Et si les laïcs avaient davantage de place dans l'Eglise ?
Question étrange : les laïcs n'ont-ils pas une place réelle dans l'Eglise - catholique, je précise - de notre pays ? Ne sont-ils pas présents, actifs, dans nos assemblées, dans les divers services ? Oui mais, n'y a-t-il pas des points qu'il serait bon d'améliorer ? Afin que le fait que les baptisés soient déclarés, et d'une façon solennelle, lors de leur baptême, "rois, prêtres et prophètes", ne soit pas une formule creuse, mais que cela devienne vraiment une réalité ?
La question se pose, et de façon aigüe, surtout depuis quelques années. Etant donné le manque de prêtres sur notre territoire, tout à fait regrettable il est vrai, les évêques de France ont pensé avoir trouvé la solution miracle en faisant appel à des prêtres d'autres continents. Cela résout en partie la question, mais momentanément seulement ; car nous sentons bien que ce n'est pas en faisant venir en masse des prêtres d'Afrique ou ailleurs que l'on résoudra, à long terme, la question du manque de prêtres en France. Surtout que nombre de ces prêtres, qui souhaitent exercer leur ministère dans de meilleures conditions en France, font souvent défaut dans leur propre pays !
Cela risque même de jouer un mauvais tour à notre Eglise, en la dispensant de chercher en elle-même ses propres solutions. En réalité, fait-on confiance au Peuple de Dieu qui est en France, pour lui permettre de se prendre en charge et d'assurer son avenir ? Et on préparerait ainsi le futur de l'Eglise. Un sursaut serait nécessaire !
En ce mois de juin par exemple, sur le diocèse de Luçon, plusieurs curés font appel à des prêtres étrangers pour les remplacer durant leur temps de congé : démarche qui est concevable en soi. Mais fait-on travailler notre imagination ? Ne serait-il pas possible de préparer nos paroisses à vivre l'absence temporaire de leur curé en s'organisant pour assurer des temps de prière, le dimanche, durant la brève durée de l'absence de leur curé ? L'on aiderait à l'avance les laïcs à préparer ces moments ; et ceux-ci prendraient alors toute leur place dans leur réalisation. J'ai moi-même vécu cela au Mali, il y a plus de 40 ans...
Allons plus loin ! Sans doute peut-on continuer à inviter des prêtres étrangers à venir assurer chez nous un ministère pastoral : ils peuvent nous apporter beaucoup ! Mais il serait bon d'envisager que certaines paroisses pourraient être prises en charge par des laïcs, des femmes y compris, et des diacres bien sûr. Le pape François ne nous a-t-il pas donné l'exemple en nommant des laïcs, hommes et femmes, en responsabilité dans certaines instances au Vatican ?
Le problème, c'est de savoir qui est capable de prendre, comme le souhaitait le pape François, de telles décisions... Va-t-il falloir que le dernier prêtre meure pour que l'on envisage de "permettre" aux laïcs de prendre la place qui leur revient au coeur du Peuple de Dieu ? Gérard Huyghe (1909-2001), évêque d'Arras, déclarait en 1975 : "Il faudra attendre que le dernier prêtre ferme les yeux pour que l'Eglise commence à réfléchir à l'ordination de prêtres mariés." Il s'agit évidemment là d'un autre problème, mais tout est lié !
Pour ceux qui seraient mal à l'aise à l'idée d'une Eglise pouvant - momentanément - exister sans prêtres, je vous renvoie, faute de place, à ce qu'ont vécu, positivement, les chrétiens de Corée et du Japon, durant de longues et douloureuses années, au 17°, 18° et 19° siècle. Ces Eglises ont reposé alors sur des laïcs, qui ont exercé magnifiquement alors leur qualité de "roi, prêtres et prophètes", pour la plus grande gloire de Dieu ! Saurons-nous en tirer les leçons ?
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Parution des nominations ce jeudi 19 juin pour le diocèse de Luçon
8 nominations :
- un seul prêtre originaire de Vendée figure dans cette liste
- un prêtre religieux FMI (Fils de Marie Immaculée), originaire d'Amérique du Sud
- 6 autres prêtres, dont 3 du Bénin, 2 de Côte d'Ivoire et un du Burkina-Faso
C'est assez révélateur !
Un prêtre me disait, avec un humour mêlé d'une certaine inquiétude : "N'est-on pas en voie de devenir un diocèse africain ?"
1 commentaires:
Trois nouveaux prêtres vont être ordonnés dimanche prochain, en la cathédrale de Luçon. C'est une bonne nouvelle, dans un temps où les vocations se raréfient. Il faut s'en réjouir. Je suis cependant surpris par cette expression dans l'interview de l'un d'entre eux: "On devra être des Pères, sans paternalisme".
Je ne suis certainement pas le seul, puisque "Ouest France" écrit à ce propos "une appellation encombrante pour certains prêtres, nécessaire pour d'autres." On pourrait ajouter le même commentaire pour les laïcs, en particulier celles et ceux engagés dans les mouvements et services.
J'aurais pour ma part préféré lire: "On devra être des frères". Ce qui me paraît plus proche de l'Evangile et des enseignements du pape François. Et probablement de Léon XIV si l'on regarde son apostolat pendant sa longue mission au Pérou.
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