Faire de la maladie une alliée
N'est-il pas contradictoire de prétendre que la maladie puisse être notre amie ? Nous sommes plutôt habitués à concevoir la maladie comme un obstacle à notre bonheur. Son arrivée, souvent douloureuse et brutale, brise notre vie.. Elle nous fait douter de nous-même et de notre avenir ; elle anéantit nos projets de vie, nous rend dépendants et nous ferme de nombreuses portes !
Personnellement, j'ai fait, comme beaucoup, cette douloureuse expérience : se sentir fragile, ne plus pouvoir mener une vie "normale", perdre une certaine liberté, devoir dépendre des autres, faire la douloureuse expérience de la souffrance, vivre des nuits d'insomnie, douter de son avenir, sentir sur nous des regards inquiets, ne plus pouvoir prier, être démuni de tout...
Cependant, il est difficile de parler de la maladie en général ; chaque malade vit une situation particulière, et il est difficile de généraliser. Mais quelle que soit la situation du malade ou la gravité de son mal, profonde est la blessure et lourd est le handicap. Toutefois, il est remarquable de constater que la façon dont les uns ou les autres vivent leur maladie est à la mesure de la disposition de leur coeur, ou de leur état d'esprit.
L'on arrive à ce paradoxe qui fait que, nous en avons tous vécu l'expérience, des malades semblent vivre leur état dans une certaine paix, tandis que d'autres paraissent ne plus avoir la force de lutter. L'expérience montre qu'il ne s'agit pas de se battre contre la maladie, ni de la fuir ou la rejeter, et pas non plus de l'accepter et se soumettre à elle, mais de l'accueillir, et de lui donner un sens et une direction.
Par exemple, en constatant que la maladie nous apprend à regarder la réalité autrement ; j'avais tel projet, que je ne pourrai réaliser, qu'est-ce que cela signifie ? J'étais attaché à beaucoup de choses, la maladie me permet de faire un tri, et de ne retenir que l'essentiel. Je fais l'expérience profonde de la réalité de l'amitié de nombre de mes proches, et je constate combien je peux compter sur eux, plus que je ne l'aurais pensé. Des équipes médicales me prennent en charge, je mesure la chance que j'ai d'être soigné et je remercie ceux qui se sont battus pour que nous ayons un bon système de santé, même s'il est parfois insuffisant.
Lorsque j'étais bien portant, étais-je suffisamment attentif aux personnes malades ou atteintes d'un handicap ? C'était pour moi des gens à part, que je laissais pour compte. J'ai appris à les regarder autrement, à communier davantage avec eux.
Je peux dire également que je prie non pas mieux, mais autrement. Les cris de souffrance des psaumes me parlent davantage, et ils me paraissent à présent faits pour moi ! Les guérisons de Jésus deviennent mes propres guérisons. Chaque jour, je confie à Dieu les malades et les soignants. Je le remercie sans cesse, et lui demande, bien sûr, de guérir, mais surtout, de me donner la force, à à moi comme à tous les malades, de pouvoir traverser dans la Paix les diverses épreuves qu'il m'est donné de vivre.
La maladie est peut-être l'un des moyens que Dieu nous propose pour changer notre vie et nous aider à grandir ; voilà pourquoi j'ose dire qu'elle peut être pour nous, sinon une amie, une alliée, sur le chemin de notre rencontre avec les autres et avec le Sauveur !
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