La semaine a été très forte en événements, les uns heureux, les autres bien lourds ! J'aurais aimé faire un billet à propos de la magnifique encyclique du pape François sur l'écologie ; et aussi, suite aux horribles attentats qui ont ensanglanté cette fin de semaine ; mais le temps m'a manqué...
En contrepartie, je me permets de vous partager l'homélie que j'ai donnée ce matin sur la paroisse.
Mais c'est bien à chacun de nous de mener sa propre réflexion, à la lumière de la Bible.
Homélie du 28 juin 2015, à Mortagne-sur-Sèvre (13ème Dim. du temps ordinaire)
Au
début de la semaine qui vient de s’écouler, en pensant à l’homélie de ce
jour, je me suis dit : impossible de ne pas évoquer la toute récente
encyclique du Pape François sur l’écologie.
Puis, ce
vendredi, dans la même journée, nous avons appris les attentats en Tunisie (38
morts), au Koweit (26 victimes), et un horrible assassinat en France.
Impossible de vivre cette Eucharistie sans évoquer tout cela, surtout lorsque la 1ère
lecture nous dit que Dieu n’aime pas la mort ! Mais alors, que fait-il, quand
la mort semble menacer notre humanité ?
Certains
vont peut-être penser : mais pourquoi revenir sur tous ces évènements ? On
ne vient pas à la messe pour entendre commenter les news dont on nous serine
déjà la tête en permanence avec la télé…
Sauf que
Jésus, lui, quand il s’adresse à ses contemporains, le plus souvent, repart de
ce qu’ils vivent pour les aider à voir plus clair dans leur existence et à
avancer.
Par
exemple, il n’a pas fait de sermon à la femme qui a touché son vêtement, mais
il l’a guérie. Etait-ce une pratiquante, était-elle pieuse, sa vie morale
était-elle irréprochable ? On n’en sait rien, et cela ne nous intéresse
pas. St Marc nous révèle seulement qu’elle
était malade, et que c’était une femme qui avait des pertes de sang depuis
douze ans… Je me suis dit : mais, c‘est peut-être le symbole de notre
humanité, ensanglantée depuis des années, et qui ne sait plus vers qui se tourner,
qui toucher pour trouver la guérison.
L’Evangile
nous précise que cette femme avait beaucoup souffert du traitement de nombreux
médecins, et que son état avait empiré. De la même façon de tels mauvais
médecins ne manquent pas au chevet de notre humanité : tous ces chefs
d’Etat incompétents qui ne pensent qu’à leur trône ou à leur réélection, ces banques mondiales, ces
institutions internationales qui n’arrivent à gérer ni la faim dans le monde, ni
la torture dans trop de pays, ni la lutte contre le terrorisme, ni l’égoïsme de
leurs peuples face à l’accueil des migrants nos frères…
A ce
stade de notre réflexion, je ne peux m’empêcher de faire appel à la mémoire de
ces hommes d’Etat irréprochables qui ont fondé l’Europe : l’italien Alcide
de Gasperi, le paysan hollandais Sicco Mansholt, le belge Paul-Henri Spaak, les
français Robert Schuman et Jean Monnet, le britannique Winston Churchill,
partisan des Etats-Unis d’Europe, l’allemand Konrad Adenauer, et j’en oublie...
Nombre d’entre eux, d’ailleurs, étaient profondément croyants, et l’esprit de l’Evangile
sous-tendait leur action.
Mais relisons notre actualité à la lumière
de cette scène d’Evangile ; reprenons le récit de Marc : « Et
la femme, saisie de crainte et toute tremblante, vint se jeter aux pieds de Jésus. » Cela nous représente bien, nous qui
tremblons, en effet, avec nos frères Tunisiens, avec les musulmans pieux et
pacifiques du Koweit assassinés dans une mosquée alors qu’ils étaient aux pieds
du Dieu unique eux aussi, en train de
prier, comme l’a fait cette femme.
Et puis,
mêlée à ce 1° fait, il y a aussi la seconde histoire, celle de la fille de
Jaïre. On peut, de la même façon, tirer des leçons de cette 2ème
scène, par rapport à notre actualité. Je pense à l’encyclique du Pape,
l’objectif de François étant de ressusciter la planète qui est en train de
périr, apparaissant trop souvent comme déjà morte, comme cette jeune enfant.
Relisons
cette scène. « Arrive un chef
de la synagogue, nommé Jaïre ».
Traduction : « Arrive
le chef de la nouvelle synagogue, le chef de l’Eglise, nommé François ».
Retour à
l’Evangile : « Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie
instamment ».
Traduction-interprétation :
« Voyant Jésus, François lui dit, page 139 : « Avec ta
gloire de Ressuscité, Seigneur, saisis-nous,
pour protéger toute vie ; les pauvres et la terre t’implorent !»
Cette phrase de François ne ressemble-t-elle pas à la
phrase de l’Evangile où JaÏre demande à Jésus : « Ma fille ( = cette
terre) est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains, afin qu’elle
soit sauvée et qu’elle vive ! »
Autrement dit, que cette terre puisse revivre, autrement !
Je continue
l’Evangile : « Des gens arrivent chez Jaïre et lui
disent : ta fille vient de mourir, à quoi bon déranger le
Seigneur? »
Eh oui, quand certains veulent sauver la planète, il y
a plein de gens qui nous maugréent : « A quoi ça sert de
faire quelque chose ? De toute
façon, c’est trop tard. »
D’autres
disent : « Pas la peine de prier Dieu, ça ne sert à rien… » Alors que, au contraire, au Koweit et
ailleurs, il faut que les musulmans modérés continuent de supplier Dieu de
guérir le cerveau de ces jeunes, soi-disant islamiques, qui ont perdu la raison… Et c’est aussi le sens de notre prière, à
nous chrétiens, ce matin.
D’autre part, quand
Jésus a dit : « La jeune fille n’est pas morte »,
l’Evangile nous révèle ceci : « On se moquait de lui. »
De même que certains
se sont moqués du Pape, aux USA par exemple, certains conservateurs trouvant
assez irréalistes ses propositions par rapport à un ralentissement de la
croissance. Ainsi, je n’en ai pas cru
mes yeux lorsque j’ai lu qu’un animateur-vedette aux Etats-Unis, Michael
Savage, choqué par la remise en cause sévère du pape de l’ultralibéralisme et
du gaspillage mondial, a déclaré : « Le pape est un marxiste, c’est
un loup écologiste déguisé en pape, un marxiste en habit religieux. » Incroyable !
Mais chez nous aussi, en France, de
nombreux chrétiens se refusent à suivre les appels angoissés du pape à mieux
accueillir les migrants dans notre Europe, vieille, il est vrai, dé-spiritualisée
et fatiguée.
Et pourtant, quand
Jésus déclare, en saisissant la main de la jeune fille : « Talitha
koum », ce qui signifie : « Jeune fille, lève-toi», c’est comme quand François prend toute
l’humanité par la main, pour tenter de la remettre debout, au nom du Christ.
Car tel est bien le rôle de L’Eglise aujourd’hui,
comme jadis de Jésus : envers et contre tout, au-delà des attentats comme
des destructions des forêts et du climat, rappeler à tous qu’il ne faut laisser
ni à la mort, ni au pessimisme, le dernier mot.
Mais entonner pourtant, comme l’a fait hier le
président Obama, devant toutes les télés du monde, lors de la cérémonie en
mémoire des personnes victimes de la tuerie de Charleston, entonner avec
espérance le célèbre cantique de foi en la Résurrection, « Amazing
Grace », que nous avons coutume de chanter nous-mêmes, au cours de nos
eucharisties, et que nous pouvons reprendre avec ferveur à présent, en lien
avec ces Protestants américains :
«Gloire
à toi, qui étais mort, Gloire à toi, Jésus,
Gloire
à toi, qui es vivant, Gloire à toi !
Gloire
à toi, Ressuscité, viens revivre en nous,
Aujourd’hui,
et jusqu’au dernier jour ! »
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