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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



jeudi 4 avril 2019

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2276 : Monseigneur, Père, Pasteur NON : frère !

Père
Mais d'où vient donc cette coutume étrange, qui se développe de plus en plus, d'appeler les prêtres "Père" ? Et cela, depuis les temps les plus antiques ; n'a-t-on pas parlé très tôt des "Pères de l'Eglise" ? Bien sûr, on peut comprendre le sens spirituel du mot "Père" : celui qui engendre dans la foi, celui dont nous sommes des fils spirituels comme on dit. Mais l'objection est puissante, et tous les prêtres l'ont entendue : "N'appelez personne sur la terre votre "Père" ; car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux."  Dixit Jésus lui-même, en Matthieu 23/9.
Question : pourquoi, depuis près de 2000 ans, l'Eglise n'a-t-elle pas tenu compte de cet appel évangélique de Jésus ? Les conséquences, nous en prenons conscience plus que jamais en ces temps difficiles !  En effet, la tentation a été forte, pour nous les prêtres, de nous considérer alors comme au-dessus des autres baptisés ; et même, d'abuser de ce titre plaçant les prêtres comme en surplomb ; cela les conduisant à se sentir, en tant que "Pères", maîtres des âmes, et parfois aussi des corps, de leurs "dirigés, des âmes fragiles, de leurs paroissiens... Ce titre de Père pouvant entraîner un sentiment de pouvoir et d'influence, et faire, de certains soit-disant Pères, des gourous, cela s'est vu ! Alors que, continue Jésus, "le plus grand parmi vous sera votre serviteur." (Mt 23/12)
La leçon est claire, et qui ne l'entendrait ?  Le ministère du prêtre doit apparaître en d'autres termes que celui d'une paternité, Dieu seul étant Père ; et d'abord, comme un service.  Sans doute, tout ministre sera jugé par Dieu selon qu'il aura ou non cultivé l'humilité et la modestie attendues de lui : "quiconque s'élève sera abaissé." (Mt 23/12)  Quiconque voudra être au-dessus, être Père au mauvais sens du mot, quiconque ainsi contribuera à développer le cléricalisme, sera disqualifié !

Monseigneur
Encore un titre qui n'a vraiment rien d'évangélique ! Pardon si je vous scandalise !  Parce qu'en contradiction profonde avec le message de Jésus. Là encore, relisons l'Evangile ; qu'est-ce que Jésus répond aux fils de Zébédée lui demandant de siéger à sa droite et à sa gauche dans sa gloire ? "Ceux qu'on regarde comme les chefs des nations les tiennent sous leur pouvoir et les grands sous leur domination. Il n'en est pas ainsi parmi vous (...) Si quelqu'un veut être le premier parmi vous, qu'il soit l'esclave de tous. Car le Fils de l'homme est venu non pour être servi, mais pour servir." (Marc 10/42-45)
A la lumière de telles déclarations, peut-on imaginer Jésus avec le titre de "monseigneur", une mitre sur la tête ? "Monseigneur Jésus" ?  Nous serions scandalisés ! Bizarrement accoutré, comme une sorte de préfet clérical, copié-collé avec la tenue d'un ministre de l'empereur Constantin...
En conséquence, logiquement, comment un homme, aujourd'hui, s'il médite vraiment l'exemple de Jésus, peut-il accepter ce titre ecclésiastique, qui ne procède pas d'une source évangélique ?  Il s'agit, historiquement, d'une appellation qui distinguait jadis l'aristocratie : le "seigneur"...  Serait-ce si difficile d'abandonner ce terme ? Mais le titre de "Monseigneur" fait de la résistance... On appelle bien le pape par son prénom : François. Pourquoi ne pas dire : "Tiens, voici François, évêque de Luçon", ou "Daniel, prêtre à Talmont"... Il faut d'urgence nous "déconstantiniser" !

Pasteur
Là encore, en utilisant ce titre, et même en se l'appropriant sans en connaître le sens biblique, l'on se trouve dans l'erreur par rapport à l'Ecriture !  François, notre évêque, lors de la réco des prêtres du diocèse (voir mon billet n° 2265, du 18 mars), a bien insisté sur ce point en nous rappelant que le titre de "Pasteur" concerne exclusivement le Christ, seul Pasteur.  L' "unique pasteur" annoncé (en Ezéchiel 34/23), "c'est moi", dit Jésus (Jean 10/11).  Sr Martine, de Bourgenay, m'a expliqué que le "Je suis le bon pasteur" de Jésus, c'est le "Je suis" qui désigne uniquement Yahvé (Exode 3/14, le buisson ardent, lu le dimanche 24 mars dernier). Et dans tout le Nouveau Testament, même pas dans les Evangiles, le seul moment où le titre de "Pasteur" est donné aux disciples, c'est en Ephésiens 4/11 ; et encore, ce mot est cité de façon très sobre !  De plus,  notre évêque nous a expliqué que quand Pierre écrit : "Faites paître le troupeau de Dieu qui se trouve chez vous" (1 Pierre 5/2), cela ne signifie pas "dirigez-le", mais "paissez-le", c'est-à-dire : "donnez lui à manger"Attention donc, là encore, à ne pas s'identifier trop vite au Christ-Pasteur. Lui, c'est le chef des bergers, et ceux qui se disent "Pasteurs" ne sont en fait que de petits bergers, des esclaves, des serviteurs, et non des maîtres ou des dirigeants.

FRERE
Mais alors, me direz-vous, comment faut-il vous appeler ?   Personnellement, j'ai l'habitude de répondre : "ma mère m'a appelé Olivier ; vous pouvez m'appeler ainsi !"  Quand j'étais prêtre aux Sables d'Olonne, j'ai gardé le souvenir ému d'un jeune, qui avait plein de difficultés psy. Chaque fois qu'il me voyait, il s'écriait : "Ah ! Frère Olivier, comment ça va ?"  Il était le seul à m'appeler ainsi. Et pourtant, n'est-ce pas le plus beau titre ?  Chaque prêtre, ou évêque, n'est-il pas d'abord "frère" des autres baptisés, même s'il a une charge au sein de ce peuple de Dieu ?  Une charge de serviteur, bien entendu.  Car dans le service du peuple des amis de Jésus, personne n'est au-dessus de quiconque. Mais tous, y compris les évêques, dépendent de la communauté au service de laquelle ils sont confiés.  Comme l'a dit récemment Pascal Wintzer, évêque de Poitiers : "il faut casser l'image du prêtre [et de l'évêque !] perçu comme un homme en-dehors et au-dessus de l'humanité."  Et bien sûr envisager une place des femmes à la hauteur de leurs charismes, au sein du Peuple de Dieu.
En résumé, excusez l'expression, mais comme l'écrit le bibliste Claude Tassin, "à la lumière de l'Ecriture, la titulature ecclésiastique mériterait peut-être un coup de torchon périodique !"  En ce moment, la période et les événements sembleraient s'y prêter...
2 citations, parmi bien d'autres, illustrant comment Jésus nous considère tous comme des frères (et pas des Pères,... ni des Monseigneurs !)
"Qui est ma mère, qui sont mes frères ?" Montrant ses disciples, il dit : "Voici ma mère et mes frères ; quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, c'est lui mon frère, ma soeur, ma mère." (Matthieu 12/48-50)
-  "Jésus est l'aîné d'une multitude de frères." (Romains 8/29)


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