lundi 18 janvier 2016

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.914 : Que valent les Baptêmes aujourd'hui ?

Je vous transmets l'homélie que j'ai donnée les 9 et 10 janvier derniers, dans les églises d'Evrunes et Mortagne-sur-Sèvre
 

Je voudrais profiter de cette fête du baptême du Seigneur pour mener avec vous une petite réflexion par rapport au  baptême.

Très souvent des parents  - quand ce ne sont pas les grands parents !!!  -  viennent par exemple demander le baptême pour leur fille de deux ans et souhaitent faire baptiser en même temps leur fils de cinq ans. Ils ne connaissent pas le prêtre et ne viennent jamais à l’église. Ils sont sans doute plus « déistes » que croyants, peut-être plus tournés vers le Dieu « d’autrefois » qu’en lien vital avec le Christ Jésus dans nos vies (?)

On leur demande alors pourquoi ils désirent le baptême pour leur enfant. Réponse : « Cela s’est toujours fait dans la famille, ça ne peut pas lui faire de mal. »

Avec l’équipe chargée de la préparation au baptême, on leur pose aussi la question de l’éducation chrétienne de leurs enfants : « plus tard, ils feront ce qu’ils voudront », nous répond-on.   « Ils choisiront… »

Autre question : « Qu’est-ce que c’est pour vous le baptême ? » Réponse : « on verse de l’eau, c’est l’occasion de rassembler la famille. »

L’écart semble considérable entre ce que déclare vouloir célébrer l’Eglise et ce que souhaitent ces parents. Comment réagir ? Faut-il répondre oui à toutes les demandes, pour ne pas éteindre la mèche qui fume encore (pour reprendre la célèbre expression d’Isaïe), ou être exigeant, au risque de rejeter des jeunes couples et de donner une image exécrable de l’Eglise ? 

La réponse, le Pape François nous l’a donnée lorsqu’il a écrit ceci, dans son très beau texte intitulé « la joie de l’Evangile » : « nous nous comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce, et non comme des facilitateurs. Mais l’Eglise n’est pas une douane ; elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun, avec sa vie difficile ».

En tout cas, ces cérémonies de baptêmes,  qui voient passer dans nos églises, en fin de messe, des jeunes couples aux visages rayonnants, ne sont  pas sans valeur. Elles sont  l’occasion d’un contact vrai avec notre communauté chrétienne, et vos applaudissements, chaque fois que des jeunes couples présentent leurs enfants, remplissent leurs cœurs de bonheur ; car ils se sentent attendus, accueillis, appréciés, aimés. Quelle belle image alors, de notre foi, de vie en Eglise, de bonheur, nous leur donnons !

D’autre part quand ces jeunes familles demandent le baptême, il faut d’abord apprécier leur courage, de passer au presbytère. Entre parenthèses, merci aux personnes bénévoles qui tiennent les permanences dans les presbytères et savent les recevoir.

La démarche de ces couples a d’ailleurs un sens profond : elle exprime quelque chose de la recherche de ces parents, qui souhaitent placer leurs enfants sous une bonne étoile. Traduisons : « sous l’étoile du Salut. »

Derrière leur démarche, il y a aussi une adhésion, plus profonde que les apparences ne pourraient le laisser supposer, au projet de Dieu sur l’humanité, un projet d’amour universel ; une promesse de bonheur, une certaine ouverture à l’absolu, à quelque chose de plus grand qu’eux.

La preuve, c’est le soin qu’ils donnent à la préparation de la célébration du baptême : le choix d’un bel évangile, de chants qui leur plaisent, et ils mettent dans le coup  des parrains et marraines, souvent eux-mêmes bien peu habitués des églises, mais qui se trouvent à y prendre la parole, à y faire une lecture, à découvrir et apprécier le message de Jésus…

Vous me direz : « Oui mais, après, on ne les voit plus à l’église.» Et on sent une certaine amertume, alors, chez les grands parents, chez les paroissiens… C’est compréhensible ! Et  pourtant cette attitude, marquée par la déception, ce n’est pas l’attitude que Jésus attend de nous.

Témoin ce que nous explique encore le pape François : « La communauté ecclésiale doit savoir faire preuve d’une grande patience. Qu’elle ne reste pas dans l’anxiété à cause de l’ivraie. » (c’est-à-dire, à cause de ce qui ne va pas, à cause de ce qui n’évolue pas comme on le voudrait). Et le pape de poursuivre : «  N’ayons pas de réactions plaintives ou alarmistes. Car il est certain que,  dans l’obscurité, commence toujours à germer quelque chose de nouveau, qui, tôt ou tard, produira du fruit. »

Dernière question, celle de ces enfants que leurs parents négligent de faire baptiser. Alors, là encore, on s’alarme : « Que vont-ils devenir ? »  Je laisse la réponse à ce grand théologien qu’est St Thomas d’Aquin : «Dieu est un Père, qui saura toujours trouver les moyens qu’il faut, même en-dehors du baptême, pour sauver ses enfants ! »

Et rappelons-nous toujours (comme l’apôtre Paul l’explique à Tite dans la deuxième lecture) que Dieu nous a tous sauvés, nous les pratiquants, mais aussi, toutes ces jeunes familles en recherche, non pas à cause de nos propres actes, mais par sa miséricorde, qui est infinie !

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