Je propose aujourd'hui à votre méditation le magnifique témoignage de Jean-Guy Groisard, prêtre dans l'équipe de Talmont-St Hilaire, domicilié à Jard ; il a fêté ses 50 ans d'ordination dans une église de Jard comble, pleine de paroissiens et d'amis. Une belle réflexion, fort utile et très actuelle, sur le sens d'une vie sacerdotale au coeur du Peuple de Dieu. Merci Jean-Guy !
Ca n’est pas vraiment une homélie que je vais donner, mais plutôt quelques réflexions au terme de 50 années de prêtrise pour lesquelles je rends grâces au Seigneur.
J’ai été ordonné prêtre le dimanche 1er juin 1975, par Mgr Paty, à St Jean de Monts, il y a exactement aujourd’hui 50 ans. Voici ce que j’écrivais dans le bulletin paroissial de Talmont le 25 mai 75, car à l’époque j’étais en stage à la paroisse de Talmont depuis 2 ans :
« Être prêtre, c’est accepter de vivre une aventure, de s’engager sur une route qui n’est pas toute tracée à l’avance. Je ne sais pas de quoi sera fait l’avenir, quel sera mon travail dans 10 ou 15 ans, comment s’exercera le ministère presbytéral. Mais malgré ces incertitudes, en toute liberté j’ai choisi de m’engager à la suite du Christ et des apôtres. Ou plutôt, c’est le Seigneur qui m’a choisi et j’ai répondu à son appel : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi mais c’est moi qui vous ai choisis… » Et un peu plus loin j’écrivais ceci : « Chaque chrétien est aussi appelé de par son baptême à faire grandir l’Eglise en prenant la suite du Christ. Tous nous avons à vivre cette vocation, à des niveaux différents bien sûr, mais dans un partage des responsabilités. »
Un jour, juste avant de célébrer mes 25 ans de ministère, en l’an 2000, à Luçon, je me trouvais dans un groupe de grands jeunes, et je les invitais à la célébration de mes 25 ans. L'un d'eux me dit : "Mais qu'est-ce qui te motive depuis 25 ans ?". J'ai trouvé la question très pertinente et j'ai répondu aussitôt : "C'est Dieu qui me motive, c'est Jésus-Christ. Et puis c'est vous, c'est la vie, ce sont les personnes qui me sont données de rencontrer dans ma vie de prêtre."
Depuis 50 ans, c’est sans doute sur ce dernier point que mon ministère a évolué. Un prêtre c’est quelqu’un qui est branché sur le Christ, connecté comme on dirait aujourd’hui à l’ère d’internet. J'ai redécouvert au long des années que le Christ, l'Evangile, est vraiment une Bonne Nouvelle pour aujourd'hui et pour demain. C'est vraiment lui la pierre d'angle qui fait se tenir ensemble les pierres vivantes de l'Eglise. Ça n'est pas d'abord la pratique religieuse dans son ensemble qui est importante, même si elle garde évidemment toute sa valeur, mais c'est d'abord l'attachement au Christ et à l'évangile. L'un ne va pas sans l'autre.
Il y a le Christ, et il y a aussi la vie du monde et de l'Eglise dans ce monde. Depuis 50 ans j'ai essayé, au cours des divers ministères qui m'ont été confiés par mon évêque, de me faire proche de la vie des gens que j'ai été amené à rencontrer dans les différentes paroisses où j’ai vécu. // Ce qui fonde la spiritualité du prêtre diocésain, dit le concile Vatican 2, c'est son ministère même. C'est vrai que j'ai beaucoup appris au contact des enfants, des jeunes, des adultes, croyants, mal-croyants, incroyants. Et j'ai essayé, à la suite du Christ, d'évangéliser cette vie, de lui donner un sens, de l'orienter vers Dieu, en particulier au cours des préparations aux divers sacrements, en action catholique, et aussi dans la prière personnelle et communautaire.
De toutes les rencontres que j’ai pu faire au cours de ces 50 années, je crois que j’en écrirais un livre, tellement ces rencontres sont riches de sens. Chaque vie est importante et mérite qu’on la prenne en compte, car « tout homme, toute femme » est une histoire sacrée ; l’homme, la femme, est à l’image de Dieu. Chacun, chacune, est aimé de Dieu, quel qu’il soit, quelle qu’elle soit, avec ses qualités et aussi ses faiblesses.
D’ailleurs, nous aussi les prêtres, nous avons nos faiblesses, nos fragilités, nos limites, nos péchés même. Mais le Christ se sert de tout cela pour faire de nous ses instruments et ses témoins. Le prêtre est d’abord un être humain. D’ailleurs je regrette quelque fois que l’on nous voit souvent qu’à travers notre fonction et pas suffisamment simplement comme un homme qui a une famille, des passions, des désirs, des loisirs, etc.
Alors, aujourd’hui, je voudrais justement rendre grâces avec vous pour ces 50 ans de ministère, pour tout ce que l'Esprit-Saint a fait en moi, et par moi avec vous, pour l'avancée du Royaume ensemble. Un prêtre n'est jamais prêtre tout seul. Il n'est pas à son propre compte. Il est prêtre pour un peuple confié, au sein de l'Eglise. Aussi je voudrais remercier tous ceux que j’ai rencontrés,dans le passé et aujourd’hui,et qui m’ont aidé à être prêtre, à répondre à l'appel du Seigneur : par les contacts divers que j'ai pu avoir au long de ces 50 années, que ce soit dans les préparations aux sacrements, baptêmes, mariages, sépultures, et aussi dans les différents mouvements et services, et aujourd’hui au Service Evangélique des Malades, au MCR, à Partage et Rencontre, et à l’ACF, l’Action Catholique des Femmes où j’ai découvert plus fortement encore l’importance des femmes dans la société et dans l’Eglise. J'ai partagé et je continue de partager, ce qui fait votre vie de chaque jour : vos joies, vos espoirs, vos projets, vos luttes, vos solidarités, vos dynamismes, mais aussi vos peines, vos difficultés, vos deuils… Je crois que c'est toute cette richesse de vie qui façonne la vie d'un prêtre. Je n'oublie pas non plus ma famille qui m'a permis d'éclore et de mûrir ma vocation.
J'ai essayé dans ces divers domaines d'être témoin de l'amour de Dieu pour tous, enfants, jeunes, adultes, dans les différents mouvements ou services, mais aussi à travers les rencontres quotidiennes que la vie nous réserve et qui sont autant d'occasions de partage et de rencontre en profondeur.
Depuis quelques années, il m'a été donné aussi de vivre le partage des responsabilités avec les laïcs. Ainsi va l'avenir de l'Eglise désormais et cela est bon. Comme je le disais tout à l'heure, le prêtre n'est pas prêtre tout seul, il l'est aussi dans le partage des tâches et des responsabilités avec les laïcs, dans ce qu'on appelle la co-responsabilité. Et cela aussi est enrichissant, même si c'est dépouillant parfois. A ce propos, une petite anecdote : il y a quelques jours je me trouvais en réunion à la Roche sur Yon, et une dame que je ne connais pas, me dit : « Mon Père, il y a beaucoup de gens qui vous aident dans votre paroisse ! » La riposte ne se fit pas attendre : « Mais, madame, les laïcs ne sont pas là pour aider le prêtre, mais pour, avec le prêtre, faire Eglise ensemble dans le partage des rôles et des responsabilités. C’est très différent. On a encore une image pyramidale de l’Eglise. »
Rendons grâce ensemble pour les merveilles que Dieu accomplit dans le cœur de chacun et chacune de nous au sein de son Eglise. On a souvent tendance à voir le négatif dans l'Eglise et dans le monde. Sachons aussi voir tout ce qui grandit, tout ce qui est source d'espérance, chez nous, en Vendée, dans notre paroisse, et ailleurs. La liste est longue quand on prend le temps d'une vraie révision de vie sous le regard de l'Esprit-Saint.
Pour terminer, comme nous sommes dans l’année du jubilé, je reprendrais volontiers les paroles de notre ancien pape François, dans la bulle d’indiction du jubilé : « C’est l’Esprit-Saint qui, par sa présence permanente sur le chemin de l’Eglise, irradie la lumière de l’espérance. L’espérance chrétienne, en effet, ne trompe ni ne déçoit, parce qu’elle est fondée sur la certitude que rien ni personne ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu. »
Amen !
votre texte du lundi 2 juin me passionne étant donné les échanges avec notre petit-fils dans la communauté st Martin (CSM)...
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