Aujourd'hui, Fête-Dieu, fête du Saint Sacrement, fête du Corps et du Sang du Christ ; on pourrait aussi définir la fête de ce jour comme la fête de la Personne (corps) et de la Vie (sang) du Christ sans doute. Car le mot "corps", pris au sens littéral de chair et de muscle, pourrait sembler restrictif ; bien entendu, il ne s'agit ni de "chair" au sens matériel, ni de sang rouge simplement, que l'on pourrait avaler et digérer de façon physique seulement. Le sens du corps et du sang du Christ est beaucoup plus profond ! Car Jésus ne nous est pas accessible par des voies physiques, comme s'il devait passer par l'estomac ou autres... On ne mange pas le Christ, on ne digère pas le Christ ! Mais en allant communier, nous allons à sa rencontre et, alors, à travers l'hostie, de façon mystérieuse, mais non magique, il traverse les murs de notre péché, de notre corps, de notre esprit, pour venir habiter en nous, pour entrer en relation avec nous, pour devenir, au plus profond de notre être, le ferment qui divinise et qui nous transforme en lui.
Le Christ, en se présentant comme une nourriture et un breuvage, nous signifie en tout cas qu'il est pour nous un besoin absolument élémentaire, tout à fait premier, et il nous montre que, réciproquement, notre consécration à lui est totale, aussi totale que la relation de l'homme à la nourriture : qu'est-ce qui est plus urgent que manger et boire ? Le Christ, besoin élémentaire ; la faim du Christ, appétit premier ! En sommes-nous conscients, nous qui communions si fréquemment, et peut-être par habitude trop souvent ?
Voici une réflexion entendue ces jours-ci, de la part d'un chrétien plutôt pratiquant : "Dimanche, j'avais plein de choses à faire ; pas le temps d'aller à la messe, mais je suis quand même allé acheter du pain. Puis, tout à coup, je me suis dit : "Tu sacrifies la messe, mais pas la boulangerie ! Voilà que tu te prives de celui qui a donné sa vie pour toi !" Question : quel type d'existence va être la nôtre, si nous nous privons de nourrir notre coeur de la Personne (corps) et du Sang (vie) du Christ, alors que nous en avons et la connaissance, et la possibilité ? Une existence rabougrie, au rabais, forcément ; faisant confiance à nos faibles forces seulement. Pas étonnant alors si tant de choses, de personnes, de faits nous semblent lourds, pénibles et fatigants !
Vous connaissez l'histoire de cette jeune Juive, Magda Hollander-Lafon ; tandis qu'elle se trouvait à Auschwitz, l'été 1944, en sortant du baraquement, une mourante lui fait signe et lui murmure qu'elle doit vivre pour raconter au monde. Et lui glisse quatre bouts de pain moisi : "Prends. Tu es jeune, tu dois vivre pour témoigner de ce qui se passe ici ; tu dois le dire, pour que cela n'arrive plus jamais dans le monde." Magda explique : "Sa voix était à peine audible. Même plus un corps, juste une silhouette. J'ai mangé devant elle."
Prends et mange, et tu vivras : tel est encore pour nous l'appel de la Personne et de la Vie du Christ, pour nous, aujourd'hui !
dimanche 10 juin 2012
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.473 : "Prends et mange, et tu vivras !"
Publié par
Olivier Gaignet
à
08:06
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