Homélie du 23° dimanche C, en la chapelle de Bourgenay
Vous avez entendu ? "Celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut être mon disciple." (Luc 14/25-33).
Il paraît un peu rude, cet
évangile, vous ne trouvez pas ? Qui
invite à préférer le Christ à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, et même
à sa propre vie ? Bien sûr, on peut
écouter ce genre de texte de façon, disons, habituée ; et puis, on pense à
autre chose. Ce n’est quand même pas à de braves paroissiens comme nous que
Jésus va demander des choses aussi radicales ! D’accord, c’est un peu
vrai, mais c’est faux en même temps. Je vais prendre 3 exemples pour nous aider
à voir plus clair dans tout ça !
1° ex. : Peut-être certains
d’entre vous ont eu l’occasion d’aller prier à la chapelle de la Médaille
Miraculeuse, à Paris. A 100 m à peine, il y a la chapelle des Missions
Etrangères de Paris, au 128 de la rue du Bac.
Lorsque j’habitais Paris, tout près de cette chapelle, dans le 7°,
j’allais souvent y prier. Et j’étais
chaque fois impressionné par un immense tableau, du peintre Charles de
Coubertin, qui évoque, de façon émouvante, le départ des missionnaires
jusqu’aux extrémités de la terre, et particulièrement, chez les Mep (Missions Etrangères de Paris), en
direction de l’Asie (Inde, Japon, Corée...).
L’on voit, sur ce tableau, des
« partants », à l’air très jeunes, alignés face à l’assemblée, devant
le maître-autel, alors que l’évêque qui les envoie en mission est à genoux
devant eux, pour embrasser les pieds de chacun d’entre eux. Tandis que, pour
accomplir le même geste, derrière arrivent en procession leurs profs de
séminaire, et aussi leurs parents, dont le peintre retrace bien la profonde
émotion. Car l’issue était souvent tragique. Nous en savons quelque chose, à
travers le témoignage de notre saint Henri. Dorie, décapité à Séoul, en Corée, en
1866, à 27 ans seulement. Sa fête sur la paroisse est le 23 septembre, et nous ne
devons pas oublier ce saint de chez nous, qui a suivi à la lettre l’évangile de ce
jour.. « Si quelqu'un vient à moi sans me
préférer à son père et sa mère… » : voilà en effet jusqu’où peut
aller une réponse à l’appel du Christ !
Entre nous, merci à nos Soeurs de Bourgenay ici présentes, qui ont vécu
de tels départs ! Comme Sr Maryvonne, qui a passé toute sa vie loin de
sa famille, en, mission à Madagascar, Sr Maud, qui a quitté le Congo
pour nous rejoindre, Sr Elisabeth, qui a laissé sa famille à Madagascar,
et qui n'était pas auprès de sa maman quand celle-ci est décédée...
2° exemple : Il y a une
quinzaine de jours, à l’Ile d’Olonne, une petite fille de 11 ans, Charlie, est
décédée d’une maladie orpheline, une myopathie, dont il y a seulement 5 autres cas
semblables dans le monde entier. Malgré son mal, cette petite fille était pleine de
courage et de dynamisme, si bien qu’on lui avait donné une responsabilité d’ambassadrice
du téléthon. Ses parents, totalement incroyants, déchirés par la douleur,
avaient prévu une brève cérémonie seulement au crématorium, plusieurs jours
plus tard. Mais entre temps, ils se sont penchés sur le portable de leur fille,
et qu’est-ce qu’ils ont découvert ?
Que dans ses échanges avec ses petites amies, Charlie disait à celles-ci qu’elle
aimerait devenir chrétienne et se faire baptiser, mais qu’elle n’osait pas en
parler à ses parents, afin de ne pas leur faire de peine, car ils étaient non-croyants.
Découvrant cela, les parents, faisant
preuve d’une ouverture exemplaire, ont changé d'avis et décidé qu’il y aurait une cérémonie
religieuse en l’église de l’Ile d’Olonne, et cette église s’est trouvée comble
pour l’occasion. Voilà comment, au cœur de notre société qui semble tourner le
dos à Dieu, une petite fille nous montre l’exemple en acceptant de porter sa
croix, comme ambassadrice du téléthon, et en faisant le choix de marcher à la
suite du Christ vers le baptême de désir !
3° exemple : Je viens de
rencontrer récemment un monsieur, qui n’est pas d’ici, écrasé par trop de
souffrances, qui traîne le projet de mettre fin à ses jours. Mais il a eu l’occasion de rencontrer
quelqu’un qui a su l’écouter, et trouver les mots pour lui révéler que sa vie
avait un sens, et qu’il n’était pas seul : car Jésus portait sa croix avec
lui. Comment les choses évolueront-elles ?
On ne sait ! Mais ce qui est
sûr, c’est que, au milieu de toutes nos souffrances, ou celles de nos proches,
ou de personnes de notre entourage, il nous faut réfléchir, comme celui qui
veut bâtir une tour dont parlait l'évangile. Alors, avec la force du Seigneur, renonçons toujours au mal,
au découragement, et ne laissons jamais le dernier mot au désespoir dans la
conduite de notre existence ; mais au contraire,
essayons de tout faire pour porter les croix que la vie nous envoie, et, comme
St Henri Dorie, comme Charlie et tant d’autres avant nous, suivons le Christ
jusqu’au bout ! Un bonheur sans fin nous attend ! Amen !