Hier, plusieurs centaines de jeunes, volontaires, de l'institution Saint Gab' - St Michel, emplissaient la Basilique de St Laurent-sur-Sèvre à l'occasion de la messe célébrée en la fête patronale de cet établissement.
A la demande de plusieurs, je mets sur ce blog l'homélie donnée à cette occasion.
HOMELIE FETE
PATRONALE SAINT GAB - SAINT
MICHEL (29 sept. 2015)
Que disait la dernière phrase de
l’évangile que nous venons d’entendre ?
C’est Jésus qui déclare à ses disciples : « Vous verrez le
ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre », entre ciel et
terre.
Bon ! On veut bien croire en Jésus, mais jusqu’ici,
on n’a pas vu les cieux s’ouvrir, sauf dans les films de Harry Potter. Nul n’a aperçu non plus le va-et-vient des
anges du haut en bas de l’univers et vice-versa.
Pas étonnant, car Jésus employait
ici une image, qu’il nous faut relire au second degré. Dans vos études d’ailleurs, c’est une chose
que l’on vous apprend : à distinguer, dans ce que vous voyez ou ce qui
vous est présenté, ce qu’il faut lire au 1° ou au second degré.
Un
ange de Dieu, d’abord, ce n’est pas un être avec des ailes et des plumes,
mi-homme et mi-oiseau ; mais
l’image que l’on s’est fait de cet être mystérieux dont nous parlent les
Ecritures, planant au-dessus de nous, auprès de nous, pour nous apporter des
messages de la part de Dieu, pour nous protéger ; cette image est
symbolique de son action.
Pour être concret, le pape
François par exemple, n’est-il pas une image éclairante de ce que peut être un
ange ? Avec ses vieux brodequins
usagés, il a bien les pieds sur terre, il comprend les problèmes des gens
(réfugiés, homosexuels, divorcés-remariés…) ; et, en même temps, il plane
de nation en nation, de la plus petite (l’Albanie) jusqu’à la plus grande (les
Etats-Unis), délivrant à tous les humains qu’ils rencontre, croyants ou non, la
bonne nouvelle de la fraternité entre tous, la bonne nouvelle de la tendresse
de Dieu. C’est un ange de l’humanité !
Tel l’archange Gabriel annonçant
à la Vierge Marie qu’en elle, le salut des hommes est en route, François nous
annonce cette bonne nouvelle que Jésus veut aussi naître en chacun de
nous. Il nous révèle aussi que notre vie
a du sens, que nous avons un avenir, qu’il ne faut jamais nous décourager, que
chacun de nous, quel qu’il soit et quoiqu’il ait fait, est aimé de Dieu à
l’infini. Gabriel : celui qui
révèle les beaux secrets de Dieu !
D’ailleurs, dans le langage
courant, ne dit-on pas d’une personne qui nous a dépanné, qui nous a soutenu,
au moment d’un deuil ou d’un coup dur par exemple, que c’est un ange ?
2° - La bonne nouvelle, c’est aussi que nous
pouvons être guéris, compris, relevés de nos difficultés, de la même façon que
l’archange Raphaël a guéri Tobie, qui était aveugle. Rappelez-vous cette scène
célèbre de la Bible…
Je pense là au rôle irremplaçable
des enseignants et des éducateurs. Ce jeune me disant : « « Pour
moi, ce n’était pas facile de comprendre les choses, je me sentais inférieur,
pas très doué, moins que les autres ; mais le prof s’est bien occupé de
moi, et il m’a vraiment aidé à m’en sortir. »
Le sens du prénom Raphaël,
c’est : « Dieu guérit ».
Et, à travers l’attitude des enseignants, dont le rôle n’est pas toujours simple, c’est
la bonne nouvelle, pour chaque élève, pour chaque jeune, qu’il ne sera jamais
ni méprisé, ni mis de côté, ni laissé à lui-même.
Et si les enseignants étaient
tous des anges, en ce sens-là ?
Après tout, pourquoi pas ?
Hommage à vous, en tout cas, chers enseignants, éducateurs, ou engagés
dans les divers services de St Gabriel-St Michel ! Car, à travers votre
attitude, c’est la bonne nouvelle de la tendresse de Dieu pour tous, de cette
tendresse qui guérit et qui sauve, qui va se communiquer largement !
3° - Quant à l’Archange Michel, c’est, comme cela
a été évoqué dans la 1° lecture, celui qui lutte contre les Dragons,
c’est-à-dire, contre les anges de la mort, les anges noirs, les anges rebelles,
les plus redoutables de tous. S’il
fallait chercher une image, ce serait Daech aujourd’hui, en tant qu’exemple
frappant.
Et dans ce grand combat entre le
Bien et le Mal, il ne s’agit pas d’une guerre façon Star wars où, comme vous
l’avez remarqué, dans cette lutte intergalactique entre les empires qui
attaquent et contre-attaquent, il ne coule jamais une goutte de sang, ce à quoi
ont tenu les concepteurs de cette série. Mais dans la réalité, malheureusement,
il n’en est pas ainsi !
Parlons des victimes de
Daech ! Il y a 15 jours, le lundi 14 au soir, je ne sais pas si vous avez
eu l’occasion de voir, au journal de 20h, sur France 2, cet incroyable
reportage de Franck Genauzeau, qui a embarqué avec des réfugiés en Turquie, sur
un vieux rafiot pourri. Dès le départ,
on sent que le moteur peine énormément. Cela se passe en pleine nuit, pour éviter
les bateaux-patrouilleurs pouvant les refouler. A la simple lumière de la
caméra, l’on sent que les personnes embarquées sont terrorisées ! Une
énorme fumée acre se dégage du moteur, empêchant de respirer ; les bébés
pleurent, tous ont le mal de mer ; et puis, arrive le pire : l’arrêt
du moteur, que l’on n’arrive pas à redémarrer ! Plusieurs essayent de
téléphoner, mais les appels ne passent pas ; seul le téléphone cellulaire
du journaliste permet d’atteindre quelqu’un.
L’attente est longue ; mais,
tout à coup, tous feux éteints, voici que, dans la faible lumière de la caméra,
l’on aperçoit un grand yacht sortir de la nuit.
Un seul homme à bord. Il lance un filin sur le rafiot, puis le remorque,
à faible allure, jusqu’à la Grèce toute proche.
Face aux dragons du mal, face aux
anges de la mort, un ange de lumière a surgi de la nuit. Michel était là, en la
personne de son représentant : ce marin grec resté anonyme, qui a
simplement déclaré à l’arrivée : « Presque toutes les nuits, je suis
appelé ! » Parce que les
anges, c’est en permanence qu’ils sont là, qu’ils nous entourent, invisibles au
premier regard ; ils veillent sur nous, en tout lieu et en tout
temps ! Vous savez ce que c’est
qu’un ange, à présent !
Vous connaissez Jeff Buckley, et
cette chanson-phare de Leonard Cohen qu’il a popularisée :
« Hallelujah », que l’on entend souvent, entre autres lors des mariages
dans les églises. Dans l’une des strophes, il pose la question suivante :
« Il y a peut-être un Dieu là-haut ?… » En fait, Dieu n’est pas « en
haut » ; mais il est bien là, vivant au milieu de nous ; et à
travers les anges qui nous entourent, c’est bien lui que nous voyons !
A présent, chers amis, c’est à
vous de vous mettre à l’action, et tout au long de l’année qui vient ; à
vous de vous comporter comme des anges de la fraternité, comme des porteurs de
bonnes nouvelles, comme des témoins de la tendresse de Dieu pour tous ceux que vous êtes appelés
à côtoyer.
Avec cette triple mission :
comme Gabriel, révéler aux autres que leur vie a un sens important ; comme
Raphaël, contribuer à soulager, à guérir les autres de leurs souffrances ;
et comme Michel, combattre le mal et faire triompher, comme le fait le pape, le
bonne nouvelle de la tendresse de Dieu !
Alleluia ! Hallelujah !