Je venais à peine d'arriver dans cette nouvelle paroisse, quand plusieurs sépultures se présentent. Les familles demandent la messe ; j'accepte, sauf pour une, devant me trouver alors à La Roche-sur-Yon pour une obligation importante. Et personne sur place pour assurer cette messe, alors qu'auparavant, sur la paroisse, ils étaient deux prêtres ; et à deux, on peut toujours s'arranger... Pas facile à comprendre pour la famille, qui se sent incomprise et lésée ; très douloureux pour l'entourage et les enfants ! En-dehors de la famille, dans la population paroissiale, l'incompréhension est grande : le nouveau prêtre ferait-il des faveurs à certains ? Pourquoi la messe à celui-ci et pas à celui-là ? L'équipe chargée de l'accompagnement des familles en deuil se coupe en quatre pour essayer de faire comprendre la situation aux paroissiens : il n'y a plus qu'un prêtre, il peut avoir des obligations, mais il est possible aussi d'avoir de belles cérémonies, de la même valeur, avec des laïcs. Je les admire ! Ils ont du courage et du mérite ; mais ce n'est pas facile à expliquer : il y a toujours eu tant de prêtres dans le Nord-Vendée... Et une sépulture sans messe, est-ce une vraie sépulture ? Surtout quand les personnes "méritent" la messe, ainsi que beaucoup le pensent !
Mais revenons à notre sépulture. Ne pouvant assurer la messe, je suis allé au funérarium, afin de rencontrer la famille. Je croyais me faire incendier, mais, pas du tout : l'accueil a été très correct. Nous avons échangé, aimablement ; puis, peu à peu, nous avons vécu un très beau temps de partage et de prière. J'ai admiré cette famille, qui a compris et accepté la situation. Je leur ai redit que les personnes qui conduisent les sépultures font cela de façon remarquable, et je suis parti.
La famille a préparé la cérémonie avec des laïcs : tout s'est bien passé. Mais surtout, la sépulture elle-même s'est fort bien déroulée, et tous ont apprécié. Quelques jours plus tard, tout à fait par hasard (mais le hasard existe-t-il ?), je rencontre la famille. Leur réaction, quand j'ai demandé si tout s'était bien passé : "On ne pensait pas que ce serait comme ça !" Ils étaient tout à fait enchantés ! Et pourtant, c'était une laïque qui avait conduit la cérémonie, sans messe, évidemment ! Je rends aujourd'hui hommage à cette famille, qui a su comprendre la situation, et aux laïcs qui accompagnent les familles en deuil : une fois de plus, par leur bel accompagnement, ils ont donné une très belle image de l'Eglise. De plus, le dimanche suivant, la famille était, comme chaque fois qu'il n' y a pas eucharistie à la sépulture, invitée à la messe dominicale, célébrée à l'intention de la défunte, dont le nom a été prononcé en début de cérémonie, tandis que l'on déposait sur l'autel une bougie en son souvenir.
Tout cela pour dire que quelque chose d'autre est sans doute possible, dans notre Nord-Vendée ! Je redis souvent cette phrase de ma tante Thérèse, qui va sur ses 94 ans : "Tu as tellement à faire ! Ne t'inquiète pas ! Le jour venu, je peux très bien me faire enterrer par des laïcs, homme ou femme : ils font cela si bien ! Ce n'est pas la présence du prêtre qui me fera entrer plus tôt au ciel." Merci à toutes et tous de votre compréhension !
samedi 13 octobre 2012
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.536 : "Je ne pensais pas que ce serait comme ça !"
Publié par
Olivier Gaignet
à
22:10
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