Parmi les douleurs les plus terribles qui peuvent vous affliger, il y a celle que me confiait une dame récemment : sa mère, avec laquelle elle avait toujours entretenu de magnifiques et si riches relations, vient de plonger peu à peu dans un état tel qu'elle ne reconnaît plus ses enfants ! Mais comment cela est-il possible, se demande-t-on alors avec angoisse ? Qu'est-ce qui peut conduire à un tel état ? Cette maman aurait-elle "perdu la tête" ? Mais l'on évacue au plus vite de notre esprit une telle éventualité ! Il n'est pas possible que la maman que l'on a connue si gaie, si aimante, si ouverte, nous soit devenue aujourd'hui si étrangère et si différente ! Cela semble en effet comme une atteinte profonde à son humanité, l'être humain se définissant par ses liens à autrui... Justement, cette dame m'expliquait qu'elle et ses frères et soeurs tentaient de garder le contact envers et contre tout ; jusqu'au bout, leur maman demeure partenaire à part entière d'une communication dont ils essayent ensemble de trouver le code : se situer ainsi vis-à-vis d'elle pouvant contribuer à sauver son humanité profonde, qui elle, est toujours là.
Médecins et soignants leur font des explications savantes, avant de conclure qu'ils ignorent la cause, ou les causes, multiples, de tels troubles. L'approche est donc complexe, et l'on en est réduit à lutter contre des symptômes, puisque l'on n'en connaît pas les causes. D'ailleurs, plutôt que de lutter contre la maladie, il va falloir apprendre à vivre avec elle et avec la personne touchée, en l'occurrence, la maman. Et cela ne peut passer que par le souci du maintien d'un lien de qualité avec elle, avec, me disait cette dame, l'objectif de découvrir, au jour le jour, de quoi peut être fait le bien-être de cette maman.
En entendant cette personne me dire que, malgré les apparences, elle continuait de croire en la pleine humanité de sa maman, je me disais qu'il y avait là un superbe acte de foi et d'amour, de ceux dont notre société actuelle a tant besoin. Un tel style de regard nous interpelle en effet, nous rappelant que, comme nous le chantons parfois un peu rapidement et naïvement, que "tout homme est une histoire sacrée, l'homme est à l'image de Dieu" ; et cela, y compris dans les circonstances les plus extrêmes ! Mais notre conscience d'homme nous invite à nous comporter ainsi, "pour éviter et prévenir l'instant de l'inhumanité." (Lévinas)
Quant à moi, j'ai remercié cette dame de me l'avoir rappelé !
dimanche 8 juillet 2012
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.487 : "Ma mère ne me reconnaît plus !"
Publié par
Olivier Gaignet
à
08:29
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