Je suis toujours étonné lorsque des paroissiens, bien intentionnés sans doute, me disent ne pas être à l'aise avec cette histoire de la quête au milieu de la messe : "Parler d'argent pendant l'eucharistie, demander aux personnes présentes de mettre la main à la poche au coeur d'une cérémonie, cela n'est-il pas déplacé ? D'autre part, pourquoi dépose-t-on désormais les corbeilles pleines de sous sur une table juste devant l'autel ? N'était-il pas suffisant, et plus discret, de les poser dans un coin du choeur, ou en bas des marches de l'autel ? Encore heureux que, publiquement, l'on ne donne plus alors le résultat de la quête précédente comme cela s'est fait un temps !"
Bien sûr, de telles réflexions doivent être entendues. Mais cela nous invite à retrouver le sens profond de cette offrande, devenue trop souvent un geste machinal obligé, qui semble n'avoir rien à faire avec un vrai moment de prière. Alors que c'est tout l'inverse justement. Lorsque les courageux quêteurs s'avancent dans l'allée pour vous faire appel, chacun extrait de sa poche, la plupart du temps, la pièce de la valeur la plus faible dont il dispose, ou qu'il a préparée pour l'occasion avant de se rendre à la messe. Bravo aux téméraires qui n'hésitent pas à déposer une pièce de un euro ; ils sont de plus en plus nombreux, Dieu merci ! Mais ce n'est rien à côté de ce qui se passe chez nos frères protestants, qui ont bien moins de complexes que les catholiques par rapport à l'argent, qui sont sans doute plus conscients que nous par rapport à l'urgence de donner à leur paroisse les moyens d'assurer sa mission, et versent souvent à leur Eglise jusqu'à 10% de leur revenu.
En fait, la quête remonte aux origines du christianisme. L'Eglise a toujours en mémoire l'exemple des premiers chrétiens qui mettaient leurs biens en commun. Ils ne venaient pas à l'eucharistie les mains vides et inscrivaient leur souci de la communion fraternelle et du partage au coeur de la liturgie. Et c'est ainsi que, pendant des siècles, jusqu'à une période récente que beaucoup ont connue dans leur jeunesse, en campagne surtout, l'on apportait des offrandes en nature à l'autel, à la fois pour qu'elles soient partagées avec des personnes démunies comme pour assurer la subsistance des prêtres.
Habituellement désormais, l'offrande en nature n'a plus cours durant le temps même de la messe, tandis que l'Eglise assure désormais l'aide aux personnes dans le besoin à travers diverses très efficaces associations caritatives comme le Secours Catholique, Saint Vincent de Paul ou autres. Mais il demeure nécessaire de comprendre que la mission d'annonce de l'Evangile suppose un minimum de moyens. Jésus lui-même ne disposait-il pas d'une caisse pour gérer la vie et la mission de son équipe d'apôtres ? Tandis qu'il s'émerveille devant le geste de la veuve qui verse son obole au Temple, représentant alors la maison de Dieu ainsi que nos églises aujourd'hui.
En fait, aller jusqu'à donner un peu de son nécessaire, comme n'a pas hésité à le faire la veuve de l'Evangile, cela aurait un sens prophétique profond ; une façon de dire à Dieu : "Je ne roule pas sur l'or, mais, ce que j'ai ne m'appartient pas ! Tout ce que j'ai, tout ce que je suis, Seigneur, je te l'offre, pour te signifier que l'argent n'est pas pour moi un absolu, tandis que l'avancée de ton Evangile sur le Sud Vendée ou ailleurs, grâce à mes quelques subsides, demeure pour moi un objectif essentiel !"
La quête devient alors un acte liturgique véritable, un temps durant lequel, en plaçant ses deux euros ou plus dans la corbeille, le paroissien s'offre lui-même au Seigneur, en lien avec le Christ, "pour la gloire de Dieu et le salut du monde".
Voilà pourquoi le symbole de cette offrande, déposé dans les corbeilles, mérite d'être honoré et mis en valeur devant l'autel. Voilà pourquoi une belle progression chiffrée de ces offrandes gagnerait à être partagée avec tous, comme la bonne nouvelle de l'engagement toujours plus grand de notre communauté pour la vie et le service et l'avancée de notre Eglise locale !
A tous, pour votre générosité, un immense merci !
Et je profite du sujet de ce billet pour remercier également ceux qui acceptent de faire la quête, les personnes qui la comptent ainsi que les membres du Conseil paroissial pour les affaires économiques qui en gèrent l'utilisation.
jeudi 7 juin 2012
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.470 : La quête, un acte liturgique
Publié par
Olivier Gaignet
à
07:29
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