Lorsque, le 29 juin 1967, j'ai été ordonné prêtre à la cathédrale de Luçon, j'étais loin de penser que, 58 ans après, je serais toujours là ! En tout cas, et mes souvenirs sont bons, ce 29 juin, vraiment, malgré la joie de la foule, les grandes orgues, la vie imposante de l'Eglise d'alors, je n'en menais pas large ! Je me demandais bien, et les autres prêtres également, comment nous allions vivre notre sacerdoce, et à quelle sauce nous allions être mangés !
Au terme d'un cycle de près de 15 ans dans les petits et le grand séminaire, moi qui étais entré au séminaire de Chavagnes-en-Paillers en septembre 1953, avant mes 11 ans, je ne me sentais pas particulièrement prêt à affronter une société que je connaissais bien mal, et dans laquelle je n'avais plus mes racines. On s'était engagés à suivre le Christ, mais pourquoi et comment ?
Cependant, très vite, nous nous sommes aperçus que le Dieu qui nous avait appelés ne nous avait pas abandonnés. Nommé pour mon premier poste pastoral comme vicaire à St Jean de Monts, j'ai été accueilli comme un frère par le sympathique curé-doyen, Louis Bourasseau, et le "premier vicaire", André Rabillard, ainsi que par tous les paroissiens. Tout de suite, je me suis senti à l'aise et heureux dans le ministère proposé. 58 ans après, je leur exprime ma profonde reconnaissance ; car mon premier poste pastoral m'a permis de découvrir ce grand bonheur qui consiste à accompagner le Peuple de Dieu sur un chemin de joie et de paix !
Je ne vais pas passer en revue les nombreux postes, ou plutôt "ministères" auxquels j'ai été affecté, tant en Vendée, au Mali durant 9 années, à Paris 6 ans ; mais, tout au long de ces années, j'ai vraiment été un prêtre heureux et comblé. La ligne était claire : faire découvrir et expérimenter les propositions pastorales du Concile Vatican II. Permettre aux laïcs de prendre toute leur place dans la vie de l'Eglise, mais aussi au coeur de la société, ouvrir le bras de l'Eglise aux non-croyants, humanistes et adhérents des autres religions, donner la parole au Peuple de Dieu (homélies dialoguées, Cafés-Théo), en un mot, aimer les gens, et ce monde où Dieu nous a placés.
Il est vrai que nous étions aidés par un outil malheureusement bien oublié aujourd'hui : l'Action catholique, présente et active dans les différents milieux de vie. A titre d'exemple, je garde un souvenir inoubliable de cette "rencontre de masse" organisée autour de l'apprentissage par les jocistes de Luçon, où j'ai eu le bonheur d'être vicaire chargé des jeunes : 80 jeunes étaient présents ! Malheureusement, ensuite l'Eglise, jusqu'à aujourd'hui, ne s'est plus préoccupée des milieux populaires, pour les raisons que vous savez ! L'on a voulu mettre en place un autre type d'Eglise, dans lequel les laïcs, les femmes et les petites filles particulièrement, n'ont plus eu un rôle essentiel au sein du Peuple de Dieu.
Ceci dit, je renouvelle mon immense merci au Christ vivant, le bon Berger qui m'a accompagné de très près durant ces 58 années, et ma reconnaissance à tous ces laïcs, hommes et femmes, sans le talent, la foi et l'engagement desquels ma mission pastorale n'aurait pu porter aucun fruit !
58 ans après, mon souhait, c'est que l'Eglise revienne à la raison, ou plutôt, à l'Evangile, en étudiant, en suivant et en prenant au sérieux les appels, jadis du pape François, et désormais, ceux du pape Léon XIV !
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