Sur la paroisse, comme dans toutes les instances d'ailleurs, ecclésiales ou non, lorsque nous organisons une activité, un Café-Théo par exemple, ou une rencontre de formation, la première question que l'on nous pose ensuite, en général, c'est la suivante : "Combien étiez-vous ?"
Question légitime, sans doute, mais qui m'a toujours mis un peu mal à l'aise. En effet, le plus souvent, l'on aimerait entendre plutôt des interrogations du type : "Les participants se sont-ils exprimés ?" ou : "Avez-vous pu aller au fond des choses ?" "Quel bilan tirez-vous de cette rencontre ?"
Hier soir, nous avions une réunion d'information, ouverte aux paroissiens, à propos de la fusion entre les deux Congrégations des Religieuses de l'Union Chrétienne et des Sacrés-Coeurs de Mormaison, avec la présence, côté Union Chrétienne, de Sr Louise et Sr Emmanuelle, et côté Mormaison, de Sr Marie-Henriette et Sr Eliane. Evidemment, a été soulevée la question du nombre des Soeurs. Là encore, interrogation légitime ! Mais j'ai bien aimé la réaction de Sr Eliane rappelant que, aux yeux de Dieu, la question du nombre n'est sans doute pas la bonne façon d'aborder un problème ou une situation.
En rentrant, j'ai recherché dans la Bible des textes susceptibles de nous éclairer en ce sens. Il en existe deux, entres autres : 1 Chroniques 21, qui commence par cette phrase : "Satan voulut jeter le trouble en Israël, aussi poussa-t-il David à recenser Israël (...). Mais Dieu frappa Israël, car tout cela lui avait déplu. Alors David dit à Dieu : "J'ai commis un grave péché en agissant ainsi, mais maintenant, je te supplie de me pardonner cette faute, j'ai été vraiment insensé." Cette même situation est reprise en 2 Samuel 24, avec la même conclusion : "Mais ensuite, le coeur de David lui battit : il avait recensé le peuple ! Il dit à Yahvé : "J'ai commis un très grand péché."
Que signifie cela ? Est-il vraiment déconseillé de se compter, entre chrétiens ? Non ! Le recensement n'est pas un mal en soi. Mais le mal, c'est de se croire plus que l'on est, si l'on a derrière soi un peuple nombreux. Ainsi, David oublie qu'il n'est que l'administrateur et le représentant de Dieu en Israël : les brebis ne sont pas à lui. Or, à tous les niveaux, les humains aiment se compter, faire miroiter leurs réussites, aligner des chiffres ou rappeler leurs exploits. Il y a tellement de façons de se sentir "propriétaire" quand, en réalité, tout appartient à Dieu.
Voilà pourquoi, évaluer la bonne marche d'une Congrégation, d'une réunion, d'une Eglise, en ne s'attachant qu'au nombre ou aux kilogs de chrétiens présents, c'est faire fausse route ; c'est même une grave erreur de perspective que de regarder les choses d'abord ou seulement sous cet angle, si l'on se souvient que, selon ce proverbe russe que j'aime citer : "Dieu plus une personne, cela fait toujours la majorité".
Il faudrait que, dans l'Eglise, l'on se débarasse une fois pour toutes de cette habitude de ne juger de la valeur des choses que sous l'aspect du nombre ; et je ne parle pas de l'âge, ni des situations, ni du succès obtenu : rien de tout cela, si cher au coeur du monde, ne représente un critère valable aux yeux de Dieu.
Tout cela pour dire que les Soeurs de l'Union Chrétienne, même peu nombreuses, même âgées, ont, pour Dieu, autant de poids spirituel que les plus grosses Congrégations du monde. Car ce qui est le plus intéressant, c'est leur engagement total et la qualité de leur foi.
Mais évidemment, Satan, cela ne l'intéresse pas !
mercredi 23 novembre 2011
Le Blog du Curé de Fontenay-le-Comte n° 1.288 : "Combien étiez-vous ?"
Publié par
Olivier Gaignet
à
07:44
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