J'ai déjà assuré plusieurs sépultures sur la paroisse, depuis mon arrivée. Juste avant l'une d'entre elles, sur le parvis extérieur de l'église, j'échangeais avec les enfants de la défunte ; ceux-ci me firent savoir alors que l'un des enfants n'était pas là : en effet, le matin même, la jeune maman venait d'accoucher d'un bébé, une petite fille, et l'on comprend que le papa soit resté auprès d'elle en un tel moment. Mais, outre le fait que cette enfant arrivait au moment même où sa mamy entrait dans la vie qui ne finit pas, comme une façon d'affirmer que la mort ne pourrait jamais avoir le dernier mot, le plus étonnant, c'est le superbe prénom donné par les parents à leur enfant : Espérance ! Tout un programme, véritablement ! Facile, ensuite, au cours de la cérémonie, de relever ce qui était bien plus qu'une coïncidence, comme une véritable victoire de la vie et un beau défi face à l'avenir.
Comme moi sans doute, vous pensez à Charles Péguy, j'en suis sûr, et à sa "petite Espérance" ! J'ai plaisir à relire et à méditer avec vous ce superbe extrait du "Porche du mystère de la deuxième vertu", dont je vous cite quelques-unes des merveilleuses lignes :
"L'espérance.
La foi que j'aime le mieux, dit Dieu, c'est l'espérance.
La foi, ça ne m'étonne pas, ça n'est pas étonnant.
J'éclate tellement dans ma création.
Mais l'espérance, dit Dieu, voilà ce qui m'étonne.
Ca, c'est étonnant, que ces pauvres enfants voient comment tout ça se passe aujourd'hui,
et qu'ils croient que ça ira mieux demain matin.
Ca, c'est étonnant, et c'est bien la plus grande merveille de notre grâce.
Et j'en suis étonné moi-même.
Il faut en effet que ma grâce soit d'une force incroyable,
et qu'elle coule d'une source et comme d'un fleuve inépuisable.
La petite espérance s'avance entre ses deux grandes soeurs,
et on ne prend seulement pas garde à elle.
Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le chemin raboteux du salut, sur la route interminable, sur la route entre ses deux soeurs, la petite espérance s'avance.
C'est elle, cette petite, qui entraîne tout.
Car la foi ne voit que ce qui est,
et elle, elle voit ce qui sera.
La charité n'aime que ce qui est,
Et elle, elle aime ce qui sera.
La foi voit ce qui est dans le temps et dans l'éternité.
L'espérance voit ce qui sera dans le temps et l'éternité."
Ah ! Si chacun pouvait s'appeler "Espérance" !
Même en deuxième, ou troisième prénom !
"Cette petite fille de rien du tout,
Ainsi une flamme tremblante,
Elle seule conduira les Vertus et les Mondes."
mardi 25 septembre 2012
Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1524 : "La petite Espérance" (Charles Péguy)
Publié par
Olivier Gaignet
à
20:17
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