. Il te les livrera et les mettra en fuite jusqu'à ce qu'elles aient disparu".
- Dt 8/1 : "Vous vivrez, vous vous multiplierez, vous entrerez dans le pays que Yahvé a juré à vos pères de vous donner, et il sera vôtre." (l'on trouve de très nombreuses citations semblables)
Mais, comme nous l'a fait remarquer le P. Kader : "Comment Dieu peut-il donner la terre des Palestiniens à un peuple juif ?" Un responsable Palestinien a aussi fait cette réflexion : "Dieu est-il un agent immobilier, pour distribuer ainsi des terres ?"
En même temps, la Bible est traversée de pistes diverses, qu'il vaut la peine de creuser et d'approfondir. Un exemple entre bien d'autres, ce texte du Lévitique 25/23 : "La terre ne vous appartient pas, elle appartient à Dieu."
Heureusement, l'on trouve des artisans de paix dans chaque "camp", depuis les Rabbins pour la paix en passant par tous ceux qui organisent rencontres et soutiens entre Israéliens et Palestiniens. Ce ne sont pas tous les Juifs qui sont des agresseurs, ni tous les Palestiniens qui fomentent des attentats.
Impossible d'épuiser cet immense sujet ! Mais tous ceux qui le peuvent sont invités au prochain Café-Théo qui aura lieu sur ce thème du Mur, le mercredi 25 mai à 20h, au Central-Bar, à Mortagne ; mais aussi, à la soirée ouverte à tous au Piment Familial, à Mortagne, où nous vous présenterons, photos à l'appui, la richesse de ce que nous avons découvert auprès de nos frères et soeurs d'Israël et de Palestine.
samedi 7 mai 2016
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.932 : "Construire des ponts et abattre des murs" (pape François, 6 mai 2016))
Publié par
Olivier Gaignet
à
16:00
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