Je vous transmets l'homélie que j'ai donnée les 9 et 10 janvier derniers, dans les églises d'Evrunes et Mortagne-sur-Sèvre
Je
voudrais profiter de cette fête du baptême du Seigneur pour mener avec vous une
petite réflexion par rapport au baptême.
Très
souvent des parents - quand ce ne sont
pas les grands parents !!! - viennent par exemple demander le baptême pour
leur fille de deux ans et souhaitent faire baptiser en même temps leur fils de
cinq ans. Ils ne connaissent pas le prêtre et ne viennent jamais à l’église. Ils
sont sans doute plus « déistes » que croyants, peut-être plus tournés
vers le Dieu « d’autrefois » qu’en lien vital avec le Christ Jésus
dans nos vies (?)
On
leur demande alors pourquoi ils désirent le baptême pour leur enfant.
Réponse : « Cela s’est toujours fait dans la famille, ça ne peut pas
lui faire de mal. »
Avec
l’équipe chargée de la préparation au baptême, on leur pose aussi la question
de l’éducation chrétienne de leurs enfants : « plus tard, ils
feront ce qu’ils voudront », nous répond-on. « Ils choisiront… »
Autre
question : « Qu’est-ce que c’est pour vous le baptême ? »
Réponse : « on verse de l’eau, c’est l’occasion de rassembler la
famille. »
L’écart
semble considérable entre ce que déclare vouloir célébrer l’Eglise et ce que
souhaitent ces parents. Comment réagir ? Faut-il répondre oui à toutes les
demandes, pour ne pas éteindre la mèche qui fume encore (pour reprendre la
célèbre expression d’Isaïe), ou être exigeant, au risque de rejeter des jeunes
couples et de donner une image exécrable de l’Eglise ?
La
réponse, le Pape François nous l’a donnée lorsqu’il a écrit ceci, dans son très
beau texte intitulé « la joie de l’Evangile » : « nous nous
comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce, et non comme des
facilitateurs. Mais l’Eglise n’est pas une douane ; elle est la maison
paternelle où il y a de la place pour chacun, avec sa vie difficile ».
En
tout cas, ces cérémonies de baptêmes, qui voient passer dans nos églises, en fin de
messe, des jeunes couples aux visages rayonnants, ne sont pas sans valeur. Elles sont l’occasion d’un contact vrai avec notre
communauté chrétienne, et vos applaudissements, chaque fois que des jeunes
couples présentent leurs enfants, remplissent leurs cœurs de bonheur ; car
ils se sentent attendus, accueillis, appréciés, aimés. Quelle belle image alors,
de notre foi, de vie en Eglise, de bonheur, nous leur donnons !
D’autre
part quand ces jeunes familles demandent le baptême, il faut d’abord apprécier
leur courage, de passer au presbytère. Entre parenthèses, merci aux personnes
bénévoles qui tiennent les permanences dans les presbytères et savent les recevoir.
La
démarche de ces couples a d’ailleurs un sens profond : elle exprime
quelque chose de la recherche de ces parents, qui souhaitent placer leurs
enfants sous une bonne étoile. Traduisons : « sous l’étoile du
Salut. »
Derrière
leur démarche, il y a aussi une adhésion, plus profonde que les apparences ne
pourraient le laisser supposer, au projet de Dieu sur l’humanité, un projet
d’amour universel ; une promesse de bonheur, une certaine ouverture à
l’absolu, à quelque chose de plus grand qu’eux.
La
preuve, c’est le soin qu’ils donnent à la préparation de la célébration du
baptême : le choix d’un bel évangile, de chants qui leur plaisent, et ils
mettent dans le coup des parrains et
marraines, souvent eux-mêmes bien peu habitués des églises, mais qui se trouvent
à y prendre la parole, à y faire une lecture, à découvrir et apprécier le
message de Jésus…
Vous
me direz : « Oui mais, après, on ne les voit plus à l’église.»
Et on sent une certaine amertume, alors, chez les grands parents, chez les
paroissiens… C’est compréhensible ! Et
pourtant cette attitude, marquée par la déception, ce n’est pas
l’attitude que Jésus attend de nous.
Témoin
ce que nous explique encore le pape François : « La communauté
ecclésiale doit savoir faire preuve d’une grande patience. Qu’elle ne reste pas
dans l’anxiété à cause de l’ivraie. » (c’est-à-dire, à cause de ce qui ne va
pas, à cause de ce qui n’évolue pas comme on le voudrait). Et le pape de
poursuivre : « N’ayons pas de réactions plaintives ou
alarmistes. Car il est certain que, dans
l’obscurité, commence toujours à germer quelque chose de nouveau, qui, tôt ou
tard, produira du fruit. »
Dernière
question, celle de ces enfants que leurs parents négligent de faire baptiser.
Alors, là encore, on s’alarme : « Que vont-ils devenir ? » Je laisse la réponse à ce grand théologien qu’est
St Thomas d’Aquin : «Dieu est un Père, qui saura toujours trouver les
moyens qu’il faut, même en-dehors du baptême, pour sauver ses enfants ! »
Et
rappelons-nous toujours (comme l’apôtre Paul l’explique à Tite dans la deuxième
lecture) que Dieu nous a tous sauvés, nous les pratiquants, mais aussi, toutes
ces jeunes familles en recherche, non pas à cause de nos propres actes, mais
par sa miséricorde, qui est infinie !
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire