Lorsque, il y a exactement 60 ans, en 1953, Mgr Arnaud, chargé du recrutement des séminaristes sur le diocèse, m'avait demandé si je voulais devenir prêtre, étonné, je lui avais répondu, à sa grande déception, que je voulais être "cultivateur", comme mon père. Puis, l'avenir en a décidé autrement, mais j'ai toujours pensé, à son exemple, que la terre devait être "cultivée", et non "exploitée". Tel était d'ailleurs le thème de notre rencontre d'équipe hier soir, chez un couple d'agriculteurs engagé dans ce qu'on appelle les "techniques culturales simplifiées" (TCS), ou encore, "techniques de conservation des sols".
Hou la la, dans quoi je me lance ? Patiemment, Jean-Michel et son épouse nous ont expliqué comment ces méthodes amènent les agriculteurs à repenser le sol comme un élément fondamental "vivant", dont l'équilibre est fragile, plutôt que comme un simple support. Le sol en effet n'est pas une matière morte, que l'on peut labourer sans dommage de plus en plus profond, ce qui détruit l'humus, si utile pourtant, tout en augmentant l'érosion. Il est bien préférable, en effet, de laisser dans les champs les débris végétaux, chaumes et pailles, pour limiter l'érosion des sols. Cela favorise d'ailleurs le développement de multiples petites bestioles, particulièrement les vers de terre, qui ameublissent la terre à la place de l'agriculteur ; tandis que l'eau ruisselle moins. Le sol redevient alors un écosystème vivant et riche en matière organique (humus).
Au moment des semis, il faut aussi respecter le plus possible la vie des sols. Pour cela, nous a expliqué Jean-Michel, il a été créé des semoirs adaptés qui, en un seul passage, ouvrent le sol très localement, de façon peu profonde, déposent la graine et l'engrais dans cette ligne de semis, puis la referment. Cet unique passage remplace la suite de passages préalables de charrue, grille, semoir, rouleau, épandeur à engrais... Cela limite fortement la consommation de carburant et nécessite un investissement beaucoup plus faible en matériel, tout en diminuant largement la fatigue de l'agriculteur et le nombre de ses heures de travail.
Cette technique séduit peu à peu un certain nombre de paysans français ; elle est pratiquée déjà à grande échelle et avec succès, en Amérique du Nord, au Brésil (50%), en Australie et ailleurs. Il s'agit, non plus d'exploiter la terre ni de la blesser ou de la malmener, mais de la cultiver, en la respectant.
En fin de rencontre, nous avons médité ce passage de l'Apocalypse 7/3, que nous lirons lors de la messe de la Toussaint, et dont je vous donne diverses traductions tout à fait éloquentes, donnant écho à l'appel de Dieu par rapport à sa Création : "Gardez-vous de nuire à la terre, à la mer et aux arbres" (le Nouveau Testament commenté, Bayard, et aussi la TOB), "Ne maltraitez pas la terre ni la mer ni les arbres" (Nouvelle traduction de la Bible, Bayard), "Ne frappez pas la terre ni la mer ni les arbres" (la Bible des peuples), "Attention ! Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres" ((La Bible en français courant), "Ne malmenez pas la terre, la terre et les arbres" (Bible de Jérusalem), "Ne ravagez ni la terre ni la mer ni les arbres" (ZeBible). Impressionnbant ! Et l'on pourrait continuer...
Nous avons lu et médité aussi le message du pape François sur la question de l'environnement, en date du 5 juin 2013, avec des phrases telles que celles-ci : "Que signifie cultiver et garder la terre ? Cultivons-nous et gardons-nous vraiment la création ? Ou bien est-ce que nous l'exploitons et nous la négligeons ? Le verbe "cultiver" me rappelle à l'esprit le soin que l'agriculteur prend de sa terre afin qu'elle porte du fruit et que celui-ci soit partagé..." Allez lire la suite de ce beau message sur le Net !
mercredi 30 octobre 2013
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.724 : Cultiver la terre, ou l'exploiter ?
Publié par
Olivier Gaignet
à
11:22
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