tag:blogger.com,1999:blog-49198992099845543502024-03-18T09:03:54.135+01:00L'Arche de NoéOlivier Gaignet, prêtre du diocèse de Luçon, en "semi-retraite", est en service pastoral à Talmont-Saint Hilaire, à Bourgenay, au service des paroisses et du doyenné de Talmont, sur la côte vendéenne, depuis septembre 2017 (à 75 ans).
A cette date, il a quitté la paroisse de Mortagne-sur-Sèvre, à laquelle il reste toujours attaché, comme à ses précédentes affectations.Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.comBlogger1705125tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-18238219178627292352024-03-16T17:46:00.011+01:002024-03-18T09:03:02.393+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2927 : Prier sur un banc, face à la mer, au milieu du peuple de Dieu<p> J'ai coutume de dire que, là où j'habite - oh, le chanceux, à 100 m de la mer - c'est "mon petit ermitage" ; là où je vis tranquillement désormais, en savourant profondément chacune de mes journées, dans l'action de grâce, la prière pour le monde et pour la paix. Je ne peux plus faire grand chose désormais, un rien me fatigue ; mais rien ne me manque pourtant, et je suis comblé. J'ai encore un énorme caillot dans le coeur, difficile à éliminer, le coeur très abîmé puisque inopérable l'an passé, mon insuffisance cardiaque ne cesse de s'amplifier, j'ai perdu 15 kgs depuis un an, grosses insomnies, j'ai dû abandonner toutes mes responsabilités et toute activité pastorale, mais je suis toujours vivant. De quoi vais-je donc me lamenter ? Je serai peut-être mort demain, avec toutes ces épées de Damoclès... Donc, profitons de la vie encore aujourd'hui ! Il ne me reste plus que la prière ; mais si celle-ci peut aider d'autres frères et soeurs à relever la tête, merci Seigneur !</p><p>Et j'ai le privilège de pouvoir prier dans ce qui représente pour moi une immense chapelle, le port de Bourgenay. Pas besoin de préparer une prière universelle, il suffit d'écouter les gens. Je viens encore d'en faire l'expérience samedi. Assis sur un banc face à la mer, tandis que j'allais me lancer dans mes méditations personnelles, impossible de me boucher les oreilles vis-à-vis du flot de réflexions partagées par les personnes défilant sans cesse juste derrière mon banc.</p><p>Et chaque couple, ou groupe, d'y aller de ses soucis et de ses misères. Au vol, en ce jour, j'ai retenu ces quelques réflexions parmi tant d'autres ; parfois seulement quelques mots, lorsque les gens passaient à ma hauteur : <i>"Jacques est gravement malade ; quand est-ce qu'on pourra aller le voir ?" "Il faut que je mette de l'ordre dans mon garage, et que j'enlève la poussière, ça m'énerve de voir les choses en un tel état." "Pour la déclaration d'impôts, est-ce qu'il faudra inclure... ?" "Pour les vacances, il faudrait qu'on s'organise avec... ?" "La grand-mère s'est suicidée,</i> (oui, j'ai vraiment entendu ça) <i>alors, ils se sont partagé...?" Etc.</i></p><p>De quoi donc nourrir ma prière, tout simplement ! Et si j'étais là pour ça ? Et si c'était cela, ma mission ? A moi qui n'ai pas encore tout à fait digéré le fait de ne plus avoir presque aucun rôle pastoral (visible) désormais ? Aucune de ces personnes n'a su qu'un prêtre - c'aurait pu être un laïc - priait pour eux, quand ils pérégrinaient derrière moi en se confiant leurs soucis mutuellement. Quant à moi, j'ose imaginer que Dieu a peut-être entendu ma pauvre et petite prière, lui qui était déjà présent, invisiblement, au coeur de la vie de ces gens.</p><p>Merci Seigneur pour la longue procession de tous ces hommes et ces femmes qui cheminent au coeur de ce monde, en recherche de bonheur, de fraternité et de paix !</p><p>Je t'ai reconnu, Seigneur ! Ils n'étaient pas seuls ! Tu marchais avec eux, au milieu d'eux, comme un bon pasteur les guidant invisiblement vers le Salut !<br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-14671607557023465242024-03-15T19:26:00.004+01:002024-03-17T19:09:42.223+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2926 : Une Malienne pour ouvrir les Jeux Olympiques ?<p> Je ne sais pas si vous allez porter un grand intérêt aux Jeux Olympiques, ni si vous avez entendu parler d'Aya Nakamura ? Décidément, on parle bien de tout sur ce blog ! Eh bien, si vous n'étiez pas au courant, j'ai l'honneur de vous apprendre que c'est une femme née à Bamako, au Mali, qu'Emmanuel Macron aurait sollicitée pour chanter des titres d'Edith Piaf à la cérémonie d'ouverture des JO, le 26 juillet, à Paris.</p><p>Cela a surpris tout le monde ! Aya Nakamura, née en 1995 à Bamako, a grandi ensuite à Aulnay-sous-Bois. "Victoire de la musique" féminine en 2024, Aya est l'artiste francophone la plus écoutée au monde, trois fois plus que Michel Sardou par exemple, et bien plus que Patrick Bruel et compagnie.</p><p>Personnellement, quelles que soient les paroles de ses chansons, j'apprécie énormément le style, la musique, les sonorités, la dynamique de ses chansons ; ce qui me rappelle ce que j'ai eu tant de plaisir à écouter durant mes 9 années passées au Mali, ce pays où la chanson et la musique tiennent une place si importante.</p><p>Cette chanteuse franco-malienne de 28 ans symbolise bien la réalité multiculturelle de la jeunesse française actuelle. Et elle devrait être bien acceptée par les sportifs et accompagnateurs, sans parler des spectateurs des JO, tous représentant justement le monde entier.</p><p>En effet, Aya est la seule artiste française à figurer dans les hit-parades de 46 pays, et ses chansons font le tour du monde ! Qui dit mieux ? Son album, "Nakamura", a dépassé le milliard d'écoutes !</p><p>Olivier Cachin a rappelé, sur BFM-TV, que <i>"Aya est l'équivalent de ce qu'était Edith Piaf il y a 60 ans, c'est-à-dire, la chanteuse française la plus populaire à l'étranger." </i>C'est peut-être pour cette raison que le président a pensé à elle pour les JO !<i><br /></i></p><p>Par contre, et il fallait s'y attendre, le nom de Aya a été hué le 10 mars lors d'un meeting de "Reconquête", d'Eric Zemmour. Tandis que nombre de propos haineux la ciblent sur internet, sous prétexte qu'elle ne chanterait pas en "bon français". La ministre de la culture, Rachida Dati, a pris sa défense :<i> "S'attaquer à une artiste pour ce qu'elle est, c'est inacceptable, c'est un délit."</i></p><p>A l'inverse, le 12 mars à Paris, Aya a eu droit à une salve d'applaudissements de la part des professionnels de la musique réunis par le Syndicat national de l'édition phonographique, suite aux propos de leur directeur, Alexandre Lasch : <i>"Aya Nakamura est une grande artiste, ambassadrice de la musique française, et les polémiques indignes du moment n'y changeront rien."</i></p><p>Quand est-ce qu'un certain nombre de Français soit-disant "de souche" (?) accepteront les personnes qui arrivent d'ailleurs comme des frères ?<i> </i><br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-15427124350277524582024-03-10T10:08:00.008+01:002024-03-11T19:01:16.308+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2925 : Comment prient les Musulmans ?<p> <i>A l'occasion de l'ouverture du Ramadan qui débute en ce 10 mars, et alors que bien peu de chrétiens connaissent les belles prières que propose le Coran, je vous en joins quelques-unes, extraites du Coran, qui pourront nous aider à mieux comprendre, ou même nous unir, à nos frères et soeurs de l'Islam, si nous les apercevons en train de prier, à la télé ou dans nos rues.</i></p><p><b>Sourate 2, </b>verset 104 : "Ô vous qui croyez, ne dites pas au Seigneur : "Favorise-nous" ! Mais dites : "Regarde-nous !"<br /></p><p><b> </b> <b>id</b> v. 186 : "Je suis proche, en vérité, je répons à l'appel de celui qui m'invoque quand il m'invoque. Qu'ils répondent donc à mon appel, qu'ils croient en moi<b>. </b>Alors, ils seront bien dirigés.<b>" </b></p><p><b> id </b> v. 286 : "Notre Seigneur, ne ne nous charge pas de ce que nous ne pouvons porter ! Efface nos fautes ! Pardonne-nous ! Fais-nous miséricorde !"</p><p><b>Sourate 6</b>, v.160 : "Celui qui se présentera avec une bonne action recevra en récompense dix fois autant. Celui qui se présentera avec une mauvaise action ne sera rétribué que par quelque chose d'équivalent. Personne ne sera lésé."<br /></p><p><b>Sourate 8</b>, versets 2 à 4 : "Seuls sont vraiment croyants ceux dont les coeurs frémissent à la mention du Nom de Dieu (...), ceux qui s'acquittent de la prière, ceux qui donnent en aumône une partie des biens que nous leur avons accordés."</p><p><b>Sourate 23</b>, v. 1 et 2 : "Heureux les croyants qui sont humbles dans leurs prières."</p><p> <b>id</b> v. 62 : "Nous n'imposons à chaque homme que ce qu'il peut porter."</p><p><b>Sourate 24</b>, v. 55 : "Dieu a promis à ceux d'entre vous qui croient et qui accomplissent des oeuvres bonnes, d'en faire ses lieutenants sur la terre (...) et de changer, ensuite, leur inquiétude en sécurité."<br /></p><p><b>Sourate 33</b>, v. 3, 5, 41-44 : "Confie-toi à Dieu, Dieu suffit comme protecteur. Dieu est celui qui pardonne, il est miséricordieux. Ô vous qui croyez, invoquez souvent le nom de Dieu ! Louez-le matin et soir ! C'est lui qui étend sa bénédiction sur vous pour vous faire sortir des ténèbres vers la lumière. La salutation qui les accueillera le Jour où ils le rencontreront sera : "Paix !" Il leur a préparé une généreuse récompense." </p><p><b>Sourate 59</b>, v. 23 et 24 : "Il est Dieu ! Il n'y a de Dieu que lui ! Il est le Roi, le Saint, la Paix, le Vigilant, le Tout-Puissant, le Très-Fort, le Très-Grand. Gloire à Dieu ! Les Noms les plus beaux lui appartiennent. Ce qui est dans les cieux et sur la terre célèbre ses louanges."</p><p><b>Sourate 93</b>, v. 1 à 11 : "Par la clarté du jour, par la nuit quand elle s'étend, ton Seigneur ne t'a ni abandonné ni haï. Oui, la vie future est meilleure pour toi que celle-ci. Ton Seigneur t'accordera bientôt ses dons, et tu seras satisfait. Ne t'a-t-il pas trouvé orphelin et il t'a procuré un refuge. Il t'a trouvé errant et il t'a guidé. Il t'a trouvé pauvre et il t'a enrichi. Quant à l'orphelin, ne le brime pas. Quant au mendiant, ne le repousse pas. Quant aux bienfaits de ton Seigneur, raconte-les."</p><p><b>Sourate 107</b>, v. 4 à 7 : "Malheur à ceux qui prient, tout en étant négligents dans leurs prières ; ils sont remplis d'ostentation et ils se refusent à procurer aux hommes le nécessaire."</p><p>___________________</p><p>Il y a dans le Coran des centaines de réflexions et d'invitations à la prière du même genre. Si vous vous donnez le temps de feuilleter un Coran, vous trouverez presque à chaque page des sourates du même type. C'est pourquoi le Coran est un Livre Saint aux yeux des Musulmans. D'ailleurs, ainsi que le disait le P. Christian de Chergé : "<i>A travers les Musulmans, Dieu peut nous transmettre un message de vie qui peut nous aider à mieux vivre notre foi chrétienne."</i></p><p>Selon Tarik Abou Nour, imam à Athis-Mons (Essonne) : <i>"La prière est l'épine dorsale de l'islam."</i></p><p>Ne manquez pas les pages 14 et 15 à propos du Ramadan sur le journal "La Croix" du vendredi 8 mars 2024. <br /></p><p>Vous pouvez aussi vous référer au billet n° 2350 que j'avais écrit sur le même thème le 25 avril 2020.</p><p>___________________</p><p>Tous
les ans, les évêques catholiques envoient un message de soutien aux
musulmans de France pour le ramadan. Ce 31 mars, Jean-Marc Aveline,
archevêque de Marseille et président du Conseil pour les relations
interreligieuses et les nouveaux courants religieux au sein de
la Conférence des évêques de France, a tenu à exprimer ses meilleurs voeux aux musulmans à l’occasion du ramadan.</p>
<p>« <em>En ce mois de jeûne, de prière et d’aumône dans lequel vous
vous engagez, (…) je vous propose de nous stimuler mutuellement à mieux
plaire à Dieu en servant nos frères et sœurs en humanité, et tout
spécialement ces enfants, ces mères, ces personnes âgées, qui ont dû
prendre le chemin de l’exil, par suite de la destruction de leurs villes
et villages, non seulement en Ukraine, mais dans de nombreuses autres
régions du monde. </em>»</p><br />Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-56792874675029003292024-03-09T10:00:00.002+01:002024-03-09T10:01:23.608+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2924 : La place des femmes dans l'Eglise catholique, d'après l'archevêque d'Alger<p> Je vous transmets ce que je viens de recevoir de la part de Jean-Pierre, un ami diacre au service du diocèse de Nantes :<br /></p><div class="msg-body P_wpofO mq_AS" data-test-id="message-view-body-content"><div class="jb_0 X_6MGW N_6Fd5"><div><div dir="ltr"><i>Bonjour Olivier,<br /></i></div><div dir="ltr"><i><br /></i></div><div dir="ltr"><i>Depuis
7 ans, j'entretiens des liens amicaux avec Jean-Paul Vesco, l'actuel
archevêque de Alger. Il vient de publier une réflexion sur la
synodalité, la place des femmes dans l'Eglise catholique... Son propos
publié dans "l'Osservatore Romano" a sans doute irrité certains membres
de la curie, mais je sais qu'il a une excellente relation avec le Pape
François.<br /></i></div><div dir="ltr"><i>Jean-Paul Vesco m'autorise à publier sa réflexion et je ne m'en prive pas, donc tu vas en être bénéficiaire.<br /></i></div><div dir="ltr"><i>Une bonne bouffée d'air qui fait du bien.<br /></i></div><div dir="ltr"><i>Fraternellement.<br /></i></div><div dir="ltr"><i>Jean-Pierre Biraud</i></div><div dir="ltr"><i> </i></div></div></div></div><p style="margin-bottom: 0cm; orphans: 2; widows: 2;"><b><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><u>L’Église
catholique a-t-elle un problème avec les femmes?</u></span></span></span></span><br /></b><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">La
formulation de la question est un peu provocatrice, mais oui l'Eglise
a depuis des siècles un problème avec les femmes, comme d'une façon
générale les deux autres monothéismes et peut-être la plupart des
religions. Cela ne vaut pas excuse, il aurait été tellement bon et
légitime qu'il en fut différemment pour le christianisme depuis les
origines! A quelques heureuses exceptions récentes près, les femmes
sont absentes de la gouvernance et du commentaire de la parole de
Dieu lors de la célébration dominicale, alors qu’elles sont
présentes partout ailleurs. Elles sont la chair des paroisses, elles
sont souvent l'âme des églises domestiques que sont les familles et
ce sont encore elles qui, la plupart du temps, s'occupent du
catéchisme.</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Dans
notre représentation, l'Eglise est par définition atemporelle, une
Église patriarcale hors des courants, des modes et des outrages du
temps. Or, en l'absence d'une implication beaucoup plus forte des
femmes dans des fonctions de responsabilité et de visibilité, notre
Eglise court paradoxalement le risque de devenir une Église démodée,
non pas atemporelle mais anachronique et dépassée dans son
organisation. L’Église catholique, c'est-à-dire universelle, si
elle n'est pas du monde est bien inscrite dans le monde et elle ne
peut pas se réfugier dans une logique de niche auto référencée
par rapport au monde.</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">La
question des responsabilités des laïcs et donc aussi des femmes a
été largement soulevée lors des consultations qui ont précédé
le synode : </span></span></span></span></span><span style="color: darkblue;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">aujourd’hui</span></span></span></span></span></span><span style="color: black;"> </span><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">le
problème saute aux yeux. La guerre des enfants de choeur qui
voudrait qu’il n’y ait que des garçons autour de l’autel comme
cela se voit en certains endroits, ne passe plus. Dans les dicastères
du Vatican où les femmes commencent à être plus nombreuses
qu’autrefois, et où elles occupent de plus hautes responsabilités,
l’atmosphère est radicalement différente. Il suffit de quelques
femmes pour que, déjà, la curie ne soit plus cet entre soi clérical
malheureusement si facilement stigmatisable.</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">On
dit souvent qu’il serait </span></span></span></span></span><span style="color: darkblue;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">aujourd’hui</span></span></span></span></span></span><span style="color: black;"> </span><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">impossible
de réunir un concile au niveau de l’Église universelle en raison
de la difficulté matérielle à rassembler plus de 5000 évêques.
Mais là n'est plus la question. L’image de la salle Paul VI,
pendant le synode, avec des cardinaux, des évêques, des prêtres,
des religieux et des religieuses, des laïcs, hommes et femmes,
autour des tables sur un même plan manifeste un basculement
d’époque, la prise de conscience qu’il est devenu impossible de
décider seulement entre évêques. D'une certaine manière, le
synode sur la synodalité a très naturellement rendu obsolète la
perspective d'un concile Vatican III! Qui
pourrait</span></span></span></span></span><span style="color: black;"> </span><span style="color: darkblue;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">aujourd'hui</span></span></span></span></span></span><span style="color: black;"> </span><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">imaginer
que l'avenir de l'Eglise puisse se discerner dans une assemblée
d'évêques seulement?</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Quelle
est la place des femmes dans la gouvernance du diocèse
d’Alger?</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Dans
notre diocèse, j'ai voulu m'entourer d'une équipe restreinte en
plus des différents conseils. Elle est composée des principaux
responsables qui forment la curie diocésaine: vicaire général,
secrétaire générale, économe, économe-adjointe, responsable de
la diaconie et moi-même. Il se trouve que cela forme une équipe
composée de quatre femmes et deux hommes. La plupart des décisions
sont réfléchies ensemble. D'une façon plus générale, je vis dans
un environnement essentiellement féminin et c’est du bonheur au
quotidien! Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas d’accrochages.
Un jour, l’une d’elles m’a lancé: “ à la fin, de toutes
façons, c’est toi qui décides !”. C’est vrai, et c'est une
vraie question. Dans notre Eglise catholique, les décisions sont
assumées par l'évêque qui les incarne. Le modèle peut sans doute
évoluer. A ce titre les modèles de gouvernance dans la vie
religieuse peuvent être inspirants: beaucoup de décisions sont
prises par des chapitres ou des conseils élus, et les limitations au
pouvoir de décision des supérieurs ne retirent rien à leur pouvoir
symbolique. Cela dit, il me semble que dans la plupart des cas, la
confiance qui nait de la connaissance mutuelle et de la poursuite
d'un projet commun, fait que la plus grande partie des décisions
font l'objet d'un large consensus quand ce n'est pas l'unanimité. En
dans tous les cas, les avis de chacun et chacune ont été entendus
et ont pesé d'une façon ou d'une autre sur la décision qui s'en
ressent. Je crois que c'est une expérience forte pour chacun et
chacune, moi y compris!</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Derrière
la question des femmes il y a celle de la place des laïcs…</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Bien
sûr ! Lors de la phase diocésaine du synode sur la synodalité,
dans le diocèse d'Alger, le souhait des chrétiens natifs du pays à
participer à la vie de l'Eglise a été fortement exprimé. Ils
considèrent à juste titre l'Eglise comme leur Eglise car
algérienne. Pourtant, ils se sentent marginalisés au profit de
permanents que nous sommes, essentiellement religieux et étrangers,
qui depuis l'indépendance du pays constituent l'essentiel des forces
vives de l'Eglise. De fait, ils étaient quasiment absents des
instances de décision. Nous avons entendu cet appel et en avons tenu
fortement compte dans la composition des differents conseils
épiscopal, économique et pastoral. Au conseil épiscopal, il y a
trois prêtres, une religieuse, une focolarine et 4 laïcs algériens
dont 2 femmes. Cela change totalement l'atmosphère. Là encore, nous
sortons d'un entre-soi. Ce n'est pas toujours facile et rien n'est
gagné, mais nos codes, nos évidences, sont à remiser au placard.
Il nous faut apprendre à nous comprendre et à mesurer l'abîme
d'incompréhension qui parfois nous sépare dont nous n'avions pas
conscience car il n'avait pas de lieu d'expression. Notre Église
doit devenir beaucoup moins cléricale, c'est un enjeu pour l'Eglise
universelle à tous les niveaux et en tous lieux. Cet enjeu n'est pas
dépourvu d'une revendication de pouvoir, avec tout ce que cela peut
avoir de désagréable. Mais reprocher à l'autre de vouloir prendre
un pouvoir signifie souvent l'exercer soi-même sans forcément en
avoir conscience. C'est la raison pour laquelle j'ai beaucoup de mal
à entendre écarter les revendications de femmes dans l'Eglise par
un: “pourquoi veulent-elles le pouvoir?”</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Dans
un certain nombre de sociétés, le fonctionnement de l’Église se
trouve en tension sur ces questions avec l’idéal démocratique
!</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Le
principe d'organisation hiérarchique de l'Eglise est d'inspiration
monarchique...étant sauve la succession héréditaire! C'est
l'organisation humaine qui est depuis presque l'origine la garante de
l'unité, et elle a plutôt fait ses preuves. En tous les cas, nous
sommes cela. Cela n'exclut pas en son sein des fonctionnements et des
instances plus démocratiques à l'instar des monarchies modernes.
Nos frères et soeurs des Églises protestantes ont viscéralement
cette culture démocratique, c'est-à-dire synodale, et nous aurions
sans doute beaucoup à apprendre d'eux dans ce grand mouvement de
synodalité à la mode catholique initié par le Saint Père. La
dynamique synodale ne va pas s'arrêter, elle va s'étendre et se
répandre à tous les niveaux de l'Eglise sans pour autant remettre
en cause sa structure sacramentelle. Tout retour en arrière
apparaitra vite complètement anachronique parce que l'Eglise est
l'affaire de tous les baptisés. Ma conviction profonde est que la
responsabilité dans l'Eglise, dont les questions de pouvoir sont une
dénaturation, augmente en même temps qu'elle se partage. Partager
la responsabilité c'est l'augmenter et notre Eglise souffre d'un
grand déficit de prise de responsabilité.</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Que
pensez-vous du diaconat féminin?</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">A
titre personnel, je l'appelle de mes voeux! Il me semble impossible
de priver les fidèles, et donc moi aussi, de la réception féminine
de la Parole de Dieu. Aucun des arguments avancés ne m'a jamais
convaincu. Alors oui, j'aimerais que cette question du diaconat
féminin avance ou qu'à tout le moins un pas de plus soit fait dans
le sens de l'autorisation des femmes, et plus généralement des
laïcs formés, à commenter la parole de Dieu dans le cadre de la
célébration dominicale. A la différence du ministère presbytéral,
le diaconat féminin trouve des racines dans la tradition de l'Eglise
et je peine à voir les objections qui peuvent lui être opposées,
sauf à réserver le choeur, c'est-à-dire l'exercice du sacré, au
masculin. Sur cette question des ministères, comme sur celle de la
gouvernance, l'horizon se dévoile et s'élargit en marchant. Ce qui
semblait impensable hier peut si facilement devenir une évidence
demain. Une présence uniquement masculine dans le choeur, les
grandes processions d'entrée exclusivement masculines nous
semblent </span></span></span></span></span><span style="color: darkblue;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">aujourd'hui</span></span></span></span></span></span><span style="color: black;"> </span><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">aller
de soi. En sera-t-il toujours ainsi ou cela nous apparaitra-t-il un
jour trop anachronique? Le seul fait de se poser la question opère
déjà un changement du regard...</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Le
problème ne vient-il pas du fait que l’on considère souvent les
vocations féminines non pas en soi, mais par rapport aux vocations
masculines?</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">En
effet, la vocation féminine dans l'Eglise est traditionnellement
pensée en terme de complémentarité. Ce n'est plus suffisant, il
faut aussi la penser en terme d'altérité. La vocation féminine
vaut par elle-même. Cette dimension d'altérité est à présent
très présente dans la vie conjugale. Les tâches sont partagées,
les deux parents peuvent travailler, s'occuper des enfants... Chacun
les accomplit dans sa différence de sexe, de caractère... Ce sont
les mêmes tâches effectuées différemment. C'est vrai pour tous
les domaines de la société. Comment penser qu'il ne puisse pas y
avoir un écho de cette évolution sociétale au sein de l'Eglise
dans la façon dont sont exercés les charismes et les ministères,
dans le respect de la tradition qui n'est pas un corps mort mais un
corps vivant, à la fois immobile et toujours en mouvement.</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Cette
question de l'altérité renvoie à celle de la fraternité. En
effet, la fraternité à la fois requiert et rend possible
l'altérité. Ce n'est pas tout à fait le cas de la paternité
spirituelle. Je crois à la paternité spirituelle, en tant que frère
dominicain en formation j'en ai fait l'expérience. Mais cette
paternité spirituelle, je l'ai reçue d'un frère, d'un alter-ego
autrement plus avancé que moi dans la vie religieuse, et aussi dans
la sainteté. S'il n'était pas décédé avant, j'aurais pu être
son prieur provincial. J'ai du mal avec la paternité spirituelle
institutionnalisée telle que nous la vivons dans l'Eglise. Les rôles
ne s'inversent jamais à l'instar de la paternité dans la vraie vie
où les relations ne cessent d'évoluer entre des parents et des
enfants sur l'ensemble d'une vie. Un jour, les enfants prennent soin
des parents. Il en va différemment du patriarche qui conserve son
autorité jusqu'à la mort. Et dans ce sens, la paternité
spirituelle institutionnalisée me semble davantage un modèle
patriarcal que paternel. La fraternité, comme dans une vraie
fratrie, rend possible toutes les formes de relations. Une grande
sœur pourra avoir un temps un rôle maternel vis-à-vis de son petit
frère. Il en restera toujours quelque chose, mais chacun vivra
l'altérité fondamentale qu'ils ont reçue du fait d'être l'une et
l'autre enfants de mêmes parents. La vie se chargera de faire
évoluer leur lien, et peut-être un moment de l'inverser.</span></span></span></span></span><br /><br /><span style="color: black;"><span style="font-family: monospace;"><span style="font-size: medium;"><span style="font-style: normal;"><span style="font-weight: normal;">Je
crois profondément que notre Eglise a davantage à se penser comme
une communauté de frères et de sœurs. C'est le témoignage le plus
haut qu'elle puisse donner au monde. Davantage qu'une lutte de
pouvoir, le rééquilibrage nécessaire entre clercs et laïcs, entre
hommes et femmes est un enjeu d'altérité et de fraternité. Si
j'aime être appelé frère plutôt que père ou monseigneur, ce
n'est pas par fausse modestie ou coquetterie, c'est précisément en
raison de cet enjeu d'altérité qui ne relève pas d'un choix mais
d'une évidence: j'ai besoin des frères et des soeurs de mon
diocèse, comme j'avais besoin de mes frères dominicains pour être
ce que je suis pour eux.</span></span></span></span></span><br /><br />
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><a name="OBJ_PREFIX_DWT208_com_zimbra_date"></a><a name="OBJ_PREFIX_DWT209_com_zimbra_date"></a><a name="OBJ_PREFIX_DWT205_com_zimbra_date"></a><a name="OBJ_PREFIX_DWT207_com_zimbra_date"></a><a name="OBJ_PREFIX_DWT204_com_zimbra_date"></a><a name="OBJ_PREFIX_DWT206_com_zimbra_date"></a><a name="OBJ_PREFIX_DWT202_com_zimbra_date"></a><a name="OBJ_PREFIX_DWT203_com_zimbra_date"></a>
Jean-Paul VESCO</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">Archevêque d’Alger</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm;">Réflexion parue dans le journal du
Vatican : « l’Osservatore Romano »</p>
Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-82789599226502298022024-03-05T10:15:00.005+01:002024-03-10T10:41:53.186+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2923 : "Nous voici le moins nombreux de tous les peuples." ( Daniel 3/37)<p> En méditant la 1° lecture de ce mardi 5 mars, tirée du prophète Daniel au chapitre 3ème, j'ai l'impression d'y voir décrite la situation de notre Eglise du 21° siècle en France : "<i>Tu as dit que tu rendrais leur descendance aussi nombreuse que les astres du ciel, que le sable au rivage des mers. Or nous voici, ô Maître, le moins nombreux de tous les peuples..." </i>Eh oui, jadis, dans notre enfance, pour les plus anciens, nous avons connu des églises pleines ; l'Eglise jouait un rôle central au coeur de la société, du moins le croyions-nous ! Mais, pour différentes raisons, tout cela s'est écroulé. Ce qui fait qu'aujourd'hui, nombre de baptisés se sentent un peu perdus, incompris et isolés. Témoin cette inscription de l'IVG dans la Constitution, alors que le 29 février, les évêques de France ont déclaré ceci : <i>"L'avortement (...) demeure une atteinte à la vie en son commencement." </i>Mais qui écoute encore la parole de l'Eglise et des évêques dans notre pays ?</p><p>Nous voici donc, si vous avez relu ce passage du Livre d'Isaïe, jetés dans la grande fournaise ardente de la société, comme jadis ces 3 jeunes qui avaient refusé d'adorer la statue en or du roi de Babylone, Nabuchodonosor. Mais alors, que s'est-il passé pour eux ? Ont-ils douté ? Dieu les a-t-il oubliés ? Le feu les a-t-il dévorés ? C'est là que l'exemple est intéressant ! Que se passe-t-il en effet ? Ananias, Azarias et Misaël se promènent au milieu du feu comme si, dans la fournaise, <i>"soufflait comme un vent de rosée." </i>(Dn 3/50) Ils sont accompagnés par un ange, qui <i>"ressemble à un être divin". </i>(Dn 3/92) Et ils prient Dieu et lui rendent grâce !</p><p>Qu'est-ce que cela signifie, sinon qu'être enveloppé par les flammes et être sain et sauf, cela est possible avec l'aide du Seigneur. Autrement, dit, même si nous vivons dans un contexte social et culturel assez différent de la dynamique évangélique, nous pouvons rester sains et saufs grâce à notre enracinement en Jésus et en ce même Evangile. C'est cela, la différence chrétienne : éviter d'être brûlés dans notre cerveau, dans notre coeur, dans notre conception de l'existence, dans tout ce qui nous remplit d'espérance. Cela n'est possible que si nous nous laissons prendre la main par le Seigneur, par les anges qu'il nous envoie. L'Evangile nous donne d'ailleurs les antidotes les plus radicaux pour nous guérir de notre peur.</p><p>Oui, nous sommes bien petits et bien faibles, en tant que croyants, parmi nos concitoyens, et souvent même au sein de nos familles. Mais Dieu ne nous abandonne pas. N'y a-t-il pas eu de nombreuses périodes de l'histoire où le peuple de Dieu en Israël s'est trouvé réduit à <i>"un petit reste"</i> (Michée 2/12) ? L'alternative qui nous est proposée : rien d'autre que de se présenter à Dieu le coeur brisé et l'esprit humilié, ainsi que nous le faisons en ce temps de carême.</p><p>Et cela, le coeur ouvert à l'avenir, persuadés que la porte de notre société, comme celle de nos coeurs, n'est pas fermée, même si le climat semble indifférent ou hostile. Car Dieu est toujours fidèle, et il nous faut être assez courageux et suffisamment croyants pour rêver d'un monde meilleur, et continuer d'oeuvrer, humblement, pour le faire advenir. </p><p>Même si nous sommes peu nombreux, n'oublions quand même pas que Dieu est avec nous ! <i>"Ceux qui mettent leur confiance en toi ne seront pas déçus !" </i>(Dn 3/40)<br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-71760063939748427962024-03-02T23:50:00.020+01:002024-03-03T09:01:13.636+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2922 : Malraux, Gandhi, Jean XXIII, Rigoberta, merci !<p>Nous constatons tous que notre société ne laisse plus fleurir en elle tellement de belles figures, à l'image, en Europe, d'Alexeï Navalny dont l'exemple est magnifique ; ou dans l'Eglise catholique, le visage évangélique du pape François. Ne sommes-nous pas devenus un ventre mou ?<br /></p><p>Personnellement, dans ma jeunesse, j'ai eu la chance d'être "biberonné" par Jacques Brel, Georges Brassens, André Malraux, Albert Camus, Mgr Gaillot, Jean Cocteau, l'abbé Pierre, Olivier Messiaen, Sr Emmanuelle, Mgr Desmond Tutu, Nelson Mandela, Rigoberta Menchù, Antoine de Saint-Exupéry, Henry de Montherlant, le "bon pape" Jean XXIII, Gandhi, Martin-Luther King et autres grandes figures de la 2° moitié du XX° siècle... Je remercie le Ciel d'avoir eu de tels guides dans ma jeunesse. Ils m'ont pris en charge, ils m'ont tout appris, je leur dois tout : la joie de vivre, la saveur de l'engagement, la profondeur de la réflexion, l'ouverture de l'Eglise dans le sens de l'Evangile, l'espoir d'un monde nouveau, la victoire de la Vie sur la mort, le souci des personnes en détresse, le sens de la fraternité, la compréhension des autres religions et traditions spirituelles, la dimension biblique de l'Histoire, la beauté des aurores, le vrai sens du sacré, la religion au service de l'Homme...</p><p>Je pense en effet que, sans eux, j'en serais resté à la conception d'une religion tournée sur elle-même, repliée sur ses chapelles, ses rites et ses dévotions. Alors que Jésus a toujours invité ses disciples à oser partir vers le grand large. Luc 5/4 : <i>"Jésus dit à Simon : "avance en eau profonde, et jetez vos filets..." </i>De ces grands témoins qui ont éclairé le chemin de mon existence, j'ai appris qu'il ne fallait pas enterrer nos talents ni nos projets dans des façons de faire trop étroites, mais toujours avoir le souci d'aller de l'avant. Parmi les signes d'une telle ouverture, l'on peut citer les Cercles de silence, le dialogue interreligieux, les Cafés-Théo ; mais aussi l'accompagnement des migrants, des familles en deuil, le souci des personnes malades ou isolées, l'attention portée aux prisonniers, l'engagement humanitaire auprès des plus défavorisés, etc...</p><p>Des grands témoins de l'envergure que j'ai cités, y en a-t-il encore de nos jours au milieu de nous ? Certainement, mais différemment sans doute. Peu de noms d'une égale importance me viennent à l'esprit malheureusement. La société dans laquelle nous vivons manquerait-elle de guides ? Non, sans doute ! Je fais appel à vous, chers amis blogueurs, pour faire émerger et évoquer pour nous d'aussi grandes et belles figures pour aujourd'hui ; sur lesquels nous puissions nous appuyer pour avancer sur le Chemin ! Merci !<br /></p><p><br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-40477311159699321812024-02-25T12:42:00.054+01:002024-02-26T19:30:24.400+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2921 : Quelques belles chances de survie pour l'Eglise Catholique<p> Sans vouloir être pessimistes, il nous faut reconnaître que notre Eglise Catholique ne rassemble pas la foule, avec seulement 1 à 2% de pratiquants dans notre pays, la France. D'ailleurs, chacun de nous souffre énormément de ce fait. A ce sujet, honneur aux courageux cheveux blancs qui sont encore présents sur les bancs de nos églises ! Mais les autres, les jeunes, les générations actives, les personnes en difficulté ou autres, où sont-ils ? Et pourtant, il y aurait sans doute des moyens de permettre à nos concitoyens de retrouver un lien profond avec le Christ, et de renouveler la vie de notre Eglise. Et si l'exemple des autres religions ou traditions religieuses pouvait nous éclairer ?</p><p>Prenons les Juifs par exemple. Ce dimanche matin, l'émission de télé les concernant expliquait comment la transmission était pour eux une attitude tout à fait centrale. Savoir transmettre leur foi, c'est en effet, pour tout membre de la communauté juive, un acte fondamental ; et cela, à partir de la Parole de Dieu. </p><p>Il n'en n'est pas de même chez les catholiques. Il est très évocateur que, dans la synthèse des réponses sur le diocèse de Luçon, par rapport au prochain Synode romain, sur 10 pages, 3 lignes seulement soient consacrées à cette question de la transmission, dans le point n° 21, avec cet aveu : <i>"Nous n'avons pas bien transmis la foi aux jeunes..."</i></p><p><i> </i>L'exemple le plus douloureux étant celui du caté, pour lequel prêtres et catéchistes investissent des forces considérables. Or, chacun peut constater qu'après des années d'efforts, au lendemain de la profession de foi, sinon de la première communion, plus aucun enfant, ou presque, ne revient plus désormais participer à l'eucharistie. Voici un exemple de transmission totalement raté, mais que personne ne prend en compte ni n'analyse, et qui ne pose toujours pas question à nos responsables ecclésiaux,pas plus qu'au peuple catholique que nous formons : aucune remise en cause, ni du projet, ni des méthodes, ne semble envisagée en vérité ! Et si les catholiques acceptaient de se lancer dans un profonde réflexion par rapport à leur façon d'envisager la transmission de l'Evangile au coeur de nos familles et de notre société ?<br /></p><p>Autre point, celui de l'écoute de l'Esprit-Saint ; j'aurais peut-être dû d'ailleurs l'envisager en premier. Je participais jeudi dernier à une table ronde avec le pasteur protestant de Mouchamps dans le Nord-Vendée, le Père Alexis Struve, curé de la paroisse orthodoxe en Vendée et le P. de Boudemange, prof à l'Université catholique d'Angers. Tous les trois, sans s'être concertés, ont souligné que, pour que les choses s'éveillent et avancent dans nos communautés et nos institutions ecclésiales, la base était que l'on se mette ensemble à l'écoute de l'Esprit-Saint. En effet, si l'on ne prie pas l'Esprit, si l'Esprit ne souffle pas à travers le Corps du Christ, ne nous étonnons pas que ce Corps tombe malade et qu'il risque même de mourir !</p><p>Troisième piste essentielle, qui nous est révélée surtout par nos frères protestants : comprendre que ce ne sont ni le pape, ni les évêques qui vont faire avancer les choses d'en haut, mais qu'il nous faut savoir tenir compte du sacerdoce commun des fidèles. Les protestants ont une grande habitude de donner la parole aux baptisés, de leur permettre de prendre en charge la vie de leur Eglise. Ils évitent, chez eux, que tel choix soit le fruit de la décision d'une seule personne, fut-elle mitrée. Ils mettent en valeur ce que l'on considère comme "le sacerdoce commun des fidèles". Ils ont compris que, quand Jésus a dit à Pierre : "Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise", Jésus voulait signifier que, à travers Pierre, c'est bien sur l'ensemble du peuple de Dieu, représenté par Pierre, qu'il voulait bâtir son Eglise.</p><p>Je pourrais continuer ainsi cette analyse, à partir de ce que peuvent nous apprendre d'autres Eglises. Mais si déjà l'on tenait compte de ces trois points, la face de notre Eglise ne serait-elle pas en possibilité de rayonner davantage de l'immense Amour du Christ ? A chacun de nous d'y réfléchir à présent, et, pourquoi pas, d'y ajouter sa propre réflexion et ses propositions, dans la lumière de l'Esprit-Saint ? Merci !<br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-5390284388852941882024-02-21T17:47:00.002+01:002024-02-21T17:47:48.418+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2920 : Qu'est-ce qui intéresse Dieu dans ma vie ?<p> Quand on arrive à un certain âge, et que l'on commence à prendre le temps de faire le bilan de sa vie, la tentation est de faire la liste de tout ce qui a bien marché dans notre existence, de tout ce que l'on croit avoir fait de beau, de grand, de magnifique, d'extraordinaire même, parfois ; et cela, pour Dieu (soit-disant), pour l'Eglise (?) et un peu pour les autres aussi malgré tout...</p><p>Et alors, on se dit, comme le pharisien de l'Evangile (Matthieu 18/9-14) : <i>"O Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme les autres hommes, qui sont voleurs, malfaisants, adultères, (pédophiles)... ; je paie la dîme..." </i></p><p>Malheureux, mais qui es-tu pour raisonner ainsi ? Pour qui te prends-tu ? Pourquoi cherches-tu ainsi à te valoriser ? Pourquoi aimes-tu tant que l'on dise et redise du bien de toi ? <i>"Ah lui, quel bon prêtre ! On n'en n'a jamais eu un comme ça ! Nous, il nous a beaucoup aidés. Notre paroisse lui doit beaucoup !..." </i></p><p>Avant qu'il ne soit trop tard, c'est le moment alors de réentendre ces paroles fortes de Jésus à son équipe de disciples (les ancêtres des prêtres d'aujourd'hui, qui ont ressenti déjà cette même tentation) : <i>"Malheureux êtes-vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous : c'est en effet de la même manière que leurs pères traitaient les faux prophètes." </i>(Luc 6/26)</p><p>Aïe ! Mais alors, les choses ne sont pas simples ! Est-ce que Dieu ne serait pas content de ce qu'on a fait de bien, et en son nom s'il vous plaît ? J'avais récemment un échange avec une paroissienne à ce sujet, et ses réflexions m'ont fait beaucoup de bien : <i>"Est-ce que l'on ne perd pas son temps si l'on cherche à faire le compte de tout ce que l'on croit avoir fait de bien durant notre vie ? La chose la plus belle en effet, quand on vieillit, c'est de regarder notre histoire, de la reprendre, mais de la relire autrement. Non pour y repérer ce que nous, on aurait "réussi" - </i> je n'aime pas ce mot, m'a-t-elle dit <i>- mais pour pour y relire comment l'Amour de Dieu a illuminé ce que j'ai vécu."</i></p><p>En réalité, tout homme, au soir de sa vie, recherche une reconnaissance ; il aime que ses proches - mai<i>s </i>c'est rare - lui fasse des louanges. Une petite médaille, cela ne fait pas de mal ! Il faut s'appeler Robert Badinter pour refuser la légion d'honneur... Mais cette reconnaissance dont l'on pourrait rêver, on ne la trouvera jamais pleinement. Et ce ne serait pas bon pour nous. </p><p>Par contre, le Seigneur, lui, sait qui nous avons été réellement. Etudions plutôt ce que Dieu a fait de nous<i> </i>; regardons si nous lui avons été fidèles ? Réjouissons-nous de ce qu'il nous ait accompagné, avec tant de patience, durant tant d'années. Disons-lui et redisons-lui<i> </i>merci pour tout ce qu'il nous a permis de vivre et de faire<i>, </i>dans sa Lumière. Et<i> </i>c'est même à travers nos failles, nos blessures, nos manquements, notre péché, qu'il a pu faire de belles choses ; car Dieu s'est servi aussi de nos faiblesses pour faire grandir son Royaume !</p><p>En résumé, ne pas nous regarder nous, et contempler ce qu'on a fait, mais bien plutôt ce que Dieu a réalisé et fait grandir, à travers le tuyau percé que nous avons été. Comme l'a si bien dit la Vierge Marie, très humblement : <i><b>"Le Seigneur fit pour moi des merveilles, saint est son nom."</b></i><br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-14006049925626709572024-02-19T23:03:00.005+01:002024-02-20T09:47:20.373+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2919 : Alexei Navalny, figure christique de l'opprimé volontaire<p><i>L'une des fidèles de ce blog, Claude, qui habite tout près d'Ars, m'a suggéré de publier cette magnifique réflexion que vient de faire sur son blog la bibliste bien connue Anne Soupa. Merci à toutes les deux !</i></p><p><i> </i> <!--[if gte mso 9]><xml>
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</p><p>La mort d’Alexei Navalny soulève en chacun une grande tristesse et une
grande colère. Tristesse légitime car avec lui disparaît une voix qui défendait
la liberté et la vérité. Colère tout autant légitime car, même si l’on ignore
les conditions exactes de sa mort, on ne peut qu’y voir la conséquence de
mauvais traitements répétés, surtout envers un homme à la santé altérée par
l’empoisonnement subi en 2020.</p>
<p>Mais ce n’est pas tout. Cette mort interroge fortement le chrétien. Alexei
Navalny est une figure christique, un homme de bien foudroyé par le pouvoir.
Une comparaison avec le Christ vient à l’esprit. Cela fait plusieurs années que
j’observe le retour de ces figures christiques dans le paysage politique et
social, à cause de l’arrogance des régimes autoritaires, meurtriers des
innocents et des faibles, en Chine, en Turquie, en Birmanie, en Russie, aux
Etats Unis, même. Navalny en est pour moi l’illustration la plus accomplie.</p>
<p>Qu’a -t-il donc fait pour mériter ce titre ?</p>
<p>Certes, comme Jésus, il a chassé les marchands du Temple, en publiant
l’inventaire des biens de Poutine : « Ne faites pas de la maison de
mon Père une maison de commerce », disait Jésus. Navalny a tout simplement
rappelé que ces biens avaient été volés à la Mère patrie russe. Certes, comme
Jésus, Navalny a lutté pour la liberté et le respect de la parole de tous dans
la gestion de la vie commune.</p>
<p>Mais c’est sur un troisième plan que la ressemblance nous enseigne, non sans
nous troubler. Lorsque Navalny est, de son plein gré, rentré de Berlin à
Moscou, en 2021, je me suis interrogée en profondeur, jusqu’à me découvrir
incapable d’en faire autant. Pourquoi se mettre ainsi dans la gueule du
loup ? Pourquoi courir au martyre en perdant la possibilité de s’exprimer depuis
l’exil ? Pourquoi ne pas choisir l’efficacité, cette vertu chatoyante et
consensuelle, moderne par excellence ?</p>
<p>Navalny s’en est expliqué : on ne défend pas une cause de l’extérieur, mais
de l’intérieur. Il lui fallait partager le sort de tous, rester solidaire de
son peuple muselé, vivre la fraternité sans chipoter, avec tous les risques qui
lui sont associés. J’admire son choix, intelligent, lucide, d’un courage fou.</p>
<p>Jésus aussi s’est posé la question de l’utilité de son sacrifice. Bien sûr,
il savait qu’il serait la victime de l’histoire, mais il ne l’a pas accepté
sans douleur. Alors que Navalny pouvait -peut-être- espérer un plus grand
soutien du peuple russe, ou un revirement de l’histoire, ou une faiblesse du
dictateur, Jésus, lui, n’espérait rien, car sa mission était cette
« Heure » de la montée au calvaire.</p>
<p>Lorsqu’il a appris la mort de Lazare, il était en sécurité, loin de
Jérusalem où le pouvoir voulait « se saisir de lui » (Jean 10, 39).
Mais, poussé par l’amitié envers Lazare mourant, il est revenu en Judée. Or, il
a laissé passer deux jours avant de se décider. Pourquoi ? Il s’en
explique. Enfin, si on veut, car ses paroles restent énigmatiques. En clair, il
dit que son rôle est de veiller à ce que la lumière venue dans le monde brille,
et que telle est sa mission. Je pense donc que cette phrase trahit son dilemme
intérieur, le retour sur lui-même qu’il doit accomplir pour trouver l’élan
nécessaire avant d’affronter sa Passion. Qui sait combien de jours il aura
fallu à Navalny pour arriver au même choix ?</p>
<p>Leur sacrifice commun met au jour une réalité essentielle du christianisme
qui n’est pas souvent exprimée tout haut, alors qu’elle structure chaque verset
des Béatitudes, pour ne citer qu’un seul exemple. Je ne puis affirmer que
l’objectif de Navalny était d’exercer un pouvoir différent de celui de Poutine.
Mais sa mort prématurée le fait basculer ailleurs, dans une place christique
dont il faut maintenant rendre compte. Navalny ne sera jamais un homme de
pouvoir, il ne sera jamais celui qui veut, tout bonnement, être calife à la
place du calife.</p>
<p>En rentrant en Russie, en se mettant entre les mains du pouvoir, il a fait
tout le contraire. Comme le Christ, selon le mot de Paul, « s’est fait
péché » (2<sup>e</sup> Lettre aux Corinthiens 5, 21), Navalny « s’est
fait délinquant », hors la loi, alors qu’il n’avait pas péché. En effet,
le motif pour lequel il a été emprisonné est quasiment kafkaïen : lors de
son départ de Russie, en 2020, il avait omis de prévenir de son départ. Or, il
venait d’être empoisonné, il était comateux, et son départ a été organisé par
les autorités russes elles-mêmes…</p>
<p>Entrons dans cette logique christique, si difficile à comprendre. En se <i>laissant
devenir</i> un opprimé, Navalny a obtenu des succès de taille. Devenu pareil
aux autres opprimés, il a permis qu’ils soient reconnus. En secouant le manteau
d’oppression qui pesait sur eux, il a réhabilité, du premier au dernier des
onze fuseaux horaires qui traversent cet immense pays, tous les opposants
politiques dont la cause était niée, il a fait entendre la douleur des mères en
deuil de leurs fils soldats et il a redonné la parole aux quidams muselés par
la peur.</p>
<p>De surcroît, du milieu de cette « foule immense que nul ne pouvait
dénombrer » chère au livre de l’Apocalypse (7, 9), il a fait remonter à
nos mémoires les innombrables visages, passés et présents, des condamnés au
goulag. C’est tout le peuple russe qui, par la mort de Navalny, reçoit la
couronne de lauriers du martyre. Enfin, l’existence, la dignité, la liberté
leur sont rendues.</p>
<p>Navalny, comme Jésus, est ce qu’il faut appeler « un opprimé
volontaire ». Catégorie qui déboute le pouvoir établi, en lui enlevant
toute prise. Catégorie qui surprend, toujours, parce qu’elle est à rebours de
nos aspirations les plus évidentes, et qui effraie, souvent, car bien peu
d’entre nous veulent la partager. En somme, l’opprimé volontaire tétanise
autant ceux qu’il aide que ceux qu’il dénonce, tant il montre que des chemins
de contestation restent ouverts, alors qu’existe un consensus presqu’unanime
-des puissants, des victimes et des disciples éventuels- pour les tenir fermés.
Ce n’est pas sans motif sérieux que les disciples ont fui lors de la
Passion !</p>
<p>De ce saut, impossible à la plupart d’entre nous, vient l’auréole de
l’autorité morale dont, un jour, on couronnera l’opprimé volontaire. Le pouvoir
qu’il en tire est construit à l’exact rebours de l’ambition personnelle :
en prenant la place du dernier opprimé, il éclaire les abus de pouvoir des
puissants, par une contestation radicale, entière, mais à peine visible, tant
les puissants la méprisent. Et la tragédie s’ajoute au crime quand on constate
que ceux pour qui Navalny s’est laissé menotter sont tellement sous l’emprise
de la peur qu’ils risquent de ne jamais se rendre compte de tout ce que le
pauvre exilé tout au nord, près du pôle, là où la vie est réputée impossible,
aura enduré pour eux.</p>
<p>Il est enfin facile de superposer procès de Jésus et procès de Navalny. Les
mêmes ingrédients y figurent : accusations infondées, silence de Jésus et
humour de dérision de Navalny, humiliations, mauvais traitements et sévices des
gardiens, mensonges de part et d’autre.</p>
<p>Enfin cette comparaison fait naître une dernière question, qui me taraude :
qui, en ces jours sombres, va prendre soin du corps de Navalny ? Aux
dernières nouvelles, on le dit introuvable. Navalny aurait-il dépassé Jésus
dans le malheur, qu’on ne puisse même pas rendre hommage à sa dépouille ?
Pilate était moins cruel…</p>
<p>En somme, quel fruit tirer de cette comparaison entre les deux hommes ?
Jésus illustre cette figure humaine fondamentale qui se dresse contre
l’inhumanité de la servitude. Il est ce <i>topos</i>, cette ressource dont le
monde a un besoin vital. Alexei Navalny en est une résurgence, et il y en a
d’autres. L’un comme l’autre réaffirment au prix de leur vie que l’homme est
appelé à la liberté et que c’est lui faire honte que de l’oublier. Grâce leur
soit rendue.</p><p>Anne Soupa</p><div class="D_F ac_FT ab_CI en_0"></div><br /><div class="D_F ab_CI en_0 H_6Fd5 W_6Fd5 lv_1IWXzk h_Z13pql2 h4_2d9T5e"></div><div class="X_6MGW"></div><div dir="ltr"><a href="https://www.annesoupa.fr/blog/alexei-navalny-figure-christique-de-lopprime-volontaire/" target="_blank">https://www.annesoupa.fr/blog/alexei-navalny-figure-christique-de-lopprime-volontaire/</a><br /></div><div dir="ltr"><br /><br /></div><br /><footer class="entry-footer">
<h5><br /></h5>
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<p class="MsoNormal"> </p>
<p></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-3164015531877492782024-02-19T17:13:00.005+01:002024-02-19T17:16:13.434+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2918 : La foi de Navalny<p> <i>Merci au journal "La Vie" qui présente cet intéressant article, sous la plume éclairée de Pierre Jova :</i></p><p><i><br /></i></p><div class="content-art"><p>« <i>Hourra ! Le Christ est ressuscité. La vie et l’amour ont gagné.</i> »
Ce 2 mai 2021, depuis la colonie pénitentiaire où il est emprisonné,
Alexeï Navalny publie sur les réseaux sociaux un message pour la fête de
Pâques selon le calendrier orthodoxe russe. « <i>Je salue tout le
monde : les croyants (que je suis maintenant), les non-croyants (que
j’étais) et les athées (que j’étais également)</i> », écrit l’opposant numéro 1 au régime.</p>
<p>Mort dans une prison de l’Arctique le 16 février 2024, celui qui
faisait trembler les murs du Kremlin à la tête de la Fondation
anticorruption était revenu au christianisme orthodoxe à l’âge adulte,
et sa foi joua un grand rôle dans son militantisme.</p>
<p>« <i>Je ne sais plus de quoi parler, Monsieur le juge. Si vous voulez, je vous parlerai de Dieu et du salut »</i>, avait lancé Alexeï Navalny à ses juges, lors du procès qui servit de prétexte à son incarcération, le 20 février 2021. « <i>Le
fait est que je suis chrétien, ce qui fait de moi la risée de la
Fondation anticorruption, car la plupart de nos membres sont athées et
j’ai moi-même été un athée militant. Mais aujourd’hui, je suis croyant
et cela m’aide beaucoup dans mes activités, car tout devient beaucoup,
beaucoup plus facile. Je réfléchis moins »</i>, témoigne le dissident, faisant référence à la Bible : « <i>Il
y a moins de dilemmes dans ma vie, parce qu’il y a un livre dans
lequel, en général, il est plus ou moins clairement écrit ce qu’il faut
faire dans chaque situation. Il n’est pas toujours facile de suivre ce
livre, bien sûr, mais je m’y efforce. Ainsi, comme je l’ai dit, il est
probablement plus facile pour moi que pour beaucoup d’autres de
m’engager en politique. »</i></p>
<h2><span style="font-size: small;">Baptisé en secret par sa grand-mère</span></h2>
<p>Né en 1976 d’un père militaire, Alexeï Navalny avait été baptisé en
secret par sa grand-mère ukrainienne. Il a été un des maillons de cette
chaîne invisible déployée depuis le début des persécutions soviétiques
par des babouchkas qui administraient le baptême à leurs petits-enfants –
ou appelaient un prêtre en cachette. Elles étaient animées d’une piété à
la simplicité biblique, parfois un peu superstitieuse, et n’avaient
rien à perdre. Ces grands-mères se débrouillaient ensuite pour leur
transmettre un minimum de vie spirituelle : se signer devant une icône,
allumer un cierge… Ce sont elles qui ont maintenu à flot le
christianisme orthodoxe en Union soviétique.</p>
<p>Le dernier président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev avait lui-même été
baptisé en secret enfant. Tout comme Vladimir Poutine, emporté un mois
après sa naissance en 1952 par sa mère et une voisine à la cathédrale de
la Transfiguration de Leningrad. Ces baptêmes sous le manteau ne
faisaient pas pour autant des chrétiens pratiquants. « <i>Jusqu’à l’âge
de 25 ans environ, lorsque je suis devenu père, j’étais un athée
tellement enragé que j’étais prêt à attraper n’importe quel prêtre par
la barbe »</i>, confia Alexeï Navalny, dans un long entretien accordé à l’écrivain – et opposant – Boris Akounine. C’est à la même époque que le jeune avocat moscovite devient opposant
au régime, chez les libéraux du parti Iaboko (« pomme »), puis les
nationalistes de « la Marche russe ».</p>
<div class="complement">
<a href="https://www.lavie.fr/actualite/a-tbilissi-les-opposants-russes-prennent-les-armes-de-la-culture-88189.php" rel="noopener noreferrer" target="_blank"><span></span></a>
</div>
<h2><span style="font-size: small;">« Je ne connais pas ma religion aussi bien que je le voudrais, mais j’y travaille »</span></h2>
<p>Avec Boris Akounine, Alexeï Navalny évoque sa foi avec une désarmante candeur. « <i>J’ai
honte de dire que je suis un croyant post-soviétique typique –
j’observe les jeûnes, je me signe quand je passe devant une église, mais
je ne vais pas souvent à l’église. Lorsque mes amis se moquent de moi
parce que j’ai commandé une salade de légumes « parce que c’est un jour
de jeûne », et qu’ils m’interrogent sur la signification de tel ou tel
jeûne, je me sens vite dépassé, et ils se moquent de moi comme d’un
« orthodoxe de pacotille, qui ne connaît rien à sa religion ». C’est
vrai, je ne connais pas ma religion aussi bien que je le voudrais, mais
j’y travaille »</i>, explique-t-il. Cet accent de sincérité tranche
avec les dignitaires économiques et politiques russes qui ne manquent
pas de parader à l’office.</p>
<p>« <i>Je ne pense pas que je puisse faire de ma foi religieuse un
atout politique – ce serait tout simplement ridicule. Je ne fais pas de
publicité pour ma foi et je ne la cache pas non plus ; elle est là,
c’est tout »</i>, ajoute Navalny, précisant que son appartenance à l’orthodoxie ne l’empêche pas de chercher la compagnie des athées. « <i>Je
suis croyant ; j’aime être chrétien et membre de l’Église orthodoxe,
j’aime sentir que je fais partie de quelque chose de grand et
d’universel. J’aime le fait qu’il y ait un ethos distinctif et un
certain ascétisme. Mais en même temps, je suis très heureux de vivre
dans un milieu majoritairement athée. Il est normal qu’il y ait des gens
religieux, et il est normal que certains se moquent de la religiosité.
Les blagues sur la religiosité dans </i>The Simpsons<i> et </i>South Park<i> sont excellentes et ne m’offensent pas le moins du monde. »</i></p>
<h2><span style="font-size: small;">« Je ne regrette pas d’être revenu »</span></h2>
<p><span style="font-size: small;">Croyant distancé, Navalny était semblable à ses contemporains. Les
Ru</span>sses sont certes revenus à la foi après la chute du communisme, mais
leur attachement est avant tout identitaire : sur 72 % de la population
se déclarant orthodoxes, seules 1,4 million de personnes ont assisté à
la liturgie de Noël le 7 janvier 2024, soit moins de 1 % du pays. De
nombreux prêtres sont conscients du décalage entre la religiosité
affichée et la réalité des comportements. L’Église orthodoxe russe est
tiraillée entre une frange – hier assez influente auprès du patriarche
de Moscou Cyrille – qui cherche à proposer une foi assez solide pour
s’ouvrir à la modernité, et des cercles intégristes à faire pâlir les
pharisiens de l’Évangile. Prenant la défense des Pussy Riots, groupe
féministe ayant chanté une « prière punk » contre Poutine dans la
cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou en 2012, Navalny s’était aliéné
les traditionalistes orthodoxes.</p>
<p>Lui qui se sentait assez libre pour plaider la cause de
« blasphématrices » l’était tout autant pour respecter la place
privilégiée de l’orthodoxie russe. « <i>Nous ne devrions cependant pas nier le fait évident que la religion de la Russie est le christianisme orthodoxe »</i>, dit-il à Boris Akounine, tout en précisant que cela n’impliquait « <i>aucune discrimination à l’égard de quiconque ».</i> Le dissident n’était pas dupe de l’allégeance du clergé à l’égard du régime. « <i>La
position de l’Église orthodoxe à cet égard est que tout pouvoir vient
de Dieu et qu’elle soutiendra donc celui qui est au pouvoir. Il faut
être philosophe à ce sujet »</i>, balayait-il avec une étonnante simplicité, estimant « <i>très peu probable »</i> que l’Église joue un rôle dans une révolution pacifique. « <i>Mais
j’aimerais que l’Église orthodoxe occupe une position dans la société
qui permette aux parties en conflit de rechercher et d’accepter sa
médiation. »</i></p>
<h2><span style="font-size: small;">« Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés »</span></h2>
<p>Victime d’un empoisonnement en août 2020 et hospitalisé à Berlin,
Alexeï Navalny aurait pu choisir l’exil et la liberté. Il choisit de
retourner en Russie en janvier 2021, marchant consciemment vers la
condamnation – et une mort certaine. Le journaliste Alexandre Morozov le
compara au prophète Jonas, acceptant d’être jeté par-dessus bord dans
la gueule de la baleine.</p>
<p>« <i>Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés</i> » (Matthieu 5, 6), cita Navalny lors de son procès : « <i>J’ai
toujours pensé que ce commandement particulier était plus ou moins une
instruction d’activité. Ainsi, même si je n’apprécie pas vraiment
l’endroit où je me trouve, je ne regrette pas d’être revenu, ni ce que
je fais. Tout va bien, parce que j’ai fait ce qu’il fallait. Au
contraire, j’éprouve une réelle satisfaction. Parce qu’à un moment
difficile, j’ai fait ce qui était demandé par les instructions et je
n’ai pas trahi le commandement. »</i></p>
<p>Dans une Russie déjà verrouillée avant l’invasion de l’Ukraine,
Alexeï Navalny a renoué avec la tradition orthodoxe des fols-en-Christ,
clochards célestes qui interpellent le Tsar et les autorités religieuses
au nom de l’Évangile. « <i>Ces hypocrites qui mettaient les gens en
prison parce qu’ils possédaient une Bible, mais qui se bénissent
eux-mêmes dans les temples aujourd’hui »</i>, écrivit-il en 2023 sur
Twitter, ciblant directement l’ancien officier du KGB au pouvoir à
Moscou… Dans la déclaration aux allures de prêche qu’il fit à ses juges,
Navalny affirmait qu’il ne se sentait pas seul en prison.</p>
<p>« <i>Et je vais vous expliquer pourquoi. Cet enseignement –
« Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront
rassasiés » – semble quelque peu ésotérique et étrange, mais il s’agit
en fait de la doctrine politique centrale de la Russie moderne. Monsieur
le juge, qu’est-ce que cette phrase ou ce slogan, le slogan politique
le plus important en Russie ? Où se trouve le pouvoir ? Le pouvoir
réside dans la vérité. C’est ce que dit cet enseignement. C’est ainsi
qu’il pourrait être résumé en un tweet, en omettant les mots inutiles
tels que « de » et « soif ». C’est ce qu’il signifie essentiellement. Et
le pays tout entier répète dans de nombreuses permutations différentes
que le pouvoir réside dans la vérité, et que quiconque détient la vérité
sera victorieux. »</i> Et le fol-en-Christ d’annoncer : « <i>Des
dizaines de millions de personnes veulent la vérité. Ils veulent
connaître la vérité et, tôt ou tard, ils y parviendront. Ils seront
satisfaits. »</i> Ainsi, avait-il prophétisé, « <i>la Russie sera heureuse. »</i></p></div><br />Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-60159463413218718162024-02-17T19:49:00.018+01:002024-02-17T22:35:11.151+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2917 : Nous pleurons la mort d'un Juste, en Russie : Alexis Navalny<p><i>Cher Alexeï Navalny,</i></p>
<article class="open-letter-intro-quote">
<i><i><b>Ils vous ont tué.</b><br /><br />Aujourd'hui, nous sommes des millions à pleurer aux côtés de votre famille et à célébrer votre mémoire.<br /><br /><b>Il n’y a pas de mots pour décrire votre courage </b><b>:</b>
votre courage est celui que tous les dictateurs craignent le plus,
celui qui inspire les hommes et les femmes à se soulever contre la
tyrannie.<br /><br /><b>Et vous l<i><b>’</b></i>avez payé par le plus grand des sacrifices :</b> d'abord l'empoisonnement, puis la prison et maintenant la mort.<br /><br /><b>Notre monde retient son souffle</b>
alors que la guerre fait rage en Ukraine et au Proche-Orient. Dans ces
temps troublés, votre héritage nous donne de la force. Nous ne
regarderons pas ailleurs pendant que nos démocraties sont menacées.<br /><br /><b>Reposez en paix,<br /></b><br />Des hommes et des femmes venus du monde entier</i>.</i></article><article class="open-letter-intro-quote"><i> </i></article><article class="open-letter-intro-quote"><i><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span> ______________________</i></article><article class="open-letter-intro-quote"><i> </i></article><article class="open-letter-intro-quote">A l'initiative de Aavaz, le message ci-dessus, à l'heure où j'écris ce billet, ce samedi 17 février à 19h, a déjà été signé par 355.612 personnes, du monde entier. </article><article class="open-letter-intro-quote"> </article><article class="open-letter-intro-quote"> <b>Pour info, Avaaz est un réseau citoyen international de 70 millions de membres</b>
qui mène des campagnes pour que les opinions et les valeurs de ses
membres pèsent sur les décisions internationales. Avaaz signifie "voix"
en Asie centrale. Ses membres viennent de tous les pays ; l'équipe
est répartie sur 18 pays et 5 continents et travaille dans 17 langues.</article><article class="open-letter-intro-quote">Adresse : avaaz@avaaz.org</article><article class="open-letter-intro-quote"> </article><article class="open-letter-intro-quote">Comme nombre de concitoyens du monde entier, je suis très triste. Je ne rajouterai pas de commentaires à tout ce que les médias nous partagent à propos de cet événement. Par contre, comment ne pas être tenté de dire que tout est fini, qu'il n'existe plus aucun espoir en terre de Russie ?</article><article class="open-letter-intro-quote"> </article><article class="open-letter-intro-quote">Mais s'exprimer ainsi, ce serait n'avoir rien compris au message que nous laisse Alexis Navalny. Cet homme n'était-il pas un ouvrier de l'espérance ? Il a fait son devoir, et il nous invite tous à présent à prendre la relève, à être nous aussi, comme lui, à sa suite et à son exemple, des artisans de la paix du monde. </article><article class="open-letter-intro-quote"><br /></article><article class="open-letter-intro-quote">Je retrouve une certaine parenté entre ce que vivait Navalny et le discours à la jeunesse adressé aux lycéens d'Albi en 1903, par Jean Jaurès, assassiné lui-même le 31 juillet 1914, à la veille de la Première Guerre Mondiale par un nationaliste :</article><article class="open-letter-intro-quote"><br /></article><article class="open-letter-intro-quote"><i>"Le courage, c'est de dominer ses propres fautes, d'en souffrir mais de n'en être pas accablé et de continuer son chemin. Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille ; c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel ; c'est d'agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense. Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques."</i></article><article class="open-letter-intro-quote"><i> </i></article><article class="open-letter-intro-quote">Enfin, je me permets de souligner que plusieurs commentateurs, pas forcément croyants, ont souligné que Navalny était une figure "christique" ; en effet, à l'image du Christ, malgré les risques encourus, il avait fait le choix de retourner en Russie, pour pouvoir défendre de façon crédible la liberté du peuple russe, plutôt que de rester à l'abri en Allemagne. C'est quelqu'un qui, en toute connaissance de cause, avait fait le choix de donner sa vie. Dans un tel cas, la mort change de registre et de nature ; elle devient comme une ouverture par laquelle passe une qualité de témoignage et une force de libération. Alors, la mort n'est plus seulement quelque chose de terrifiant ; mieux encore, elle n'a plus aucun pouvoir. Au lieu d'être une force négative, elle devient une force infiniment agissante et indispensable, dans l'aventure de la vie et l'ouverture vers la liberté. Les exemples de Manouchian, de Beltrame, à la suite de Gandhi et de Martin-Luther King, en sont d'ailleurs des exemples semblables, également éclatants. </article><article class="open-letter-intro-quote"><br /></article><article class="open-letter-intro-quote"><i>"... Alors se réalisera la parole de l'Ecriture : "La mort a été engloutie dans la victoire. Mort, où est ta victoire ?"... Rendons grâce à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ. Frères bien-aimés (...), votre peine n'est pas vaine dans le Seigneur". </i> (1 Corinthiens 15/54-58)<br /></article>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-72382311435446108442024-02-14T11:15:00.002+01:002024-02-14T11:15:42.788+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2916 : La sépulture de Gilbert, vécue dans dans l'action de grâce<p> D'habitude, qui dit sépulture dit tristesse, silence, visages fermés, rituel vécu dans une certaine souffrance... Et cela se comprend ! La mort n'est-elle pas une horrible mangeuse d'hommes ? Et, pour la plupart des humains, une douleur immense ! Montaigne disait d'ailleurs : <i>"La mort, on s'en signe comme du nom du diable !"</i></p><p>En tout cas, tel n'a pas été le cas lors de la sépulture du prêtre Gilbert Bossis lundi dernier, en l'église de son baptême, à St André Treize Voies. Déjà, avant la cérémonie, une chorale bien étoffée répétait des airs qui ne ressemblaient en rien à des chants d'enterrement. Une autre atmosphère était déjà ainsi créée. Et il nous fut annoncé, dès le très bref mot d'accueil, que nous allions vivre cette cérémonie dans la joie et l'action de grâces.</p><p>Nous avons été mis au parfum dès le chant d'entrée, que nul n'avait jamais entendu lors d'une sépulture : <i>"Tu es là, au coeur de nos vies, et c'est toi qui nous fais vivre..." </i>Malgré le départ de Gilbert, nous n'étions pas dans la tristesse ; la fête était là. Et cela s'est prolongé tout au long de la cérémonie : aucun des chants habituels prisés lors des enterrements, et des lectures absolument pas tirées du rituel officiel des funérailles. Sans parler d'une prière universelle axée sur l'Espérance ; et, cerise sur le gâteau, comme chant final, le fameux cantique de la Création de Patrick Richard : <i>"Mon Dieu, tu es grand, tu es beau, Dieu vivant, Dieu très haut, tu es le Dieu d'Amour..."</i></p><p>Merci, cher Gilbert, de nous avoir fait partager ta foi immense en la Résurrection. Et si cela pouvait nous inviter à vivre autrement nos célébrations de sépultures ? Sacha Guitry disait que <i>"la plupart des gens disparaissaient sans que l'on prenne conscience de l'importance de leur rôle sur la terre." </i>Quel dommage ! Alors que pourtant, toutes ces vies qui s'en vont auraient des choses à nous dire... ; mais prenons-nous le temps de les rechercher ? C'est seulement dans ce cas en effet que nous pouvons comprendre cette surprenante prière de saint François d'Assise sentant venir sa fin ; il avait ajouté ceci, un dernier verset à son "<i>Cantique du Frère Soleil" : "Loué sois-tu, Seigneur, pour notre soeur la mort corporelle, à qui nul être vivant ne peut échapper."</i></p><p>Puissions-nous, au moment de notre mort, pouvoir nous écrier, à la suite de St François d'Assise, de Patrick Richard, de Gilbert Bossis et de tant d'autres :</p><p><i>"Par cette main tendue, qui invite à la danse, </i></p><p><i>Par ce baiser jailli d'un élan d'espérance,</i></p><p><i>Par ce regard d'amour qui relève et réchauffe, je veux crier :</i></p><p><i>Mon Dieu, tu es grand, tu es beau, </i></p><p><i>Tu es le Dieu d'Amour !" </i> <br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-36478200450412276322024-02-11T13:00:00.006+01:002024-02-11T19:00:26.784+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2915 : La maladie est-elle le signe d'un échec, ou une 2ème chance ?<p> En cette journée mondiale de la santé et de prière pour les malades et les soignants, difficile d'aborder un autre sujet que celui de la maladie. Mais quand on parle de celle-ci, c'est un sentiment d'échec qui apparaît sur le champ : tu es malade, donc tu as raté quelque chose ; peut-être as-tu abusé des choses de la vie ? As-tu pris le temps de te reposer durant ton existence ? As-tu cru que pour toi, tout était possible ? N'as-tu pas veillé suffisamment sur ta santé ?</p><p>En tout cas, ce que l'on constate lorsque surgit une maladie, et particulièrement lors d'une maladie grave, c'est un sentiment d'échec qui peut nous envahir, suivi parfois d'un effondrement :<i> "Ca y est, ma vie est</i> <i>foutue ! Je ne m'y attendais pas du tout ! Je suis pourtant encore jeune. Déjà ? C'est injuste</i>", se dit-on ! Et il n'est pas aisé d'aider un malade à redresser la tête, et à ne pas se laisser écraser par ce qui l'atteint ! Pour l'entourage, ce n'est pas facile à vivre non plus !</p><p>Question : Et si notre maladie avait un sens ? Et si c'était alors notre corps qui nous donnait un avertissement, pour que nous reprenions notre vie en main, pour que nous nous comportions autrement, de façon plus saine et plus équilibrée ? Je reprends mon cas par exemple. Depuis mon ordination en 1967, pendant 55 ans et plus, j'ai vécu et agi à 120 à l'heure, sans avoir jamais été malade, même pris d'une simple grippe, ni atteint du paludisme entre autres durant mon séjour de 9 années au Mali, sans jamais m'être arrêté, ne serait-ce qu'une seule journée, pour cause de fatigue ou de maladie.J'en étais fier ! Mais était-ce normal ? N'ai-je pas abusé de frère âne ? Comment pourrais-je être surpris à présent d'avoir un coeur extrêmement fatigué, inopérable aujourd'hui ?</p><p>Pour moi en tout cas, la maladie, ce n'est pas un échec, mais bien plutôt, un signal d'alarme, un appel à prendre le temps de respecter mon organisme, de permettre enfin à mon pauvre coeur de souffler un peu avant de s'arrêter définitivement, après avoir été tellement maltraité, ignoré, mis de côté pendant tant d'années.</p><p>Mais là, mon coeur vient de se révéler, de se réveiller et de m'alerter par rapport à la façon dont je l'ai agressé ; merci à lui ! Car s'il m'a lancé un tel appel, c'était pour me défendre contre moi-même, et pour me sauver ! Mon insuffisance cardiaque actuelle a donc un aspect positif, celui de mettre mon organisme en position de lutte pour retrouver la santé. Ma maladie cardiaque n'est donc pas un échec, mais une réaction de défense positive, pour m'inviter à changer mon rythme de vie, dans le but, sinon de guérir, du moins, de ne pas être passif face au mal, et pour éviter l'effondrement.</p><p>Evidemment, pour beaucoup d'autres malades, cela ne va se présenter comme pour moi. Et tout cela est beaucoup plus difficile à vivre quand la souffrance est trop forte... Mais c'est à chaque malade de se demander, avec l'aide de ses soignants, comment il peut réagir au mieux face à l'agression de la maladie.</p><p>Pour que cette maladie, cette souffrance, ne soient pas pour lui un échec, mais l'occasion de vivre debout face au mal, quoiqu'il arrive ; avec le soutien merveilleux de ses proches, de ses soignants et, si tel est le cas, de sa foi profonde au Christ vainqueur de tout mal !<br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-86683406670172302272024-02-08T10:20:00.011+01:002024-02-08T10:41:03.916+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2914 : "Un autre te conduira..." (Jean 21/18)<p> Depuis un an environ, je mâche et remâche ce verset de St Jean (21/18) où il nous est dit ceci : <i>"Jésus dit à Pierre : "Pais mes brebis. En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais jeune, tu nouais ta ceinture et tu allais où tu voulais ; lorsque tu seras devenu vieux, tu étendras les mains et c'est un autre qui nouera ta ceinture et te conduira là où tu ne voudrais pas."</i></p><p>En ce qui me concerne, et ce n'est pas forcément facile à accepter, ce moment est arrivé pour moi ! Depuis ma crise cardiaque, avant Noël 2022, je ne vais plus où je veux, quand je veux. Me voici dépendant de l'âge et de la maladie. Evidemment, je suis loin de m'en plaindre, car il y a tellement plus malheureux. Et comme disait l'autre, <i>"Si en te réveillant le matin, tu ressens des douleurs, c'est le signe que tu es encore en vie !"</i></p><p>Depuis un an en tout cas, fin des grandes virées en voiture, comme pour aller faire ma retraite dans les Alpes, au sanctuaire de la Salette, où je me rendais chaque année ces derniers temps. Finies les responsabilités que j'exerçais encore, comme par exemple, délégué diocésain pour les relations avec les Juifs et pour l'oecuménisme. Arrêt de tous les services pastoraux, messes dominicales à assurer, baptêmes, mariages, sépultures, sur la paroisse de Talmont. Mise en veilleuse de ma participation aux rencontres du MCR, du Secours catholique, etc...</p><p>En raison de la fatigue occasionnée, je viens aussi d'arrêter l'entretien de ma maison (balayage, serpillère, vitres...), mais aussi lessive, repassage. J'arrête également de préparer ma nourriture, et fais venir mes repas désormais. Tandis que des paroissiens se présentent toujours comme disponibles pour faire mes courses ou me conduire à l'hôpital ou ailleurs au besoin, ce que je trouve vraiment très solidaire ! Et j'ai surtout fait le choix d'une <i>"Assistante de Vie</i>", hyper efficace et compréhensive, Dieu merci !<br /></p><p>Comme me l'a dit mon médecin traitant : <i>"C'est bien que vous ayez fait tous ces pas. De tels choix montrent que vous avez accepté votre maladie ! A vous de trouver une nouvelle façon de vivre, plus cool et plus paisible désormais !"</i></p><p>En effet, et j'en ai pris mon parti, il ne s'agit plus seulement pour moi de bouger, de faire, d'être visible, d'organiser, de faire valoir mon point de vue, de jouer un rôle, tant dans la société que dans l'Eglise ; mais bien plutôt, d'être, d'exister tout simplement, de prendre enfin le temps de prier plus longuement, de me reposer, d'écouter, d'aimer.</p><p>Jésus en même temps, et même d'abord, avait pris le soin de dire à Pierre : <i>"Pais mes brebis !" </i>J'entends cet appel, par lequel je me sens aussi concerné. J'essaye d'y répondre par la prière, mais aussi par l'écoute des personnes qui passent, et souhaitent être entendues, comprises et accompagnées ; or, j'ai du temps pour cela. Et je dispose aussi de ce blog, dont les audiences augmentent, ce qui veut aussi dire quelque chose.</p><p>Finalement, s'il peut sembler humiliant à divers points de vue de ne plus pouvoir en faire autant que d'autres pourtant plus âgés que moi, si la maladie fait de moi un être fatigué en permanence, pourtant, tout n'est pas perdu ! En effet, la Mission continue, même si elle doit se vivre désormais autrement. Avec un immense merci à tous ceux et celles qui m'épaulent et me soutiennent sur ce nouveau chemin !<br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-81282096480830844822024-02-02T19:49:00.019+01:002024-02-03T11:15:31.872+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2913 : "Ah bon, votre père était "un glaiseux" ?"<p> Je suppose que dans notre histoire, chacun de nous traîne quelques mauvais souvenirs ! Permettez-moi de vous en partager un. C'était en septembre 1988. Après neuf années vécues comme missionnaire au Mali, je venais d'être nommé, par la Conférence des évêques de France, responsable de la Mission Universelle dans notre pays, ainsi que du suivi des 150 prêtres Fidei Donum envoyés aux quatre coins du monde, Amérique latine non comprise. J'atterrissais ce soir-là à la maison diocésaine de Paris, rue Vaneau. Je me suis retrouvé alors en "compagnie" d'une quinzaine de prêtres, tous comme moi en diverses responsabilités nationales. Ceux-ci m'ont demandé qui j'étais, d'où je venais, quelles étaient mes origines. Lorsque j'ai fait savoir que j'étais fils d'agriculteur, l'un des prêtres présents, sulpicien, ami du nonce apostolique, réagit alors ainsi : <i>"Ah bon, votre père était un glaiseux ?" </i>L'instant d'une seconde, je me suis demandé comment ce prêtre, apparemment intelligent, pouvait réagir ainsi, et si c'était du lard ou du cochon. Mais il n'avait pas du tout l'air conscient, ni gêné de ce qu'il venait de dire. Et moi de lui répondre alors, calme, mais courroucé : <i>"Oui, mon père était un glaiseux, et j'en suis fier !" </i>Il se fit alors un grand silence autour de la table et, un peu susceptible, je crois me souvenir que j'ai fait une sale tête pendant le reste du repas, conscient de me trouver entouré de prêtres d'un tout autre milieu, supérieur bien entendu, comme j'ai pu le vérifier ensuite, dans ce monde parisien. J'ai découvert d'ailleurs assez vite que j'étais le seul à être originaire du monde agricole, au sein de cet aréopage.<br /></p><p>J'oubliais ! Tout à fait gentiment c'est vrai, mais totalement inconscients, ils ont ensuite eu le culot de me demander si je disposais d'une maison en bord de mer, "moi qui avais la chance de vivre en Vendée", pour pouvoir m'y reposer !!! Je tombais vraiment de haut !<br /></p><p>Si je raconte ce souvenir, c'est en lien, bien sûr, avec ce que vivent les agriculteurs aujourd'hui. Rien n'a changé ! Il y a toujours une intelligentsia qui prétend savoir comment gérer les problèmes du monde paysan et qui continue de les regarder de haut. Que ne leur reproche-t-on pas ? Inutile que je vous fasse la liste de ce dont on accuse ces maudits "glaiseux" ! Par contre, il semble que la plupart des gens les soutiennent ; mais, face aux agriculteurs incompris depuis trop longtemps, les responsables politiques, très forts en paroles, ne sont manifestement pas à la hauteur quand il s'agit de passer aux actes. Question : quand nos responsables vont-ils enfin prendre en compte leurs raisonnables doléances ? <br /></p><p>Il y a urgence en effet. Pour ne prendre qu'un exemple, selon la MSA, la sécurité sociale agricole, il existe 31% de suicides en plus chez les agriculteurs que dans le reste de la population. C'est d'ailleurs l'une des principales causes de décès dans la profession.</p><p>Les études montrent que, depuis les années 60, les agriculteurs se suicident davantage. Les chiffres font état d'un suicide d'agriculteur tous les deux jours en France, soit 180 par an, une tendance qui ne cesse de croître. Les agriculteurs ont le sentiment de travailler énormément pour un très faible salaire. Un ensemble de facteurs qui s'ajoutent aux contraintes économiques ; les agriculteurs sont en effet soumis aux prix du marché qui leur échappent, sans parler des contraintes environnementales et climatiques. Les dettes qui s'accumulent peuvent conduire à la dépression.</p><p>Lorsque l'on est originaire du milieu rural, et que l'on a vu ses parents, ses frères et soeurs parfois aussi, se lever à des heures impossibles, se battre contre l'administration et les éléments, l'on ne peut que souhaiter que l'on rende enfin justice à ce monde si utile, mais trop délaissé. Les "glaiseux" eux aussi ont le droit de vivre, de respirer, de gagner leur pain à la sueur de leur front et de servir notre pays ! Merci pour eux !<br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-71999592858779430852024-01-30T19:56:00.000+01:002024-01-30T19:56:08.498+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2912 : Le secret des prêtres<p> </p><div data-io-article-url="https://fr.aleteia.org/2024/01/27/le-secret-de-ces-pretres-qui-ont-tenu-bon/"><article class="css-1au7i11"><span class="subtitle"><i>Le chroniqueur Michel Cool, dans le cadre de "Aleteia" que je remercie, rend hommage à de vieux prêtres de son diocèse
qui ont tenu bon, dans la tempête, et qui ont su demeurer jeunes,
toujours tournés vers l’avenir, reliés par leur fraternité dans le
Christ.</i></span></article><article class="css-1au7i11"><span class="subtitle"><i>Je le rejoins dans son analyse, ayant le bonheur moi aussi de faire partie d'une petite Fraternité de prêtres du Père de Foucauld en Vendée.</i></span></article><article class="css-1au7i11"><span class="subtitle"><i> <br /></i></span><p>La joie de ma semaine : avoir partagé deux petits jours
de réflexion avec une quinzaine de prêtres de mon diocèse. Ils
provenaient de différents secteurs ruraux, urbains ou maritimes. Ils
étaient pour la plupart déjà avancés en âge. Mais toujours bon pied bon
œil, en dépit des vicissitudes corporelles et temporelles. Les regardant
en face, les écoutant avec attention, je me sentais loin des
commentaires caricaturaux circulant souvent sur eux. Je pensais à leur
indéniable courage. À leur admirable persévérance, pour être exact.</p><div class="adslot ay css-p8k4vw" data-ay-manager-id="infeed_1_desktop" id="infeed_1_desktop"></div><p>Jeunes, ils avaient espéré un printemps avec le <a href="https://fr.aleteia.org/tag/concile-vatican-ii/" target="_self" title=""concile <a target="_blank" href="https:"></a>fr.aleteia.org/tag/vatican/">Vatican II »>concile Vatican II.
Et ils récoltèrent la tempête. Beaucoup de leurs collègues prirent
leurs cliques et leurs claques et rejoignirent la vie civile. Eux, ils
sont restés dans leurs paroisses. Ils ont duré. Ils ont servi du mieux
qu’ils pouvaient. Quand ils s’entendent reprocher d’avoir « tout
bazardé » et « vidé » les églises, ils font le gros dos. Ils bougonnent.
Mais leur cœur saigne. L’ingratitude est une raclée meurtrière. Oui,
ces hommes-là méritent mieux que ces avanies. Car ils ont porté,
soulagé, donné plus qu’il ne fallait alors qu’un profil d’Église et de
société s’écroulait autour d’eux. Même quand l’ouragan ou le diable
cherchait à s’engouffrer par leur fenêtre, ils ont tenu bon. Ils ont su
tenir leur petite lumière allumée.</p><div class="wp-block-aleteia-heading3"><h2><span style="font-size: small;">Des jardiniers</span></h2></div><p>Je
pensais à cela pendant le tour de table où chacun exprimait les raisons
de son enthousiasme personnel. Pour le nonagénaire de la bande, « rompu
d’épreuves » si l’on peut dire, c’était son arrivée dans un
foyer-logement : il appréciait son nouveau voisinage et se réjouissait
d’avoir plus de temps à consacrer à l’écoute et à la connaissance des
jeunes prêtres. Bel enthousiasme de 90 ans ! Un autre, plus jeune et
curé de paroisse, témoigna du « feu de Dieu » que lui procurait parfois
le sentiment d’être le simple instrument de « Quelqu’un qui nous veut du
bien ». C’était non seulement joliment dit, mais son cri du cœur
exprimait — c’était presque palpable — une énorme sympathie pour le
monde et une formidable humilité spirituelle. Ce tour de table fut
exempt de toute lamentation nostalgique. Au contraire, j’eus
l’impression d’entendre des jardiniers — auxquels d’ailleurs se compara
l’un d’eux — qui me parlaient de leurs préparations de semis en vue du
printemps à venir.</p><p>Ces prêtres possèderaient-ils un secret de
jouvence ? Je ne sais pas. Je connais en revanche leur trait d’union.
Ils sont tous membres de la Fraternité sacerdotale Charles de Foucauld. Née en France en 1951, elle propose à des prêtres diocésains de vivre
leur ministère à la lumière du Frère Charles, proclamé saint en 2022.
Ils se retrouvent régulièrement dans leurs diocèses, en petites
fraternités, pour un temps de partage de vie, de réflexion et de prière
commune. Le témoignage de Charles de Foucauld, « ermite missionnaire »
dans le désert du Hoggar, les inspire à mener une vie simple orientée
par leur désir de proximité avec des personnes marginalisées dans la
société ou dans l’Église. Et par cet autre désir de proximité
spirituelle avec le Christ entretenue par l’adoration eucharistique et
la récitation de la prière d’abandon du « Frère universel ».</p><div class="adslot ay css-p8k4vw" data-ay-manager-id="infeed_2_desktop" id="infeed_2_desktop"></div><p>Au
fond, le secret de jouvence des prêtres que j’ai fréquentés une poignée
d’heures dans une abbaye nichée dans la vallée de la Canche, dans le
Pas-de-Calais, c’est peut-être ce qu’on appelle la fraternité : le
simple coude-à-coude de personnes reliées entre elles par la Présence
ineffable de « Quelqu’un qui nous veut du bien ». Une Présence qui
allège de tous les fardeaux. Une Présence qui aide à soulever les
montagnes. Une Présence qui peut faire des miracles… </p></article></div><br />Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-57348807374136539352024-01-28T20:26:00.009+01:002024-01-29T09:15:05.334+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2911 : Le Père Noël a rejoint les Cieux infinis !<p> Depuis une dizaine d'années, Marc était une des figures de l'équipe du Secours Catholique du secteur de Talmont. Il était d'abord venu vers le Secours Catholique car il était dans le besoin ; mais, intéressé, il avait intégré l'équipe animatrice depuis plusieurs années. Il était très fidèle aux rencontres. Tout le monde l'aimait bien, même si Marc, eurasien, préservait le mystère de son existence, un peu fracassée et cabossée apparemment. En tout cas, lors du récent passage de l'évêque à Talmont, il avait affirmé ceci devant lui : <i>"le Secours Catholique, c'est ma famille !"</i></p><p>Aussi, quelle n'a pas été notre stupeur lorsque, il y a quelques jours, nous avons appris qu'il avait été trouvé sans vie chez lui, décédé depuis déjà une quinzaine de jours. Lui qui ne faisait pas de bruit, qui ne parlait jamais pour ne rien dire, voici qu'il est parti discrètement... Nous n'en saurons pas plus.</p><p>Par contre alors, toute l'équipe du Secours Catholique s'est mobilisée, et un temps d'hommage a été organisé en son honneur, car rien n'était prévu pour ses funérailles. C'est ainsi que, ce dimanche matin, plus d'une trentaine de personnes se sont retrouvées pour faire à Marc un bel au-revoir : bénévoles, mais aussi plusieurs personnes accompagnées.. Non, Marc n'est pas parti seul ! Nous étions là ce matin, autour de lui, représenté par des photos diverses, l'une apportée par Christine déposée sur la table de prière, dans la salle de l'Orangerie de Bourgenay, offerte par les Soeurs qui étaient parmi nous.</p><p>Deux très beaux chants ont rythmé notre rencontre, particulièrement le <i>"Alleluia" </i>de Léonard Cohen :</p><p><i>Pourquoi rêver d'un paradis</i></p><p><i>C'est maintenant et c'est ici</i></p><p><i>Qu'il faut unir nos espoirs et nos joies..."</i></p><p>Marc était croyant ! Avec lui, nous avons redis aussi notre foi en ce monde nouveau auquel nous croyons. L'évangile du Bon Samaritain nous a rappelé que notre mission est bien d'abord d'être attentifs à celles et ceux qui sont laissés sur le bord de la route, par nous-mêmes et par notre société.</p><p>Au cours de la messe, plusieurs ont pu s'exprimer par rapport à ce qu'ils ont retenu de Marc. En voici quelques trop brefs échos :</p><p>- "On était sa famille ! Il va nous manquer !"</p><p>- "Certes, nous étions sa famille, mais il nous le rendait bien."</p><p>- "Je garde de lui une image d'une personne agréable, courtoise et respectueuse de nous tous."</p><p>- "Notre Père Noël s'en est allé ! Il nous faudra faire sans lui..., mais il ne sera pas possible de l'oublier."</p><p>- "Je constate que nous faisons tous preuve de bienveillance et d'empathie les uns envers les autres ! C'est comme une colle forte qui nous soutient en cas de besoin et qui fait de nous une belle équipe."</p><p>- "Je retiens de lui sa gentillesse et son grand coeur."</p><p>L'image la plus forte que nous retiendrons peut-être de Marc, c'est celle du Père Noël, qu'il représentait avec beaucoup de talent lors de chaque soirée annuelle autour de l'Arbre de Noël du Secours Catholique. Il savait si bien présenter les cadeaux aux enfants des familles défavorisées ; il savait faire naître la joie sur les visages et dans les coeurs.</p><p>Désormais, c'est du haut du Ciel que Marc continuera de faire pleuvoir Joie et Paix au milieu de nous. </p><p>Marc, merci pour tout, et "bon Ciel !"<br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-16797865266206951682024-01-26T21:09:00.019+01:002024-01-27T19:04:46.034+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2910 : Merci chers amis prêtres !<p> Hier jeudi, très belle initiative sur notre diocèse, avec proposition d'une rencontre à la Roche-sur-Yon, à 20h30, pour remercier les prêtres. Ne pouvant y participer, avec les religieuses de Bourgenay, nous avons proposé de vivre ce merci au cours de la messe de ce jeudi matin à 9h. L'eucharistie a été célébrée en action de grâce pour les prêtres et, après l'évangile, la parole a été donnée aux personnes présentes pour leur permettre d'exprimer leur merci.</p><p>Un certain nombre ont pu partager combien des prêtres les ont aidés, de façons très diverses ; dans de multiples circonstances, ils ont été présents ; voici quelques points dont j'ai souvenir; et j'en ai ajouté quelques autres, suite à diverses réflexions qui m'ont été faites récemment sur ce même sujet !<br /></p><p>- "Un prêtre m'a accompagné depuis mon enfance jusqu'à mon mariage ; j'ai beaucoup reçu de lui !"</p><p>- "Merci aux prêtres qui nous ont nourris de la Parole de Dieu."</p><p>- "J'ai parfois eu quelques problèmes avec certains prêtres, mais la plupart m'ont vraiment guidé vers le Christ."</p><p>- "Les prêtres ont beaucoup compté dans ma vie, comme de beaux exemples, des amis, des frères, compréhensifs, miséricordieux."</p><p>- "Parfois, les prêtres nous ont remonté les bretelles, mais cela nous faisait du bien de nous sentir relancés."</p><p>- "Dans les moments de découragement, j'ai pu trouver appui sur des prêtres, qui ont eu la patience de m'écouter et de me conseiller, du mieux qu'ils pouvaient !"</p><p>- "Les prêtres n'étaient pas des "pères" pour moi ; je n'aimais pas ce mot ; mais des "frères", des grands frères qui comprenaient ce qu'on vivait."</p><p>- "Par leur engagement, nombre de prêtres ont forcé mon admiration ; tandis que j'étais au séminaire, c'est grâce à l'exemple de leur vie que je me suis décidé à suivre le chemin du sacerdoce."</p><p>- "Je ne sais pas si les prêtres savent à quel point ils nous ont aidés. Mais je pense que l'on n'a sans pas assez pris le temps ni la peine de les en remercier !"</p><p>L'on pourrait dire tant d'autres choses à propos de ce que les prêtres nous ont fait découvrir ! A chacun de réfléchir à ce que les prêtres lui ont apporté dans sa propre vie. Mais ne manquons aucune occasion de manifester à nos prêtres combien leur présence, leur exemple, leur foi ont été pour nous quelque chose d'essentiel ! Et comment cela nous a construit, en tant que femmes ou hommes, et en tant que croyants !<br /></p><p><b>MERCI A VOUS, CHERS AMIS PRÊTRES !</b></p><p><b>_________________________</b></p><p><i>Ce serait pas mal qu'une telle initiative soir reprise pour dire merci également aux diacres, mais aussi, aux Frères, aux religieuses bien sûr également;</i></p><p><i>L'Eglise leur doit tant !</i><br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-57980873820972582562024-01-24T10:00:00.001+01:002024-01-24T10:22:35.027+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2909 : Merci, chers frères et soeurs Protestants !<p>A vrai dire, c'est ancien, mais j'y repense encore aujourd'hui, au coeur de cette semaine de prière pour l'Unité des chrétiens, ma relation avec les Protestants avait bien mal commencé ! J'avais alors 8 ou 9 ans ; circulant à pied dans les rues de Fontenay-le-Comte avec des membres de ma famille, tandis que nous passions devant ce qui ressemblait à une église, je fis cette proposition : <i>"Est-ce qu'on peut y entrer ?"</i> La réponse est tombée alors comme un couperet : <i>"Ah non, pas là ; on ne doit pas y entrer." </i>Cette réaction m'a surpris, mais, trop jeune, sans en saisir la raison, j'ai compris qu'il ne fallait pas insister ! </p><p>A cette époque en effet, et ce n'est pas si ancien que cela, c'était au début des années 50, les Protestants, je l'ai compris plus tard, étaient loin d'être perçus comme des frères aux yeux de catholiques ; tandis que les Temples étaient des lieux un peu perçus comme sous l'emprise du démon, les Protestants étant des hérétiques... Les guerres de religion n'étaient pas loin !</p><p>Inutile de dire avec quel sentiment jubilatoire j'ai évoqué cette anecdote lorsque, devenu curé-doyen de Fontenay-le-Comte, j'ai été invité par le pasteur de l'époque à assurer une prédication en ce même Temple, lors de la semaine de prière pour l'Unité, 60 ans plus tard, en janvier 2008. Que de chemin parcouru alors !</p><p>L'une des grâces principales de mon ministère de prêtre, c'est d'avoir pu rencontrer, dans les différents lieux où j'ai été affecté, des amis protestants qui m'ont ouvert et initié à leur vision de l'Evangile et de l'Eglise. Et cela, que ce soit au Mali, à Paris, à Montaigu, aux Sables d'Olonne, à Fontenay-le-Comte et ailleurs.</p><p>Et cela en commençant par Grenoble, où j'ai travaillé à l'hôpital au moment du Concile Vatican II. Boosté par cet événement rénovateur, chaque dimanche, en plus de la messe, j'allais au Temple, et je me régalais de la façon dont s'y vivait la liturgie, de façon bien des fois plus ouverte que dans nos églises catholiques restées très fermées et tradis, un peu comme aujourd'hui en trop d'endroits.</p><p>J'ai appris beaucoup de choses des Protestants :</p><p>- en 1° lieu, la place de la Bible au centre de toute vie et de toute action<br /></p><p>- le rôle des laïcs, qui n'est pas vécu comme en dépendance d'un curé tout puissant</p><p>- la coutume de travailler en synode, chaque années, avec des choix pastoraux précis, pouvant être relus, remis en cause, approfondis</p><p>- la place éminente ouverte au femmes dans les ministères</p><p>- l'engagement financier très fort proposé aux paroissiens (10% !)</p><p>- l'absence de dentelles, de formules telles que "mon Père", "monseigneur", de tenues vestimentaires extravagantes (chapes, mitres au-delà du ridicule, calottes, camails, etc.)</p><p>- une conception plus équilibrée par rapport à la place de Marie, la 1° des disciples, et non la reine du ciel, ce que, dans la modestie de son attitude dans les évangiles, elle n'aurait pas apprécié. </p><p>Comment ne pas évoquer aussi ce que nous ont apporté la musique de Bach, le témoignage du pasteur Martin-Luther King, l'exemple du pasteur Bonhoeffer pendu nu par les nazis, le dynamisme des Eglises évangéliques, ce laïc protestant congolais, Denis Mukwege, le gynécologue qui répare les femmes violées, etc ?</p><p>Pour tout cela, et pour tant d'autres aspects que la place ne me permet de citer, chers frères et soeurs Protestants, au nom du Christ Sauveur, un immense MERCI !<br /></p><p><br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-72590705618394703952024-01-21T10:18:00.077+01:002024-01-21T18:52:34.079+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2908 : Les Français ont tué 400.000 Algériens<p>Nous sommes tous sidérés par le terrible pogrom du 7 octobre, au cours duquel de nombreux Israéliens ont été enlevés ou ont trouvé la mort dans des conditions horribles. Et nous n'arrivons ni à comprendre ni à accepter ces milliers de morts à présent, en représailles, sur le territoire de Gaza. Alors, nous réagissons, et c'est heureux, et nous nous élevons contre ce déluge de mort qui défigure et désespère notre humanité. Les uns d'accuser violemment les Israéliens de piétiner le beau message biblique de fraternité ; mais si nous avions été nous-mêmes victimes du massacre du 7 octobre, comment aurions-nous réagi ? N'avons-nous pas nous-mêmes un grave examen de conscience à faire, non pas pour aujourd'hui peut-être, mais par rapport à l'Histoire, face à cette terrible situation ? Même s'il n'est pas confortable pour nous, à l'abri de nos "certitudes", oublieux de notre passé que nous avons refoulé, repliés sur nos bons sentiments, de nous poser de telles questions.</p><p>N'est-ce pas l'Europe en effet, c'est-à-dire nous, à travers nos ancêtres, les gens de notre sang, qui a écrasé, rejeté, incompris, crucifié les Juifs qui habitaient en son sein, et cela pendant 2000 ans, au nom de notre foi catholique le plus souvent ? N'est-ce pas chez nous, en Europe, que des millions de Juifs ont été exterminés ? Et ce n'était pas l'oeuvre de musulmans !!!</p><p>Comme le dit un historien juif, Shlomo Sand (voir "La Croix" du 15 janvier, page 19) : " <i>Je vais être très brutal : c'est l'Europe qui nous a vomi sur les Arabes de Palestine. C'est la raison pour laquelle le comportement des Européens, Allemands, Français, Anglais, m'énerve tellement. Vous êtes responsables des tragédies des Palestiniens à long terme."</i></p><p>J'en arrive au titre de ce billet. Quand j'entends des Français et autres pousser des hauts cris contre l'horrible destruction de Gaza et le massacre de 25.000 Gazaouis à ce jour, je ne peux que les comprendre. Mais j'aimerais un peu plus de retenue de leur part. Ne faut-il pas un sacré culot en effet, et de graves oubli de notre<i> </i>part, pour que nous puissions nous permettre de porter des jugements et des condamnations sans appel.</p><p>Nous qui nous considérons comme des âmes pures, n'avons-nous pas trop vite oublié que, durant la terrible guerre d'Algérie, et alors que là-bas, nous n'étions pas chez nous, contrairement en partie aux Juifs en Israël, nous Français, nous avons tué au moins 400.000 Algériens ? La plupart des sources s'accordent sur ce bilan de 400.000 Algériens morts, civils et combattants, sans compter des centaines de milliers de blessés et handicapés.</p><p>Et je ne dis pas dans quelles conditions : l'utilisation forte de la torture, le fait de jeter des prisonniers vivants du haut des avions ; tandis que, pendant cette guerre, outres des destructions de toute sorte, ce sont des centaines de villages qui ont été rasés au napalm, et les villageois brûlés... Dieu merci, si je puis dire, on n'en est encore pas là à Gaza, même si la situation y est plus qu'effroyable. La France a fait bien pire en effet, et il n'y a pas si longtemps que cela : vite passé, vite oublié, conscience tranquille ! Par contre, les petits-enfants qui écument nos banlieues, ainsi que les fils et filles de harkis lâchement abandonnés par la France, eux, s'en souviennent !<br /></p><p>Dans le même sens, et je ne parlerai pas de ce qui s'est passé dans d'autres colonies, au Vietnam par exemple, avons-nous déjà oublié ce qui s'est passé en 1947 à Madagascar ? Mais qu'est-ce que nous étions allés faire là-bas ? Bien pire que les colons israéliens en Cisjordanie. Suite à la révolte des Malgaches contre la colonisation française, lorsque celle-ci a été "matée", le Haut-Commissaire lui-même a annoncé le chiffre de 100.000 morts ; tandis que du côté des militaires et des colons, on recensait 550 morts.</p><p>Question : comment avons-nous pu oublier tout cela ?<i> "Ah, je ne savais pas..." </i>Mais vous savez à présent ! Et qu'est-ce que vous en faites ? N'est-ce pas pour cela que, sous nos yeux naïfs et étonnés, les nations du tiers monde et du grand Sud se tapent sur le ventre et nous regardent de travers, après ce que nous leur avons fait subir, quand nous leurs demandons de respecter les droits de l'Homme ?<br /></p><p>Vous allez me dire : pourquoi parler de tout cela ? Qu'est-ce que cela va faire avancer ? Je n'en sais rien ! Peut-être cela pourrait-il aider à une prise de conscience plus forte, bien que tardive, de nos propres failles... Mais en tout cas, cela peut nous inviter à rester humbles, modestes, et plus prudents dans nos analyses des situations comme en ce qui concerne nos jugements. Quand les droits de l'Homme, nous n'avons pas su les respecter, sommes-nous bien placés pour reprocher à d'autres de les piétiner ?<br /></p><p>En un mot, qui sommes-nous pour juger et condamner ? Sans vouloir cacher la vérité, un peu de pudeur ne nous fera pas de mal par rapport à notre façon de nous exprimer, face aux grands problèmes de ce temps !<br /></p><p><br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-67148497973826755412024-01-14T13:24:00.216+01:002024-01-25T19:37:49.029+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2907 : "Tu iras en enfer !"<p> Il y a quelques années, lorsque j'étais curé de Mortagne-sur-Sèvre et St Laurent-sur-Sèvre, un ami prêtre est venu me dire que quelqu'un de bien connu sur le diocèse disait, publiquement, ceci : <b>"Olivier Gaignet ira en enfer"</b>. Je n'étais pas seul ; j'étais condamné ainsi en compagnie de 4 ou 5 autres prêtres du diocèse ! En ce qui me concerne, j'étais jugé pour plusieurs raisons, dont voici les principales : </p><p>- <b>sur la paroisse, nous ne célébrions quasiment plus de sépultures avec la messe ;</b> ce qui d'ailleurs ne voulait pas dire que je n'en célébrais pas moi-même, mais sans messe ; et en expliquant bien que l'on prierait à l'intention du défunt lors de la messe du dimanche suivant, avec toute la communauté paroissiale, et que la famille du défunt était invitée à être présente ! Mais cela s'expliquait ainsi : il y avait parfois deux sépultures dans la même journée, et l'on n'aurait pu célébrer la messe qu'une fois ; d'où une certaine incompréhension de la part de la famille qui n'aurait pas eu "sa" messe. D'autre part, nous voulions donner toute leur place aux diacres et aux laïcs qui s'étaient formés pour présider des sépultures.</p><p>- <b>nous avons maintenu les célébrations collectives de la Réconciliation</b>, malgré certaines consignes officielles <b> </b>il est vrai. Au lieu de laisser tomber ce cérémonial pour se rabattre seulement comme jadis sur la confession individuelle, deux ou trois fois dans l'année, surtout avant Noël et Pâques, nous invitions les paroissiens à venir nombreux recevoir ensemble, et pas seulement chacun dans son coin, ce beau sacrement de l'action de grâce et du pardon. Durée : une bonne heure, bien plus que cinq minutes dans un confessionnal. En fin de célébration, et l'on avait toujours une église pleine, chacun pouvait s'avancer, exprimer au prêtre une action de grâce et un manque, recevoir un bref pardon. Puis, une prière de pardon était chantée par le prêtre, tandis que j'étendais les mains sur l'ensemble de l'assemblée. Mais, tranquillisez-vous, cela n'empêchait pas les prêtres de recevoir sans cesse dans leur bureau des personnes avides d'échanger et de recevoir individuellement ce beau sacrement de la joie et de la réconciliation !<br /></p><p>- <b>l'attention apportée aux protestants, juifs, bouddhistes, non croyants et autres, et le fait de ne pas mettre en garde suffisamment contre l'Islam. </b>A titre d'exemple, j'avais invité mon ami bouddhiste, le lama Thrinlé, à venir présenter sa tradition spirituelle aux catholiques de la paroisse de Mortagne-sur-Sèvre ; une assistance nombreuse était présente. Mais l'on m'a objecté le risque de donner une place trop grande aux autres religions ; alors que, ainsi qu'on me l'a fait comprendre, j'aurais mieux fait de prendre ce temps pour renforcer la foi des catholiques.</p><p>- <b>il se savait que j'avais coutume d'accompagner des couples en marge des "lois" de l'Eglise (divorcés-remariés, homosexuels...). </b>Il est vrai que, depuis 20 à 25 ans, j'ai dû accueillir ainsi 25 à 30 couples. Et je n'étais pas le seul ! Sur la paroisse Ste Marie des Olonnes, Michel Baranger en a peut-être accompagné davantage encore, et de façon très réfléchie. Attention, nous ne les avons ni mariés, ni remariés. A titre d'exemple, je revois ces deux jeunes femmes qui ont demandé à me rencontrer aux Sables d'Olonne, en fin des années 2000. Elles avaient l'air triste et un peu terrifiées. Je ne les connaissais pas, et ne savais pas de quoi il s'agissait, quand elles m'ont dit que, depuis plusieurs mois, sûres de leur "amour", très croyantes, elles cherchaient à se mettre, dans leur situation qu'elles sentaient bien "hors norme", sous la protection de Dieu. "Nous sommes déjà allées rencontrer trois prêtres, mais aucun n'a accepté de donner suite à notre demande ; accepteriez-vous de nous aider ?" J'ai accepté, et j'ai vu alors leur visage se transfigurer. Je leur ai proposé que l'on se rencontre et que l'on cherche comment préparer ce temps de prière. Nous nous sommes vus alors sérieusement, à trois reprises. Près de 25 ans après, elles viennent de m'envoyer leurs voeux il y a quelques jours.</p><p> </p><p>Faute de place, je vous fais grâce des autres causes qui font que je suis voué à aller en enfer ! Je n'ai pas de place non plus pour développer comment s'est déroulé le temps de prière avec ces deux femmes. Mais, si vous suivez l'actualité, vous aurez appris que, récemment, le pape François a proposé que l'on accompagne les couples "hors norme" qui demandent à être éclairés dans leur cheminement entre eux et avec le Seigneur.</p><p>Que demandent exactement la plupart de ces couples ? A être accueillis comme ils sont, à être écoutés, interpellés au besoin, en tout cas, compris dans ce qu'ils vivent ; à ne pas être rejetés hors de l'Eglise, comme indignes des dons de Dieu ; à ce qu'on leur dise que Dieu ne les exclut ni ne les rejette, malgré leur situation, et qu'ils ont droit à un temps de prière pour se sentir aimés par le Seigneur ; et aussi par notre mère l'Eglise ; mais à condition que celle-ci se comporte réellement comme une mère pleine d'Amour. </p><p>Question : comment se fait-il qu'aujourd'hui, des cardinaux, trop d'évêques, par seulement en Afriquey compris dans l'ouest de la France, et bien des catholiques se rebellent, ou émettent des bémols maladroits par rapport à cette ouverture proposée par le pape François, qui ne consiste pas seulement à donner une bénédiction vite fait, sans écoute suffisante, du bout des doigts ; et seulement à chacun des deux demandeurs séparément, et surtout pas au couple en tant que tel. La déclaration du Vatican se situe pourtant dans le droit fil de l'Evangile ! </p><p>Heureusement, le texte publié ensuite par la Conférence des évêques de France a su mieux présenter les choses par rapport à ce qu'avaient dit d'autres évêques en France ou ailleurs. En effet, la Conférence s'est située tout simplement dans la perspective proposée par le pape François, de façon évangélique ; non casuiste ou légaliste, mais pastorale. Bénir, ce n'est pas donner un sacrement ! C'est quand même tout simple à comprendre !<br /></p><p> En compliquant ce qu'a dit le pape, en jetant le doute sur ce qu'il propose et en vidant ce qu'il exprime de sa clarté, n'y a-t-il pas là une réaction de peur peut-être ? Mais peur de quoi ? D'autre part, prend-on suffisamment compte de ce que les deux personnes vivent, de leur soif de ne pas se couper de Dieu qui est un Père ? Et l'on s'étonnera que nos églises se vident ! Les pharisiens ne sont pas morts !<br /></p><p>Comme me l'a fait remarquer l'un de mes frères, Dominique, dont j'ai jadis béni, c'est-à-dire, placé sous la protection de Dieu, son union avec une femme divorcée, Martine, union qui n'a cessé de grandir : <u><i><b>"Cette réaction des évêques de l'Ouest, n'est-ce pas</b></i></u><i><b><u> consternant</u></b></i><u> ?"</u></p><p>En tout cas, un immense merci au pape François ! <b> Lui au moins, comme le Christ, il aime les gens !</b><br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com9tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-42323702361207695752024-01-12T12:08:00.014+01:002024-01-12T19:15:55.145+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2906 : "Tu choisiras la Vie !" (Deutéronome)<p> Bonjour à vous !</p><p>Nous voici déjà le 12 janvier, et pas de billet sur ce blog depuis le 1° janvier ! Que se passe-t-il ? Mon ordi est-il en panne ? Est-ce que je peine à trouver un sujet ? Etais-je parti faire du ski dans les Pyrénées ? Suis-je mort peut-être ? J'ai reçu de nombreux mails et coups de fil d'interrogation à ce sujet, témoins seulement ces deux mails reçus ce matin :</p><p><i>Bonjour Olivier</i><i> </i></p><p><i>J'ai appris que tu traverses une période de fatigue. Comment te sens-tu vraiment ?</i><i> </i></p><p><i>Ta
santé m'importe , et je suis là pour t'offrir mon soutien. Ta force
intérieure est indéniable, et je suis convaincu que tu trouveras la
détermination pour surmonter cela. Sache que tu es dans mes pensées.
Prends soin de toi.</i></p><div><i>Amitiés.</i></div><div><i>Marie Hélène </i></div><div><i> </i></div><div><i> </i><i>Bonjour Olivier,<br /></i><p><i>Tout en vous sachant bien entouré
avec l'Esprit Saint et ange gardien, l'affection de votre entourage, je
m'inquiète un peu de votre silence..<br /></i></p><p><i>J'espère que vous vous reposez beaucoup et que nous vous retrouverons bientôt sur la toile.<br /></i></p><p><i>A bientôt ! </i></p><p><i>Simone</i></p><p>Tous vos témoignages d'amitié me touchent énormément<i> ! </i>Et heureusement, je ne suis pas mort !<i> </i>Mais je viens encore de passer un sale quart d'heure<i> </i>il est vrai !<i> </i>A Noël, j'avais pu rejoindre la communauté paroissiale pour les célébrations, ce que je n'avais pas pu faire depuis longtemps. Puis, j'avais eu la joie de recevoir le Sacrement des malades, en même temps que ma soeur, le 29 décembre, cependant, déjà, je ne me sentais pas bien. En effet, dès le lendemain de cette belle cérémonie, mon coeur a recommencé à faire des siennes ! Le caillot de 3cm et demi ? En tout cas, il n'y avait plus de bonhomme : une fatigue extrême et de grandes douleurs. L'on dit souvent que le Sacrement des malades permet une certaine rémission, quand ce n'est pas une petite amélioration de la situation ; cela n'a pas été le cas pour moi ! Ce qui ne veut pas dire que je n'y crois pas !<br /></p><p>En cette période de fêtes, impossible de contacter un docteur, urgences fermées, je suis resté au lit plusieurs jours, dont le 1° janvier. Dès le 2 janvier, un médecin intérimaire a accepté de me recevoir, et sur le champ, direction les urgences. Là, au milieu d'une grande sale avec 40 à 50 brancards, j'ai attendu de longues heures.. Puis, examens sur examens : très grande fatigue du coeur ; ne tenant plus debout, je n'ai pu alors me déplacer qu'en fauteuil roulant !</p><p>Dans de telles conditions, on se sent vraiment tout petit ! C'est là que j'ai laissé se déployer dans mon coeur les bienfaits du Sacrement des malades. Pas la force de prier, mais seulement celle de me remettre entre les mains du Sauveur. Je recevais des coups de fil à l'hôpital, et je n'avais pas la force d'y répondre.</p><p>J'ai quitté l'hôpital le 5 janvier, avec, une fois de plus, de nouveaux médicaments, et suis resté encore au lit plusieurs jours. Tout cela pour expliquer pourquoi je n'ai pas donné suite à nombre de mails et d'appels divers. Je vais essayer, à présent où je me sens mieux, de rattraper mon retard.</p><p>En ces jours, j'ai souvent repensé dans mon coeur à ce bel appel biblique si fort : <i>"Vois : je mets devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur (...) Alors, tu vivras, et le Seigneur Dieu te bénira (...) C'est la vie et la mort que j'ai mises devant vous (...) Tu choisiras la vie pour que tu vives (...) En aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix et en t'attachant à lui. C'est ainsi que tu vivras !" </i>(Deutéronome 30/15-20)</p><p>Evidemment, j'ai aussi beaucoup porté en moi-même l'immense douleur de ceux qui de peuvent être soignés comme je l'ai été, que ce soit à Gaza ou ailleurs. En offrant mes petites douleurs à leur intention.</p><p>Beaucoup d'entre vous m'ont dit qu'ils priaient pour moi, je ne sais comment vous remercier ! Mais c'est pour le monde entier qu'ils faut intercéder auprès du Sauveur.</p><p>En tout cas, portez vous bien ! Et encore merci à tous, avec mes voeux les meilleurs !<br /></p><p><br /><br /></p></div>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-25367515889675740252024-01-01T19:05:00.002+01:002024-01-01T19:07:57.441+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2905 : En 2024, Dieu ne nous abandonnera pas !<p> Comment avons-nous commencé cette nouvelle année ? Dans l'allégresse ? Pas sûr. Avec des inquiétudes ? Peut-être, et ce n'est pas étonnant... Mais, pourquoi pas, et malgré tout, dans une certaine Espérance ? Ne sommes-nous pas dans la main du Sauveur ? Qu'est-il venu nous rappeler à Noël en effet ? Que le monde, malgré ses turpitudes, ses guerres, ses misères, ses pauvretés et son péché, ce monde, il est sauvé.</p><p>Je vous partage tout simplement, non le beau sermon d'un évêque ou d'un théologien renommé, mais la parole, reçue par sms hier, de la part d'une paroissienne "lambda", dont le langage tout simple m'a touché :</p><p><i>"C'est tout à fait normal d'avoir doutes et craintes. Surtout, ne restez pas dans le silence. Sentez-vous libre de partager vos joies et vos difficultés, vos fatigues et vos inquiétudes. Reposez-vous. Ce temps est pour vous. Abandonnez-vous, malgré nos réticences et ce besoin qu'on a de vouloir gérer notre vie. Je vous souhaite un abandon serein dans la volonté miséricordieuse de Dieu. Je sais qu'il ne vous abandonnera jamais, qu'il est là. Confiance ! Il sait tellement mieux ce dont nous avons besoin. Alors, allez à lui sans crainte. Son joug est léger. Reposez-vous en lui. Et demain, demain lui appartient. Alors, pourquoi s'inquiéter ?"</i></p><p>Des paroles banales, un peu passe<i>-</i>partout ? Sans doute pas ! Mais bien plutôt, un appel du Seigneur<i>, </i>comme il nous est donné d'en entendre chaque jour de la part des personnes qui nous entourent, et qui souvent, si nous y sommes attentifs, peuvent nous remettre sur le chemin du Salut. Et j'en profite pour remercier toutes celles et ceux qui ont pris le temps de m'envoyer un beau message en ce 1° janvier !<br /></p><p>A propos, il y a un an, le 1° janvier 2023, je me trouvais sur un lit d'hôpital, et plutôt en mauvaise posture, faisant face à une crise cardiaque aigüe. Un soir, les médecins sont venus me demander si j'étais conscient de la gravité de mon état ; en effet, malgré la situation, il m'arrivait de blaguer, ce que les médecins ne comprenaient pas. Alors que c'était pour moi une façon de me protéger, et de ne pas m'abandonner au désespoir. En effet, je savais que mon coeur était si abîmé qu'aucune opération n'était possible, et qu'en conséquence, l'avenir était pour moi plus qu'incertain...</p><p>Disons qu'à l'époque, je n'aurais parié un kopeck sur le fait d'être encore vivant début 2024. Et pourtant, je suis encore là ! Et cela, même si j'ai passé ce 1° janvier dans mon lit, complètement crevé, et cela depuis 3 jours... Je ne fais donc plus de projets sur la comète. Je suis dans la main de Dieu, des soignants et de mes nombreux amis, dont vous, chers fidèles de ce blog. Et c'est avec vous qu'en 2024, j'avancerai, à petits pas, dans la confiance, jour après jour, vers la grande et belle rencontre avec le Dieu qui a vaincu la mort ; vers le Dieu de la Vie, de Dieu de la Lumière, le Dieu de la Fraternité, le Dieu de cette belle Humanité qu'il a sauvée. Merci de continuer à m'accompagner sur ce difficile, mais sur ce très beau chemin !<br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-25103228465596387252023-12-31T19:38:00.033+01:002023-12-31T19:59:52.199+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2904 : Monique et moi avons reçu le Sacrement des malades<p>Il y a quelques jours, ma soeur Monique, qui est atteinte d'un cancer du foie, sachant que je souhaitais passer la visiter, m'a demandé si, à cette occasion, je pouvais lui partager le Sacrement des malades.</p><p>Cette demande m'a beaucoup touché ! Il est vrai que, chez elle, le mal ne cesse de progresser ; les analyses, sans cesse, sont de moins en moins bonnes, malgré un bon traitement et d'excellents médicaments. En conséquence, peu à peu, Monique prend conscience que le temps est peut-être venu pour elle de se remettre pleinement dans la main de Dieu à travers ce Sacrement. </p><p>Quant à moi, qui me trouve également un peu en survie, je me suis dit que ce serait formidable que je reçoive le Sacrement des malades en même temps que ma soeur Monique, et chez elle, dans la maison familiale, à La Taillée, dans le Sud-Vendée.</p><p>Dans ce but, nous avons appelé l'abbé Louis-Marie Fillon, prêtre en retraite au Gué de Velluire, beau-frère de Monique, puisque Jean, le mari de Monique, est l'un des frères de Louis-Marie.</p><p>C'est donc Louis-Marie qui a présidé ce petit temps de prière, ce vendredi de Noël, avec beaucoup d'allant, d'attention et de savoir-faire, comme un vrai Pasteur ! Sans vouloir tout développer ici, voici un extrait de la formule du Sacrement : <i>"Monique, Olivier, par cette onction sainte, que le Seigneur, dans sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l'Esprit-Saint !"</i><br /></p><p>Chants, lectures, temps de réflexion ; puis, l'Onction d'huile sainte sur le front et sur nos mains... Avec bien sûr une joie profonde, mais toute en retenue, qui a alors empli nos coeurs.</p><p>Il y a parfois de fausses conceptions de ce sacrement, qui n'est pas qu'un sacrement des vieux, et encore moins, un sacrement que l'on donne quand les malades sont aux portes de la mort, ce que l'on appelait jadis "l'Extrême-Onction".</p><p>On l'appelle davantage aujourd'hui "le Sacrement du Passage", comme Louis-Marie l'a bien souligné. En effet, la personne qui a reçu ce Sacrement peut vivre de façon plus sereine ce temps de passage, parfois difficile, par la maladie et la souffrance, en union intime avec le Christ, qui est lui-même passé par la souffrance et par la mort.</p><p>Comme le dit le rituel de ce Sacrement, en citant la "Lettre au Hébreux" (2/18) : <i> "Puisque le Christ a souffert lui-même, il est en mesure de venir en aide à ceux qui sont éprouvés."</i></p><p>Monique et moi, grâce à la présence de Louis-Marie, et à la personne, mon assistante de vie qui m'a conduit jusqu'à La Taillée, nous avons eu le bonheur de prolonger la grâce de Noël à travers la réception de ce beau Sacrement !<br /></p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4919899209984554350.post-35853945254307085402023-12-27T20:40:00.019+01:002023-12-31T19:52:45.892+01:00Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2903 : Est-il exact que Jésus a été mal accueilli à Bethléem ?<p> En cette période de Noël, j'ai été scandalisé d'entendre, à diverses reprises, des évêques, des archevêques et autres dire et répéter que Jésus avait été mal accueilli à Bethléem. C'est une idée reçue, un préjugé détestable qui a traversé les siècles depuis 2000 ans. Il serait temps de couper les ailes à ce canard ! A diverses reprises en effet, en particulier lors de rencontres avec des chrétiens palestiniens à l'occasion de divers temps de "visitations" en Israël-Palestine, par exemple avec les groupes que j'ai ,accompagnés récemment dans cette région, nous avons alors découvert ensemble, avec bonheur, que cette lecture inexacte de l'évangile de la Nativité n'avait sans doute rien à voir avec ce qui s'était passé au moment de la naissance de Jésus.</p><p>En relisant mes notes, je retrouve ce que nous avaient partagé des chrétiens de Taibeh par exemple, au coeur de la Palestine : <i>"Dans notre pays, on ne laisse pas dehors ceux qui sont en recherche d'un abri. On a trouvé une place à la famille de Jésus ; peut-être pas dans l'auberge elle-même, qui était comble, en cette période de déplacements pour raison de recensement, mais dans un endroit parallèle, et qui n'était pas forcément misérable. On a trouvé un endroit favorable, afin que Marie puisse accoucher de façon paisible ; non pas au milieu d'un grand bazar, aux yeux de tous, mais un peu à l'écart, dans une certaine intimité. Il était inconcevable qu'on laisse cette famille dehors, et qu'il n'y ait pas de place pour elle dans un abri, même si ce n'était pas dans l'hôtellerie proprement dite. Ceux qui disent que Jésus n'a pas été accueilli ne connaissent pas notre région ; ils ne savent pas que la Palestine, aujourd'hui comme au temps de Jésus, c'est un pays où l'hospitalité fait partie de notre culture." </i></p><p>Ceci dit, ce qui reste exact, c'est que Jésus n'a pas eu la chance de naître bien tranquille, dans la maison familiale, à Nazareth. Dès le départ, les choses ont été un peu plus compliquées ; il n'était pas chez lui ; et cela, même si partout, c'est chez lui ! Et cette symbolique est grande en effet... C'est ainsi que tout migrant, qui a dû quitter son pays, se sent un peu proche de Jésus, né loin de la maison familiale, et dans des conditions alors plus<i> </i>difficiles...</p><p>Et si on relisait Victor Hugo à cette occasion ? Voici un extrait de "La Légende des siècles" :</p><p><i>"Etranger ! Que signifie ce mot ? Quoi ! Sur ce rocher j’ai moins de
droits que dans ce champ ! Quoi ! J’ai passé ce fleuve, ce sentier,
cette barrière, cette ligne bleue ou rouge visible seulement sur vos
cartes, et les arbres, les fleurs, le soleil, ne me connaissent plus !
Quelle ineptie de prétendre que je suis moins homme sur un point de
terre que sur l’autre !<br /> Vous me dites: Nous sommes chez nous et vous
n’êtes pas chez vous ! - Où ? Ici ? Vous n’avez qu’à creuser une fosse,
et vous verrez que la terre m’y recevra tout aussi bien que vous."</i></p><p><i> </i>Victor Hugo<br /> Océan Prose<br /> Tas de Pierres</p>Olivier Gaignethttp://www.blogger.com/profile/01225643399017081027noreply@blogger.com0