Nous sommes nombreux, je pense, à ne pas pouvoir prendre notre parti de l'absence presque totale de la tranche des moins de 50-60 ans dans nos liturgies.
Bien sûr, la persévérance des plus âgés est magnifique ! Mais eux aussi souffrent de ce grand vide.
Cependant, une fois qu'on a dit ça, qu'est-ce qu'on fait ? On continue comme avant, en célébrant, en invitant à la prière comme on l'a toujours fait ? En se contentant de reproduire indéfiniment un style de cérémonies bien cadrées depuis toujours ? Alors, ne soyons pas surpris de voir nos églises se vider !
On entend dire parfois : "si les jeunes ne viennent plus, c'est qu'ils manquent de courage, qu'ils ne savent pas prendre le temps, donner du temps à Dieu ; ou parce qu'ils perdent la foi, ou sont trop pris par leurs activités et leurs loisirs." En gros, s'ils ne viennent plus, c'est de leur faute, et ce serait à eux de faire un effort pour revenir vers nous, vers notre liturgie telle que nous la souhaitons.
Cependant, cela paraît un peu court, et faire preuve de bien peu de considération par rapport aux jeunes d'aujourd'hui ! Les abonnés à l'édition vendéenne de "Ouest-France" ont peut-être repéré, ce lundi 17 novembre, en page de La Roche-sur-Yon, l'interview de Benjamin Pouzin, fondateur du groupe pop "Glorious". Je me permets d'en citer une brève partie :
A la question du journaliste lui demandant : "Vous avez souffert d'offices trop tristes ?" Benjamin répond ceci : "Vous savez, les gens ne quittent pas l'Eglise pour des questions de morale ou de société, mais parce que les célébrations sont moroses. Au lieu de célébrer Dieu, on ressent des rites fermés sur eux-mêmes, où l'on distribue des leçons de morale. Il ne faut pas alors s'étonner que les églises se vident. Nous avons souhaité vivre notre foi incarnée de manière culturelle et contemporaine. L'Eglise n'est pas un lieu déconnecté."
Dans le reste de l'interview, Benjamin explique que le cardinal Barbarin, à Lyon, a soutenu leur démarche, en leur confiant une église, sainte Blandine, et en leur demandant de la faire vivre. Résultat : 130 personnes la fréquentaient auparavant ; aujourd'hui, elle accueille le dimanche deux messes de 800 personnes ! Benjamin de conclure : "il y a une adhésion des familles !"
Vous allez me dire : "mais que répondre à ceux qui trouvent que rien ne doit bouger ?" Là encore, comme je le disais dans le billet précédent, l'on a oublié notre histoire ! Je voudrais donner la parole au P. Christian Salenson, spécialiste des sacrements : "Savez-vous qu'au Moyen-Age, on répandait de la paille autour du choeur des sanctuaires de pèlerinage pour permettre aux voyageurs de s'y étendre et de dormir ? L'église a longtemps été considérée comme la maison du peuple, ouverte à tous. Relisons les Pères de l'Eglise : les messes ont toujours été animées. Au cours de la nuit de Pâques, saint Augustin raconte qu'il devait frapper le sol de son bâton pastoral pour contenir les applaudissements de la foule et ramener le calme dans l'église. La joie se manifeste parfois bruyamment. Au VI° siècle, saint Césaire d'Arles dut, lui, composer avec la faconde des Arlésiennes. Déjà, à l'époque, on papotait pendant la messe. A mes yeux, les débats actuels dénotent une vision aseptisée de la messe. Mais si nous perdons le sens du peuple, nous commençons à perdre celui de l'Eucharistie.. Or, l'assemblée du dimanche, c'est celle du Royaume de Dieu. N'oublions jamais que les enfants, tout comme les prostituées, nous y précèdent. En tenant des discours excluants, nos célébrations risqueraient de devenir un rendez-vous d'une poignée d'élus, si possible aux cheveux blancs, vêtus et parfumés comme il faut. Et il s'en trouverait encore pour s'étonner que les jeunes désertent l'Eglise..."
Celui qui a des oreilles pour entendre...
mercredi 19 novembre 2014
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.814 : Pourquoi si peu de jeunes générations dans nos liturgies ?
Publié par
Olivier Gaignet
à
18:56
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