L'impression générale laissée par François me semble assez bien résumée par cette remarque du métropolite Emmanuel, du Patriarcat de Constantinople : "Nous avons été surpris par le nouveau style introduit dans la papauté, une approche beaucoup plus humaine encore que celle jamais perçue au Vatican, même avec Jean XXIII, Paul VI et leurs successeurs."
Il y a huit jours, Etienne, le responsable de la rédaction du journal "L'Écho de l'Ouest" pour la Vendée, m'a demandé de donner mes impressions. Je lui ai envoyé l'article ci-dessous, paru hier dans ce journal. Je le redonne ici à l'attention de ceux qui ne sont pas abonnés, et c'est leur grand tort, à "L'Écho de l'Ouest". Je signale cependant que mon article a été écrit dimanche dernier 17 mars ; des choses ont pu évoluer depuis.
samedi 23 mars 2013
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.651 : Bergoglio : "la main de Dieu" !
BERGOGLIO :
LA MAIN DE
DIEU !
Jorge Bergoglio, en tant que
passionné du ballon rond, ne nous en voudra pas d’utiliser l’expression fétiche
de Diego Maradona, « la main de Dieu », pour souligner que seul
l’humour divin pouvait faire que, d’après les bruits de couloir, aux environs de 90 cardinaux sur 114, et le plus souvent
conservateurs, fassent de ce cardinal argentin, âgé et fragile, mais si humble
et si humain, notre grand frère à tous !
Dans le journal « Le
Monde » daté du 17 mars, deux photos significatives et sortant un peu de
l’ordinaire des pompes vaticanes, à propos de ce grand-frère : en première
page, François nous est montré en train de régler sa note à l’hôtel où il a
séjourné durant les congrégations préparatoires au conclave ; tandis qu’en
page quatre, il nous est présenté, une fois élu, assis dans un minibus du
Vatican en compagnie de quelques cardinaux, après avoir refusé d’utiliser la
mercedes papale qui lui était affectée.
Notre société est peut-être avide
d’images sensationnelles ; mais elle est capable aussi d’être sensible aux
signes qui ne trompent pas. Et l’attrait actuel des médias pour cet évêque de
Rome d’un style si évangélique fait honneur aux capacités insoupçonnées de
renouvellement de notre Église, quand elle se laisse fouetter enfin par
l’Evangile ! Cet intérêt d’ailleurs
dépasse sans doute de très loin le simple fait religieux, tant nos
contemporains sont en attente d’une Église toujours plus proche de ce qu’ils
pensent être, à bon droit, le désir du Christ !
Par-delà les médias, je trouve
très édifiante aussi la réaction de plusieurs dirigeants à travers la planète.
Ainsi, quand la première ministre australienne, Julia Gillard, ouvertement
athée, a salué l’élection « historique » d’un pape du « Nouveau
Monde » ; tandis que la présidente du Brésil, Dilma Rousseff,
souligne que tous les Brésiliens l’attendent « avec impatience » à
Rio de Janeiro pour les JMJ en juillet prochain. Sans oublier que c’est un
musulman qui est le premier responsable politique d’un pays à l’inviter officiellement
sur son territoire, en la personne de Mahmoud Abbas, le président palestinien.
Pour des millions d’hommes et de
femmes en tout cas, du Nord comme du Sud, les premiers pas, les premiers gestes
de François, comme auparavant sa façon de vivre et de se situer en tant
qu’archevêque de Buenos-Aires, ont fait se lever une immense espérance.
« Finie, la vieille Église obscurantiste », comme me le disait un
paroissien, à la sortie de la messe du 17 mars, en poussant un grand
« ouf » de soulagement. Nous commencions tous en effet, prêtres,
diacres, religieux, religieuses et laïcs, à étouffer et à nous demander si
notre Église n’allait pas définitivement, de gaffes en scandales et de retours
en arrière en multiples incompréhensions, s’écarter du beau chemin de
l’Evangile !
Tout cela m’a fait repenser au
geste si symbolique de Jean XXIII ouvrant en grand les fenêtres de son bureau
papal, alors que quelqu’un venait lui demander à quoi allait bien servir ce
soi-disant Concile qu’il voulait lancer.
En tout cas, ce dimanche 17 mars,
en début de messe, lorsque j’ai demandé à Saint Laurent-sur-Sèvre, dans une
basilique archicomble, aux personnes présentes si elles étaient heureuses de
l’arrivée de François à Rome, une très chaude salve d’applaudissements a retenti.
Les chrétiens ne sont pas fous ! « C’est une émotion énorme »,
m’a dit l’un d’eux. « Je n’y
croyais plus », m’a avoué un autre. Tous ont compris, en un instant, que
quelque chose était en train de bouger, que l’Evangile revenait enfin au
premier plan.
Pensez donc : un cardinal
que, dans son diocèse, l’on appelait par l’un de ses prénoms : Mario, ou
Padre Jorge, ou tout simplement : Bergoglio ! Pas question, paraît-il, de lui donner du
« Monseigneur » !
J’hallucine !!! Cela est-il
vraiment possible ? De même, à
Rome, il semble qu’il refuse de s’encombrer de dentelles pour son habillement
liturgique. Au diable évidemment les trop célèbres mocassins rouges ! La
chasuble qu’il portait ce dimanche 17, en tout cas, était toute simple et très
sobre en ornementation.
Et quand, à la sortie de la
messe, sous les yeux effarés du service d’ordre, François s’est offert un bain
de foule, tout à coup, il a fait la bise à une jolie jeune femme ; je n’en
suis pas revenu ! Le journaliste de la télé a fait alors cette
remarque : « il est sorti dans la rue comme un curé ! »
Très belle comparaison, et très touchante, qui honore profondément les curés de
base que nous sommes, loin des cérémonies surannées et en phase avec nos
paroissiens ! De quoi nous redonner
un grand bonheur dans notre sacerdoce !
Décidément, comme l’a fait
remarquer un prêtre romain, le Père Angelo : « A Rome, l’air est en
train de changer ! » Eh bien,
cher Père Angelo, sachez que ce grand courant d’air pur est déjà arrivé aussi
chez nous : l’air du grand large, l’air de l’Evangile, l’air de l’espoir
et de la fraternité. C’est comme si le Christ était en train de revenir parmi
nous, ainsi que je l’ai exprimé lors des homélies de ce dimanche 17 mars.
Une dernière remarque :
avez-vous vu cette vidéo qui circule sur internet et qui montre le cardinal
Bergoglio au cours d’une messe, arpentant le devant de l’autel avec un micro et
interpellant les fidèles durant son homélie ? Une façon de faire qui lui vaudra sans doute
les critiques des franges catholiques les plus attachées à une liturgie
classique et figée. Un François un peu
cool dans sa façon de se comporter cependant, cela sera peut-être plus
difficile à accepter par certains, qui vont craindre que son attitude ne
« désacralise » la fonction de pape… Mais Jésus était-il
sacralisé ?
Notre souhait à tous : que
François reste ce qu’il a toujours été, et qu’il continue de nous surprendre
ainsi, et de nous entraîner à la suite du Christ, avec nos sœurs humilité et
simplicité, pauvreté et liberté, fraternité et compassion, joie et
beauté !
Merci au Christ, merci au peuple
argentin et à son Église, merci les cardinaux-électeurs, merci aux
journalistes, merci François !
Publié par
Olivier Gaignet
à
09:45
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