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...Alors, en réponse à vos attentes, Olivier Gaignet vous propose de vous exprimer librement.
Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



samedi 29 décembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2236 : "La famille est une usine d'espérance." (pape François)



Je vous communique mon homélie de ce dimanche de la Sainte Famille sur la paroisse.


Ah !  La Sainte Famille, quelle merveille !  Joseph à l’atelier, oeuvrant consciencieusement à fabriquer une porte ou façonner une charpente (Joseph le charpentier), Marie plongée dans la prière tout en préparant le repas, jetant un coup d’œil de temps en temps à Jésus enfant jouant avec trois morceaux de planche ramassés dans l’atelier de son père : plus sage que moi, tu meurs !

Mais, dans tout cela, quoi de commun avec nos familles d’aujourd’hui, traversées par des ruptures ou recomposées, mono-parentales ou pacsées ?  Et dans lesquelles, lors des repas de Noël ou du Nouvel an, il vaut mieux éviter de parler politique ou religion si l’on veut maintenir une certaine harmonie. En sortant de tels rendez-vous, parfois, l’on peut se dire : « Ah ! Dans la Sainte Famille, cela devait être plus simple ; et là au moins, l’on s’entendait bien, et le Christ était présent… »

Dieu merci, la scène décrite dans l’évangile de ce jour permet de remettre les choses à leur place ! En effet, ce que l’on définit comme une famille un peu idéale se trouvait pourtant dans une situation pas très « catholique », si je puis m’exprimer ainsi ! Voyez Marie et Joseph : dans leur couple, rien ne se passe comme prévu. Une vierge qui est enceinte avant le mariage, un époux qui n’est pas le père biologique, Jésus qui fait une fugue, des parents qui vivent ensemble sans être mariés : difficile à donner comme exemple à des jeunes couples aujourd’hui !

Mais c’est cela qui est instructif !  Car, à travers la vie de ce couple atypique, la Bible, la Parole de Dieu nous aide à comprendre que, comme l’a dit le pape François, je le cite : « la famille idéale n’existe pas » ; et l’histoire de la Sainte Famille nous permet de saisir que la vie de Dieu peut arriver à naître et à grandir même à travers des situations invraisemblables, sans rapport avec les exigences de la Loi juive d’alors, pas plus que du Droit Canon aujourd’hui.

Or, trop souvent, nous avons gommé cet aspect hors norme de la Sainte Famille, pour en faire la famille idéale, telle que nous la rêvons, en mettant de côté tout ce que cette Sainte Famille a dû traverser comme épreuves, ou incompréhensions, vu son incroyable histoire.

Mais le rêve nous poursuit de redevenir une famille unie et apaisée. D’où la blessure que l’on ressent à n’être pas la famille rêvée, avec la petite fille qui vient de divorcer, le frère avec lequel on est fâché suite à une maudite affaire d’héritage, ou ce fils qui vit désormais avec un copain, ce que l’on n’arrive pas à encaisser.

Justement, la Sainte Famille a-t-elle quelque chose à nous dire par rapport à tout cela ?  Quatre pistes de réflexion :
Premièrement, c’est Maxime Le Forestier qui chante : «On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille. » Croyez-vous que Joseph, ou Marie, avaient choisi la situation qu’ils ont eu à vivre ?  Cependant, ils l’ont assumée. De la même façon, pour nous, c’est sans doute lorsque l’on accepte que son couple, ou sa famille, ne soit pas idéal, que l’on se révèle enfin mûr et adulte, quand on décide, quand on choisit, malgré tout, telle qu’elle est, de l’aimer.

2° piste : Joseph a su accueillir Marie, malgré sa grossesse surprenante, tandis que Marie lui a fait confiance, sans trop comprendre ce qui se passait. Ils ont accepté de ne pas tout comprendre, de ne pas tout commander, comme face à Jésus qui, par sa fugue au Temple, leur avait échappé. Mais, avec le temps, ils ont construit et fait grandir leur amour. Et moi, dans ma famille, telle qu’elle est, dans mon couple, avec mes proches, qui ne sont pas vraiment tels que j’aurais pu l’espérer, comment est-ce que je contribue à entretenir l’écoute et la bienveillance, l’acceptation de chacun et sa valorisation ? Plutôt que d’user mon énergie à me lamenter.

3° piste : Est-ce que le fils qui est homosexuel, ou la belle-fille, même si elle nous a fait des crasses, ont toujours leur photo sur le frigo ? Car, vous le savez mieux que moi, c’est souvent sur le frigo, ou sur les murs de nos salles de séjour, que nos histoires de famille se racontent, et que l’on peut mesurer la place, ou l’absence de chacun…

Dernière réflexion : il nous arrive fréquemment d’être tristes parce que nos enfants ne pratiquent plus, ou lorsque nos petits-enfants ne sont pas baptisés. Là encore, rappelons-nous qu’ils ne sont pas pour cela abandonnés de Dieu. J’aime bien cette formule du pape François disant que les familles, qu’elles soient pratiquantes ou non, n’en restent pas moins, je le cite, « des usines d’espérance ». Ceci est une formule à retenir ! C’est-à-dire qu’en elles, malgré nos craintes, rien n’est jamais perdu. Bien sûr, tant mieux si vos enfants pratiquent régulièrement et font baptiser leurs propres enfants. Mais si tel n’est pas le cas, au lieu de vous faire le reproche d’avoir échoué dans votre travail d’éducation, soyez positifs, et confiez-les au Seigneur par votre prière et votre exemple de foi. Croyez-vous que Marie et Joseph n’étaient pas inquiets par rapport à Jésus, qui, entre autres, avait l’air de tout remettre en cause dans la religion juive de son époque ?

Deux exemples en terminant :
.  lorsque, à l’occasion de leur préparation au mariage, je rencontre des jeunes couples, dont la plupart ne pratiquent plus du tout, si je leur demande pourquoi ils veulent se marier à l’église alors qu’ils ne vont pas à la messe, ils me répondent souvent en faisant référence à la foi de leurs parents ou de leurs grands-parents, une foi qu’ils admirent, et dont ils ont gardé le meilleur : peut-être pas la pratique, mais le souci de mettre leur futur couple dans la main de Dieu, et de vivre en conformité aux valeurs de l’Evangile. D’ailleurs, on appelle ceux-ci, dans notre jargon ecclésiastique : « des pratiquants de l’Evangile ».
.  même chose pour les couples non mariés qui font cependant baptiser leurs enfants ; et cela, parce que pour eux, même s’ils ne viennent pas régulièrement à l’église, Jésus et l’Evangile restent quelque chose de parlant.

C’est à partir d’exemples tels que ceux-ci que je rappelais cette formule du pape François disant que la famille, c’est « une usine d’espérance ».

Une dernière bonne nouvelle : vendredi matin, une paroissienne était toute heureuse de m’annoncer que, dans sa famille, où l’on ne s’était jamais retrouvés au complet depuis des années, des pas avaient été faits, des réconciliations étaient advenues, si bien qu’au réveillon de Noël, tout le monde était présent.

La Sainte Famille a été une usine d’espérance ; à chacun de nous de faire en sorte qu’il en soit ainsi, également, dans chacune des familles où Dieu nous a plantés !  Amen !  Qu’il en soit ainsi !

vendredi 28 décembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2235 : Est-il minuit, Chrétiens ?

Je viens de parcourir, dans la revue "Valeurs actuelles" en date du 20 décembre, un article intéressant intitulé "Minuit chrétien sur l'Occident". Un sociologue y décrit comment, chez nous, "le catholicisme s'est brutalement effondré" : "églises partout présentes, souvent belles, mais en majorité très vides, pour ne pas dire désertées", "joyeux Noël remplacé par "joyeuses fêtes de décembre" (ou de fin d'année), "déchristianisation radicale de la culture", "partout, le monde chrétien semble se dissoudre", "présence de plus en plus visible de l'islam", etc... En un mot, l'avenir semble bien sombre, et cette analyse rejoint le ressenti d'un certain nombre de catholiques, en France et chez nous.
Cependant, au sein de cet article globalement négatif, j'ai repéré la remarque suivante : "Si l'esprit de Noël n'est pas qu'une légende, il se révèle justement dans ce désir qu'ont les hommes de recoller ce qui semblait définitivement brisé, comme si ce qui n'était pas réconciliable en ce monde pouvait l'être lors d'un repas béni ou d'une prière. Comment ne pas y voir une grâce qui réchauffe l'âme plus que tout ?"
Alors là, j'ai repensé à cette réflexion profonde du pasteur Martin-Luther King assurant ceci : "Il est minuit dans notre monde. Minuit est l'heure où tout se confond, où les valeurs disparaissent. La tâche de l'Eglise aujourd'hui est de dire au monde que l'heure de minuit est une heure qui passe..."
Autrement dit, notre boulot de chrétiens, ce n'est pas de pleurnicher sur les églises qui se vident ou sur "la religion qui se perd" ! Ah ! si l'auteur de l'article avait pu développer, non seulement ce qui s'écroule, mais valoriser ce qui naît, ce qui évolue, ce qui bouge et qui grandit ? Mais non, il en est trop resté figé sur l'heure de minuit... Tandis que le visionnaire pasteur M-L King nous rappelle qu'il n'est déjà plus minuit, mais qu'à présent, comme annoncé à Noël, l'aurore se lève, nous invitant à contempler le monde nouveau qui est déjà là ; un monde différent certes, mais si lumineux et si beau ! En voici quelques signes parmi tant d'autres :

-  Jeanne Pelat, myopathe, en fauteuil, star du Téléthon et porte-parole des malades chaque année depuis qu'elle en a été la marraine à 8 ans en 2004, copine de Sophie Davant, Garou, Nagui et autres, multi-diplômée en histoire de l'art, journalisme et théologie, en outre très jolie, entre dans les ordres comme religieuse à l'âge de 22 ans.
-  pour la 3° année consécutive, le Conseil français du culte musulman présente "ses meilleurs voeux de bonheur à l'ensemble des chrétiens de France à l'occasion de la nativité." De même, institutions, imams ou simples croyants, en France, les musulmans ont été nombreux à adresser leurs voeux aux chrétiens pour Noël ; choisissant ainsi de braver l'interdit salafiste de "s'associer" à cette fête considérée comme "impie".
-  plusieurs familles m'ont partagé qu'au cours du réveillon, ici ou là, l'on avait repris en choeur un refrain de Noël comme "il est né le divin enfant", pour la joie de tous. L'on a également expliqué la crèche à des petits enfants et allumé des bougies auprès de lenfant Jésus.
-  d'après une enquête sur le bénévolat en France, 43% des Français de plus de 18 ans ont déclaré avoir mené des actions bénévoles au service des autres, ce qui représente 4 Français sur 10. Et parmi eux, un tiers est très fortement engagé. Cela a forcément à voir quelque part avec l'esprit de Noël, qui peut parfois toucher le plus tenace des incroyants.
-  à la sortie de la messe de la nuit de Noël à Talmont, malgré l'heure avancée, je n'ai pas du tout eu l'impression qu'il était minuit dans les coeurs, ni que les participants étaient désespérés. Je n'ai vu que des sourires, je n'ai entendu que des paroles de bonheur. J'ai eu alors l'impression que toutes ces personnes, en grande majorité non pratiquantes régulières, avaient été touchées au coeur par le message de Noël.
A vous de repérer de tels signes également !

Non, chers amis chrétiens ; en Occident et chez nous, il n'est pas minuit ; car, comme le disait Jean Giraudoux : "comment cela s'appelle, quand la nuit s'avance, et qu'elle a été bien douloureuse et bien noire ? Et bien, cela s'appelle "l'aurore" !" Et pour nous chrétiens, cette aurore a un nom : c'est Jésus, le "soleil levant" !
Quant à ceux qui penseraient que je ne semble pas me soucier de voir les églises se vider, je répond que cela m'inquiète aussi ; mais je me réfère surtout à ce que déclarait l'ancien archevêque d'Alger, Mgr Henri Tessier, dans le journal "La Croix" du 7 décembre dernier : "le Royaume ne se construit pas là où l'on fait des baptisés, mais là où l'on travaille pour plus d'humanité."

mercredi 26 décembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2234 : Messe de minuit sur un rond-point !

Voici un article de Fanny Magdelaine, paru en ligne dans "les Essentiels" du journal "La Croix".
Merci à une paroissienne fidèle, Jennifer, qui m'a envoyé cette image qu'elle a trouvée sur le site de la BBC news (!), parmi les meilleures photos prises ce Noël autour du monde !!!





Le prêtre de Denain, connu ici pour être proche des gens, trouve les mots pour accueillir ces fidèles d’un soir autour d’un maître mot, le « dialogue ».
Le prêtre de Denain, près de Douai, dans le Nord, connu ici pour être proche des gens, trouve les mots pour accueillir ces fidèles d’un soir autour d’un maître mot, le « dialogue »
Il porte un gilet jaune depuis le début du mouvement. Pour Noël, c’est bien naturellement que le père Joseph Nurchi est venu célébrer la messe de minuit sur le rond-point des Quatre-Chemins à Somain (Nord), avec 250 "gilets jaunes". Et ce soir, la chasuble du prêtre, ancien ouvrier, est jaune aussi : « C’est un couple de réfugiés nord-coréens qui me l’avait offert à l’occasion de mon ordination… »
Douce nuit, Il est né le divin enfant, Les anges dans nos campagnes… Le prêtre commence par faire répéter ces classiques à une assemblée hétéroclite, peu habituée aux églises. Un « peuple de France, avec des chrétiens, musulmans, athées » dit encore le père Joseph Nurchi qui, accompagné par le curé d’une ville voisine, prend soin de prévenir ses ouailles. « Nous allons célébrer la messe avec l’eucharistie et je souhaite qu’on ait l’attitude qui convienne ».




  Audrey, 43 ans, mère au foyer de quatre enfants, connaît bien le père Nurchi : « Je ne vais pas à la messe, mais il a baptisé mes enfants et mes neveux. Il est toujours présent. Et vraiment aimé de tous. »
Les feuilles de chants sont distribuées, la messe peut commencer. C’est Aurélie, auxiliaire de vie, qui lit le mot d’accueil, en s’adressant à chacun : « Toi, le retraité, toi, le travailleur, toi, la maman qui cumule deux emplois… Nous sommes tous unis ce soir pour célébrer Dieu qui nous apporte la lumière… » Cette trentenaire a préparé la messe avec l’abbé et deux autres gilets jaunes catholiques, Johan et Maxence.



« Le ciel et la terre ont convergé dans la crèche et nous avons une convergence : lutter contre l’injustice sociale qu’on ne peut pas accepter », poursuit le père Nurchi pour introduire la prière pénitentielle… Avant d’insister, dans son homélie, sur le thème de la paix : « Aucune violence n’est légitime, qu’elle soit celle des casseurs qui touchent aux biens des autres ou la violence économique qui fait sortir les gens dans la rue… Mais sur ce rond-point des Quatre-Chemins, vous avez toujours privilégié le dialogue… »
 
Un peu à l’écart, Pascal, accompagné de membres de sa famille, s’interroge : « Ce prêtre est-il à part dans le diocèse ou le diocèse est-il d’accord avec lui ? » A 54 ans, cet ancien permanent syndical invalide n’est pas dans le besoin : « Je suis là car je suis solidaire à 100 %. Et je suis touché par cette initiative catholique, c’est une première pour moi qui ne vais jamais à l’église. » Non loin de lui, un homme se fait discret. C’est le propriétaire du terrain sur lequel la tente a été dressée. Car jeudi dernier, les forces de l’ordre ont évacué le rond-point ; mais le propriétaire a accepté d’accueillir pour un temps, quelques mètres plus loin, le campement des gilets jaunes.
Des enfants sans gilet jaune mais avec des bonnets de père Noël s’amusent à côté de l’assemblée qui chante et prie. Quant aux adultes non pratiquants ou non croyants, ils se tiennent un peu plus loin, pour ne pas gêner.
Mohamed, gilet jaune, est venu fêter Noël avec ses enfants ici : « Je suis d’origine musulmane, je suis là pour la paix et la non-violence. C’est une belle messe des peuples, c’est l’Église aux portes ouvertes… »




mardi 25 décembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé, de Noël 85, n° 2233 : Le coeur du mystère de Noël



Dix jours sans billets : le temps m'a vraiment manqué ! Je m'en excuse. Et en ce jour de Noël, pas de billet proprement dit non plus, mais mon homélie de cette nuit, en l'église St Hilaire de Talmont, plusieurs me l'ayant demandée. Belle fête à vous !

Chers amis, enfants, jeunes, adultes, aînés, comment ne pas vous rendre hommage ?  Vous qui avez fait le choix de donner du temps, en cette nuit de Noël, pas seulement à un repas de fête, même si celui-ci sera important, mais d’abord, afin d’être là pour accueillir Jésus, le Sauveur !

D’ailleurs, par l’intermédiaire de ces enfants qui ont traversé vos rangs pour donner à Jésus toute sa place devant nous, c’est chacun de vous qui venez de lui dire, au plus profond de votre cœur : « Oui Jésus, entre chez nous ! Eclaire désormais toute notre existence ; illumine la vie de notre société ! » Je propose, sans obliger personne bien sûr, que nous reprenions ensemble cette prière ; vous pourrez répéter après moi :"Oui Jésus...", "Eclaire...", "Illumine..."

Vous avez remarqué ? J’ai bien dit : « toute notre existence » ! En effet, à Noël, là où Jésus vient habiter, c’est dans les crèches des églises bien sûr, mais aussi sur nos quartiers, dans nos écoles, nos lieux de travail, en nos maisons, et partout. Un exemple : ce que vient de vivre l’évêque de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne. Il y a quelques jours, cet évêque est allé à la rencontre des gilets jaunes, sur un rond-point. Et là, ceux-ci lui ont montré leur sapin de Noël, ainsi que la petite crèche qu’ils avaient installée, une simple crèche en carton à 2 € ; mais quel symbole ! Avec un petit clin d’oeil à l’inconfort de Bethléem.

Vous n’allez pas me croire !  Jésus vient même pour les gilets jaunes ; mais, je vous rassure, il vient également pour nos gouvernants. Il vient pour les gens du Talmondais, mais aussi pour les autres, pour nos frères et sœurs de la terre entière. Il vient même pour Poutine, pour Trump, pour Bachar et consorts, comme jadis pour César et pour Pilate. A eux, à nous, d’écouter sérieusement le message que veut nous communiquer le Sauveur !

L’on a parfois cru que Jésus était venu seulement  pour ceux qui croiraient en lui ; par ex., les catholiques, vus comme représentant « la vraie religion ». Quelle erreur ! D’ailleurs, l’esprit de Noël, qui envahit la terre entière à l’occasion de cette fête, montre clairement que le salut proposé par Jésus dépasse largement les murs de nos églises, pour rejoindre tout humain : les mauvais comme les bons, chrétiens ou non !

Et qu’est-ce qui se passe alors ? Je vais vous donner un exemple. Lorsque j’étais missionnaire au Mali, pays musulman à 95%, lors des messes de la nuit de Noël, pour 150 catholiques sur la paroisse, il y avait 2000 participants… ; donc la plupart musulmans ! Je leur demandais : « Pourquoi vous êtes là ? »  Et ils me répondaient : « pour nous, Jésus, c’est un grand prophète ; il nous invite à devenir meilleurs, et nous voulons l’honorer avec vous. »

Jésus en effet interpelle chacun, et pas seulement les chrétiens, pas seulement les pratiquants, au plus profond de sa conscience, en lui demandant : « Et toi, où en es-tu de ta vie ? Dans ta  façon de te comporter en famille, dans ta manière de vivre en tant que citoyen, es-tu un artisan de justice, un bâtisseur de paix, un créateur de fraternité ? » A l’image de ce que Jésus a été…

Certains avancent que, dans notre société, dans notre pays dit « des lumières », pour évoluer, l’on n’a pas besoin d’un Sauveur. Comme si l’on avait besoin d’un Dieu pour réussir notre vie…  Ce refus d’un Sauveur, cela me rappelle cette histoire du légendaire baron de Münchausen qui, au cours d’une bataille, tombé malencontreusement dans un  étang, voulut remonter à la surface en se soulevant lui-même par les cheveux. Vous imaginez la scène ? Le type, au fond de l’étang, croyant pouvoir s’en sortir par ses seules forces. Que croyez-vous qu’il arriva ?  Il a pu s’en sortir ?  Ben non… Le prétentieux baron se noya !
La leçon de cette histoire : impossible d’y échapper ! Il nous faut admettre humblement, nous humains si pleins d’orgueil, que notre humanité, pour arriver à se sortir de l’eau de ses problèmes, et pour survivre à ses naufrages, notre humanité a besoin de l’aide d’un Père et du secours d’un Sauveur. Regardons ce qui se passe dans nos familles par ex., où la situation est parfois si lourde, qu’il n’y a peut-être que Dieu qui puisse la débloquer… De même que l’on a besoin des pompiers quand il y a le feu à la maison…

Et ça fonctionne !  Le secours de Dieu est visible en effet ! Par ex., Noël n’est-il pas le moment de l’année où même le plus tenace des incroyants se laisse émerveiller par les beaux chants de Noël, répercutés en chœur par de nombreuses chorales au cours de ce mois de décembre ? C’est le moment aussi où, lors des repas de famille, les plus forts en gueule s’apaisent un peu, cela permettant à chacun de trouver sa place et d’être respecté dans sa diversité.

Dans notre société blessée, fracturée, dispersée, Noël en effet, c’est le moment où remonte à la surface ce qu’il y a de meilleur au plus profond de chacun : le temps d’un repas, ou lors d’un choix intelligent des cadeaux ; ou pour la visite auprès de la mamie isolée et bien fatiguée, comme dans l’attention plus grande apportée à des personnes défavorisées.

Notre société, soit-disant loin de Dieu, fourmille ainsi d’exemples d’entraide et de fraternité, dont nos journaux d’ailleurs se font largement l’écho. Et sans que tout cela soit l’œuvre seulement des chrétiens pratiquants. Ne soyons donc pas des cathos grognons et pessimistes, car les valeurs de l’Evangile et de Noël sont bien présentes au cœur de notre société ; et il existe un gisement énorme de générosité au plus profond de chacun.

Je voudrais terminer avec l’exemple que nous donnent des enfants de chez nous. Dans le cadre du Secours catholique, des CM2 de diverses écoles, sur Talmont, le Poiroux, Longeville entre autres, inscrits au passeport du civisme, ont fait don de présents personnels, à travers des friandises et des gâteaux, au profit d’enfants et de familles de chez nous en difficulté. Bravo les enfants pour votre générosité !  D’autre part, les adultes ne sont pas en reste, si j’en juge par ce que nous annonce « Ouest-France » dans son édition de ce 24 décembre avec ce don de plus de 16.000 € de la part de l’association des Forces T’almondaises » dans le cadre du Téléthon.

Les enfants, écoutez cette histoire : récemment, de terribles inondations ont dévasté le sud de l’Inde, au Kérala. Anupriya, une petite fille de 8 ans, a vu les images de ce désastre à la télé. Cette enfant économisait depuis l’âge de 4 ans pour pouvoir s’offrir un vélo quand elle serait plus grande. Régulièrement, elle mettait 5 roupies dans sa tirelire, quelques centimes d’euros. Bouleversée par la détresse des sinistrés, pour leur venir en aide, Anupriya a fait don de tout l’argent qu’elle avait mis de côté durant 4 ans, renonçant à son rêve d’avoir un vélo. Mais son geste n’est pas passé inaperçu ; les médias s’en sont emparé, et tout un tas d’autres enfants  ont fait des dons, à son exemple. Cette petite fille, de religion hindoue, très croyante, fait mentir Jean-Paul Sartre, qui affirmait que « l’enfer, c’est les autres » ; elle nous rappelle ainsi, en effet, que donner du bonheur aux autres, c’est cela, le cœur du mystère de Noël !                                                                                                                        

samedi 15 décembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2232 : Gilets jaunes et esprit de Noël

"Gilets jaunes et esprit de Noël" ! Mais enfin, mon pauvre Olivier, tu rêves ?  Dans quel monde vis-tu ? Tu vois bien qu'il n'y a pas de rapport entre ces deux réalités !  Si  ce n'est qu'il y a des gilets jaunes qui font de la casse, et que la mission de Jésus, à Noël, c'est de venir réconcilier tout le monde, et "tout réparer" (= en termes cathos : "nous sauver").
Mais ce pauvre Jésus, sait-il vraiment dans quel monde il va débarquer ?  Avec nos complication sociales, nos ressentiments et nos bêtises, est-ce qu'on ne va pas le décourager dans son désir de venir nous guérir et nous relever ?
C'est vrai qu'il y a vraiment à boire et à manger dans ce mouvement inattendu des gilets jaunes, aux multiples attentes et revendications. Et pourtant !!!  Au-delà de l'action des casseurs, impossible de faire comme si tous ces appels ne valaient rien, comme s'ils n'auraient aucune signification !  D'ailleurs, nous connaissons tous des gilets jaunes qui sont respectueux de l'ordre public, honnêtes, prêts au dialogue et ne mettant pas en avant que des souhaits impossibles !
Je retiens quelques termes qui ont fait mouche depuis un mois : proximité, écoute, attention aux plus défavorisés, souci d'égalité, désir d'exister, refus d'être oublié ou méprisé d'en haut, sens du social, possibilité d'avoir droit à la parole, souhait de participation, désir d'une vie meilleure en particulier pour les plus démunis, prise en compte véritable des "naufragés du système", pour reprendre l'expression si évocatrice de Victor Hugo dans "Les Misérables"...
Ah !  L'esprit de Noël !  Sur quoi les prêtres vont-ils prêcher lors des messes de minuit ? Il y aurait une belle étude à faire à ce sujet !  Bon courage, les gars !
Et pourtant, c'est peut-être lors de ces messes de la nuit de Noël, qui rassemblent des foules en général, qu'il sera possible de communiquer un beau message de vérité et d'espérance. L'occasion pour tous ceux qui voudraient voir apparaître ce monde meilleur dont ils rêvent, d'entendre des paroles de vie, de reconnaissance et de consolation.
La semaine passée, à l'issue d'une messe, un paroissien, ancien policier, a dit qu'il n'y avait que dans les églises que l'on entendait de vraies bonnes nouvelles, ou plutôt peut-être, la seule et vraie Bonne Nouvelle.
Cela d'ailleurs répond bien à cette question que viennent de poser les évêques de France, dans la déclaration qu'ils ont publiée ce mardi  11 décembre : "Où nos concitoyens trouveront-ils des lieux appropriés" pour trouver des solutions ensemble ?
Il pourrait être utile de faire connaître les pistes de réflexion et d'action qu'ils proposent :
-  quelles sont, selon vous, en essayant des les hiérarchiser, les causes principales du malaise actuel et des formes de violence qu'il a prises ?
-  qu'est-ce qui pourrait permettre aux citoyens dans notre démocratie de se sentir davantage partie prenante des décisions politiques ?
-  quels sont les lieux ou les corps intermédiaires qui favoriseraient cette participation ?
-  quel est le bien commun qu'il nous faut rechercher ensemble ?
-  quelles raisons d'espérer souhaitons-nous transmettre aux enfants et petits-enfants ?
J'ai cité l'autre jour en homélie ce que disait déjà Albert Camus en 1957, lors de la remise de son prix Nobel de littérature : "Chaque génération sans doute se croit vouée à refaire le monde. La mienne pourtant sait qu'elle ne le refera pas. Mais la tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse."
Est-ce que ce type d'attitude n'aurait pas quelque chose à voir avec l'action de Jésus-Sauveur, impliquant également la nôtre ?  On serait bien alors, gilets jaunes ou non, unis dans l'Esprit de Noël.
A chacun de s'y préparer, en famille, avec d'autres, et de son mieux !

jeudi 13 décembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2231 : Des délinquants, pas des musulmans !



Dans mon précédent billet, je vous disais que nos frères juifs se sentent souvent mal jugés, ostracisés dans notre pays ; trop souvent, il en est malheureusement de même en ce qui concerne nos amis musulmans, dont l'immense majorité, comme nous, ne souhaite que vivre dans la paix. A ce sujet, je vous joins l'intéressant article de la journaliste de "La Croix" Elise Descamps. 


 « "C’est encore un musulman", ont directement réagi mes copines, hier soir », raconte Kanita, 17 ans, les larmes aux yeux. Retrouvant un proche à la gare, elle a bien besoin de l’étreindre. Elle ne comprend pas. « Moi aussi j’étais au marché de Noël avec mes frères et sœurs la semaine dernière. C’est un symbole chrétien, et alors ? Tout le monde va au marché de Noël. » Originaire de Nice, venue à Strasbourg pour ses études, le sort s’acharne. « Ça commence à s’accumuler », accuse la jolie jeune femme, se sentant brusquement à nouveau fragilisée : « On va encore être mal vus », souffre-t-elle.

Dans la rue, Halima, 45 ans, musique dans les oreilles, et fin voile encadrant son visage, est, elle aussi, choquée. « Ces gens n’ont rien fait de mal ! Ils sont morts pour rien ! ». Mais si elle s’attend à ce qu’on la regarde "bizarrement", elle le comprend. « Ce serait normal. Je ne le prends pas pour moi. C’est une réaction logique », juge-t-elle, fataliste.

Sortant de la prière de 14 h 30, à la Grande Mosquée de Strasbourg, un quadragénaire n’a pas non plus peur d’être critiqué. « Quel rapport avec nous ? Ce n’est pas un musulman mais un délinquant, un meurtrier ». Pourtant, il l’avoue, amer : il est « dégoûté » et n’a pas dormi de la nuit. « J’entendais les hélicoptères, et je me demandais : Est-on en Irak ? En Syrie ? S’il y a vraiment des mauvaises mosquées comme on le dit, pourquoi l’État ne fait-il rien ? Notre imam vient du Maroc, on n’a rien à lui reprocher. Le tueur, lui, il est né à Strasbourg. Cela m’énerve encore plus ! Mais tout le monde ici condamne ça ! », tempête-t-il.

De fait, mercredi 12 décembre à la mi-journée, la Grande Mosquée de Strasbourg publiait un communiqué condamnant « l’acte infâme, lâche et barbare » perpétré la veille et présentant ses condoléances aux familles, ainsi que le rétablissement aux blessés. Il soutenait également les forces de l’ordre « qui veillent à notre sécurité » et appelait l’ensemble des mosquées de Strasbourg à y consacrer un moment de prière lors du prêche de ce vendredi et à l’issue, une minute de silence.

Originaire d’Algérie, un autre homme se sent « profondément triste ». « J’ai vécu ça en 1991. Ce sont de mauvais souvenirs. Ce n’est pas normal de faire ça dans notre religion. Je suis en colère, car ce sont tous les musulmans qui vont subir une mauvaise image. »

Habituellement, Fatima laisse sa fille de 13 ans aller seule, en bus, au cours de Coran à la Grande Mosquée. Mais ce mercredi elle a tenu à l’emmener en voiture. « J’ai peur, je suis inquiète ». Mustapha, 52 ans, impliqué dans les activités de la mosquée, pointe le profil des auteurs d’attentats. « Regardez leur parcours. Ce ne sont que des personnes malhonnêtes, des délinquants. L’islam n’est qu’un prétexte. Mais cela intéresse les journalistes ». D’ailleurs, au cours coranique du matin, où était son fils, l’enseignant a repris avec les enfants et adolescents les passages du Coran interdisant de tels actes.

Alors que faire, pour éviter de telles dérives ? « On prône déjà le vivre ensemble sans cesse dans notre mosquée. Mes enfants sont dans un groupe scout avec des chrétiens. On fait ce que l’on peut, confie Mustapha. Peut-être qu’il faudrait approfondir encore les liens entre les religions, entre les mosquées et l’État, imaginer des structures spécifiques, repérer les sortants de prison… »                                          
Élise Descamps
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Permettrez-moi de vous citer l'une des nombreuses et peu connues sourates du Coran appelant les musulmans à la sainteté :
"Ceux qui recherchent la face du Seigneur, ceux qui partagent leurs richesses, ceux qui repoussent le mal par le bien, voilà ceux qui posséderont la demeure finale."  (sourate 132, verset 19)

mardi 11 décembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2230 : Cris de douleur, paroles et gestes de consolation

Auprès de nous, mais aussi à travers la planète, trop nombreux sont les cris de douleur d'homme, de femmes et d'enfants ; mais heureusement, la fraternité n'est jamais absente totalement !  Voici quelques exemples parmi bien d'autres...

-  le prochain Conseil national de l'AJCF (Amitié Judéo-Chrétienne de France) se tiendra le 20 janvier à Paris sur le thème de "la persistance de l'antijudaïsme chrétien."  Nos amis Juifs sont effarés, et à raison, face à des réactions étonnantes de la part de chrétiens disant par exemple : "les Juifs, c'est quand même eux qui ont rejeté le Christ", "oh, les Juifs, il ne faut pas s'inquiéter pour eux : ils ont les moyens de s'en sortir", etc... Puisse ce Conseil national leur permettre d'apaiser leurs craintes, avec l'appui fraternel des chrétiens qui y participeront !

-  dimanche dernier, au marché de Noël, un enfant, se trouvant face au Père Noël, lui a dit : "moi, je suis triste, parce que l'infirmière m'a dit que Jésus avait besoin de ma maman, qui va mourir. Mais toi, Père Noël, si tu vas au ciel, est-ce que tu pourras dire à ma maman que je l'aime beaucoup ?"

-  rencontre avec une dame, très handicapée, qui vient de recevoir une lettre assez sèche de son médecin-traitant lui annonçant qu'il ne pourra plus s'occuper d'elle. Désespérée, elle se confie à sa pharmacienne, qui s'est mise en quatre pour l'accompagner dans sa recherche, avec succès, d'un autre médecin.

-  dans le Kivu, au Congo, le viol est devenu une arme de guerre ; de nombreuses femmes et fillettes sont gravement abîmées, et pas seulement violées. Mais, depuis 1989, au péril de sa vie, et malgré l'assassinat sauvage d'une partie de ses assistants, et auquel il a échappé, le gynécologue congolais Denis Mukwege consacre sa vie à "réparer" les corps de ces femmes. Leur cri de douleur a été entendu, et Denis vient de recevoir hier le prix Nobel de la paix ; ainsi que Nadia Murad, Yézidi, dont le combat contre le viol a lui aussi été récompensé.

-  un peu partout, à présent, des abusés sexuels s'expriment par rapport aux souffrances terribles qu'ils ont vécues ; ils parlent souvent de façon très violente, à la fois par rapport à ceux qui les ont abusés, mais aussi vis-à-vis de membres de l'Eglise qui n'ont pas entendu leurs cris. Cela surprend certains ; mais peut-on leur reprocher de ne pas parler de façon plus irénique des crimes qu'ils ont subis, et dont ils ont enfoui le souvenir au plus profond d'eux-mêmes durant tant d'années. Soulagement de plusieurs d'entre eux en sortant d'une rencontre organisée par un groupe de chrétiens, au cours de laquelle enfin, il s'étaient sentis écoutés !

Magnifiques textes bibliques proposés par la liturgie de ce jour :
-  Isaïe 40/1-11  :  "Consolez, consolez mon peuple, parlez (lui) au coeur."
-  Matthieu 18/12-14  :  "Votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu'un seul de ces petits soit perdu."

dimanche 9 décembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2229 : Jésus et les marchés de Noël

Chaque année, courant décembre, tandis que l'on se rapproche de Noël, je me réjouis de sentir que quelque chose est en train de se passer au coeur de notre humanité. Cette année cependant, l'on pourrait se poser cette question, que j'ai d'ailleurs partagée avec les paroissiens de Longeville lors de mon homélie de ce jour : et si, en 2018, Jésus ne venait pas ? Et s'il en avait marre de nous, et de nos complications sociales à n'en plus finir ? Jésus alors de bouder, et de rester dans son coin de ciel à Noël cette année... C'est le petit satan, le vilain diviseur, ce virus destructeur qui serait content !
Oui mais Jésus, diable, il en a vu d'autres, et des pires ! D'ailleurs, ai-je dit à l'assemblée, même si nous n'avons pas de preuves de sa venue, même si on ne voit pas Jésus arriver au milieu de nous en grande gloire, avec inscrit sur son front : "c'est moi le Sauveur", cela n'empêche pas que l'on peut repérer autour de nous, de façon tout à fait visible, de multiples signes annonçant, présageant, préparant sa venue. Je vous en cite quelques-uns, à partir d'un marché de Noël.
Il y a en ce moment en effet à Longeville une telle manifestation, comme dans nombre d'autres lieux d'ailleurs. J'en ai arpenté les allées, vendredi et ce matin ; j'ai regardé ce qui se vivait, j'ai écouté les enfants s'exprimer ; et qu'est-ce que j'ai vu et entendu, même s'il est impossible de tout rapporter ?  J'ai croisé des enfants aux yeux éblouis, devant des guirlandes et des lumières qui ont quelque chose à voir avec la grande lumière de la nuit de Noël à Bethléem. J'ai échangé avec des commerçants, des exposants, de toute la France, y compris de la Corse (!), des personnes à l'amabilité sans pareille. J'ai été invité au bar, sous les halles, où j'ai partagé un vin chaud avec l'animateur du marché, qui m'a donné la parole au micro en tant que prêtre, me permettant d'annoncer le "message"... Un animateur fier de me dire qu'il avait coupé sa sono pendant la messe pour ne pas gêner ! J'ai aussi vu des parents invitant leurs enfants à entrer dans l'église, placée au milieu du marché, pour y allumer une petite veilleuse et "faire un voeu", comme j'ai entendu une maman le dire, devant la jolie crèche déjà installée. J'ai remarqué un stand tenu par des responsables de l'Ehpad local, présentant de très jolis objets fabriqués par les résidents. Et pendant ce temps, les équipes du Secours catholique étaient présentes, proposant à la vente bougies et gâteaux ; cela dans le cadre d'une opération au titre fort évocateur : l'opération "10 millions d'étoiles" ; cette action ayant pour but de financer l'arbre de Noël autour duquel seront réunis familles et enfants le 22 décembre à Talmont.
Pour la petite histoire, chose qui ne m'était jamais arrivée : l'on m'a demandé ce matin le texte de mon homélie donnée l'an passé à Longeville, à l'occasion du précédent marché de Noël en ce même lieu ; un an après ! Une vraie histoire de Père Noël !
A ce propos, j'ai bien aimé la façon dont le Père Noël local m'a expliqué son rôle, auprès des adultes et enfants : être attentif à chacun, donner du rêve et de la lumière, servir la joie de tous, faire passer l'esprit de Noël ! Je l'ai conforté en lui disant que, pour moi, le Père Noël, c'était le petit frère de l'Enfant Jésus, sa façon intelligente de se situer s'inspirant directement de l'amour de Jésus pour tous ses enfants de la terre.
Ayant demandé à l'animateur comment il entrevoyait son rôle, j'ai également apprécié la réponse de celui-ci : "je suis là pour mettre du lien, pour valoriser ce que présentent les divers exposants et pour mettre de la joie et de la fête au coeur des visiteurs."
A travers tout cela, j'ai bien cru deviner Jésus cheminant auprès de chacun et en chacun, en ce marché de Noël si fraternel !

mardi 4 décembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2228 : "Il se prononcera en faveur des humbles."

"Il se prononcera en faveur des humbles." Mais de qui parle-t-on ?  Qui enfin aurait l'audace de se prononcer en faveur des plus défavorisés ? Ce n'est pas une façon de faire habituelle, dans notre société, surtout de la part de nos gouvernants ; en général, ce sont ceux d'en haut qui parlent ; d'ailleurs, ils savent tout d'avance, et ils se prononcent plutôt en fonction de leurs propres intérêts...
Souvent, en relisant la Parole de Dieu, je me demande qui la lit ?  Et si moi-même je la lis bien : est-ce que moi aussi, je me laisse entamer par la force du verbe biblique, de ses interpellations ?
Nos gouvernants ont bien de la peine en ce moment à se faire entendre. Or, si vous lisez les textes de la liturgie de ce mardi, que remarquons-nous ? Vous allez me trouver un peu naïf ; mais il me semble que toutes les solutions pour une fin de crise s'y trouvent présentées.
Voici quelques expressions utilisées par le prophète Isaïe (11/1-10) : "esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance (...)  Il ne jugera pas sur l'apparence, il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays ; la justice est la ceinture de ses hanches..."  J'arrête là ce petit florilège, qui est d'ailleurs un tableau de ce que sera la façon de "gouverner" du Sauveur, d'après la prophétie d'Isaïe.  Mais on imagine ce que cela produirait si nos dirigeants s'inspiraient d'un tel message ! Il n'y a pas que le Messie en effet qui doit se prononcer en faveur des humbles, et descendre de son ciel, de son "statut divin", pour ne pas dire "jupitérien", pour enfin être attentif aux plus petits !
Ensuite, si l'on en arrive à l'évangile (Luc 10/21-24), on  nous en remet une couche, si je puis m'exprimer ainsi : "Père, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits." Si ce qu'exprime ainsi Jésus n'est pas clair !!!  N'est-ce pas en effet ce dont nous sommes témoins depuis trois semaines ? Des sages, des puissants, des hommes et des femmes de pouvoir, des conseillers de haut niveau, des énarques..., viennent de se révéler comme n'ayant rien compris à la vie et aux souffrances de tant de personnes qu'ils étaient chargés de "diriger" !
Or, cette parole de Jésus a été prononcée alors qu'ils venait de parcourir toute une région pour voir, entendre, écouter avec attention la vie de ses concitoyens, de tous ceux et celles qui vivaient loin de Jérusalem et des lieux de pouvoir. Mais aussi pour les aider à guérir, à retrouver leur dignité, à reprendre courage et à retrouver l'espérance.
Bien entendu, par "petits" au sens de l'Evangile, je n'entends pas les casseurs, ni sans doute les personnes qui profitent de la situation pour bloquer notre société. Je pense que nous sommes tous capables de saisir la différence. Et il serait dommage que notre ressentiment éventuel face à la situation nous empêche de repérer les "petits" chers au coeur du Bon Pasteur, au milieu de nous.
Ah ! Si les grands de ce monde méditaient l'exemple du Bon Berger, le responsable qui prend soin de ses brebis, et en premier lieu, des plus égarées... Mais rappelons-nous que cette mission revient aussi à chacun d'entre nous, car nous sommes toujours les grands de quelqu'un !

dimanche 2 décembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2227 : Prier avec le journal

Je m'excuse, mais j'ai été hyper pris ces derniers temps, ce qui est drôle pour un retraité ! D'où l'absence de billets... Merci de votre compréhension !

Ce matin, en la chapelle de Bourgenay, à l'occasion du 1° dimanche de l'Avent, j'ai proposé, au cours d'une partie de l'homélie, de faire un exercice de prière à partir du journal. En effet, alors que l'on se prépare à accueillir "Celui qui vient", je crois que cela consiste aussi à repérer des signes de sa venue parmi nous, et déjà, de son action de Sauveur.
J'ai tout simplement ouvert au pupitre le "Ouest-France" d'hier samedi. Dès l'édito en 1° page, est évoqué le fait marquant concernant cette jeune femme pakistanaise, Asia Bibi, accusée de blasphème et d'avoir souillé l'eau d'un puits parce que, chrétienne, elle y avait bu ; en raison de quoi, elle a été condamnée à mort. Cependant, courageux, les juges de la Cour suprême, musulmans, l'ont acquittée. Mais à leur tour, ils sont menacés de mort. L'on dispose ici de tous les éléments pour entamer une belle prière : pour Asia, qui vit cachée ; pour les juges, prêts à donner leur vie pour la sauver, et qui, quoique musulmans, ou plutôt, parce que vrais musulmans, ont agi dans la droite ligne de ce qu'il y a de plus vrai dans leur foi musulmane et dans le Coran ; n'est-ce pas là ici l'Evangile en actes ? Prière aussi pour nos frères et soeurs musulmans, qui sont loin d'être tous des fanatiques, comme on les en accuse trop souvent.
Page 2, la COP 24 : près de 200 pays qui se réunissent en Pologne pour essayer d'étudier comment sauver notre planète : cela n'a-t-il pas quelque chose à voir, et avec l'unité de toutes les nations tant souhaitée par Dieu, et avec l'avenir de nos enfants ?
Tant dans la COP 24 que dans le G 20, page 3, l'on peut saisir un signe de la venue de Jésus, à l'action concrètement à travers tous ceux qui oeuvrent à construire un monde nouveau. Et nous comment soutenons-nous leurs efforts, par notre prière et nos propres engagements ? Et l'on nous dit que Trump devait dîner hier soir avec le président chinois Xi Jinping : cela aussi n'est-il pas à repérer comme un petit signe d'espoir sur le chemin du salut ?
Page 4, le journal donne l'explication du sens de l'Avent ; Seigneur, merci pour les journalistes qui ont eu cette bonne idée !
Page 5 : les gilets jaunes ! Là, j'ai senti que l'assemblée m'attendait au virage : qu'est-ce que j'allais bien trouver là comme rapport avec la venue du Messie ? J'ai posé cette question : Jésus a-t-il quelque chose à nous dire à partir de cet événement ?  Il est sûr en tout cas que le Sauveur n'est pas présent dans certains faits, et absent d'autres moments de notre vie. En fait, ces gilets jaunes, et je ne parle pas ici précisément des casseurs, sont eux aussi en état d' "avent", si je peux dire ; c'est-à-dire, dans une attente profonde, d'être écoutés, d'être accompagnés, d'être compris, d'être soulagés dans leurs difficultés. Ils attendent réellement un salut ! Lequel ? C'est à nous aussi, et pas seulement au président, d'être très attentifs à toutes ces personnes en souffrance autour de nous : tel commerçant en difficulté, tel agriculteur en détresse, telle personne isolée, mise de côté, telle maman-célibataire qui n'arrive pas à boucler ses fins de mois avec ses enfants...
Page 6 : "Pédophilie, l'Eglise de Vendée invite à la prière." Là encore, l'invitation à la prière passe par les médias ! N'est-ce pas un signe d'espoir ? Nous essayerons d'y répondre à travers le temps de partage prévu sur notre doyenné, au Centre Henri Dorie de Talmont, ce vendredi à 18h, suivi d'un moment de prière à 19h, puis d'un concert au profit des activités du Secours Catholique à Longeville à 20h30.
J'arrête là cette lecture du journal. Mais nous sommes tous invités à poursuivre cette recherche des signes de la venue et de l'action du Sauveur, dans la presse, à la télé, à travers nos rencontres et notre vie de tous les jours, d'ici Noël.
Belle recherche, belle prière, bel engagement d'Avent à toutes et tous !

dimanche 18 novembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2226 : "Le cléricalisme, voilà l'ennemi !"

Vous vous souvenez sans doute de ce fameux discours de Gambetta, à la Chambre des Députés, en mai 1877, intervention qui se terminait par cette formule restée célèbre : "Le cléricalisme, voilà l'ennemi !"
Je ne sais pas si le pape François a eu connaissance de cette prise de parole mémorable, mais en tout cas, dans sa récente "Lettre au Peuple de Dieu", même si les circonstances n'ont rien à voir, François nous invite à prendre garde au cléricalisme également ; en effet, il s'agit là, même si c'est sous une forme qui n'a rien à voir avec ce qui se passait en 1877, d'une façon d'agir qui peut conduire à de graves dérives au sein de l'Eglise.
Et qu'en dit-il donc, le pape François ? Vous savez que son appel a été motivé par les abus sexuels dont l'Eglise prend mieux conscience en ce moment. Je cite le pape : "Dire non aux abus, c'est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme." Et dans cette lettre, à laquelle je vous renvoie, et que l'on trouve aisément sur internet, le pape donne des précisions sur ce qu'il entend par ce terme de "cléricalisme" :
-  "l'agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu."
-  "tenter de supplanter, de faire taire, d'ignorer, de réduire le peuple de Dieu à de petites élites."
-  "cela se manifeste clairement dans une manière déviante de concevoir l'autorité dans l'Eglise."
-  "le cléricalisme, cette attitude qui annule non seulement la personnalité des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce baptismale que l'Esprit-Saint a placée dans le coeur de notre peuple."
-  "le cléricalisme, favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup de maux que nous dénonçons aujourd'hui."
Je  vous laisse continuer cette réflexion par vous-mêmes en vous référant directement à cette Lettre.
Si vous souhaitez approfondir cette question, je ne peux que vous inviter à une rencontre prévue sur ce thème du cléricalisme, organisée par le groupe SEL 85 (Solidarité - Eglise en Liberté en Vendée), dont je suis moi-même membre.  Elle se tiendra, non pas le 8 décembre, comme annoncé précédemment (je vous renvoie à mon billet n° 2220, daté du 20 octobre), mais :

                                             le samedi 1° décembre, de 14h30 à 17h30
                        à la Roche-sur-Yon, salle de réunion de l'église Ste Thérèse, place Renoir

Dans un premier temps, après les présentations, chacun pourra exprimer ce qu'est pour lui le cléricalisme, comment il le perçoit, de quelle façon il le vit, le subit peut-être...
Puis, nous nous donnerons des pistes d'action pour affronter ce problème ; en expliquant comment, peut-être, sur notre paroisse ou dans tel ou tel groupe d'Eglise auquel nous appartenons, nous avons déjà pu commencer à réagir, à prendre, avec d'autres, ce problème à bras le corps.
Tous, quels qu'ils soient, seront les bienvenus.
Nous comptons sur la présence de nombre de personnes intéressées. Il en va de l'avenir de notre Eglise !
Merci au besoin de réfléchir à l'avance à cette question.
Je cite encore le pape François : "sans la participation active de tous les membres de l'Eglise, celle-ci ne réussira pas à créer les dynamismes nécessaires pour obtenir une saine et effective transformation."
Nous pourrons aussi nous exprimer sur ce que nous apprend notre relation avec le Christ, quant à la façon évangélique de servir nos frères comme lui nous l'a enseigné.

dimanche 11 novembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2225 : Honneur aux Poilus, plutôt qu'aux maréchaux !

Je suis sans doute un mauvais coucheur, mais je n'apprécie pas du tout les hommages louangeurs rendus aux maréchaux en ces jours, et un peu plus aussi, à Pétain !  Ce dimanche matin, alors que j'accueillais les paroissiens pour la messe de 11h à Talmont, j'ai été particulièrement ému par ce grand monsieur, d'un certain âge, que je ne connaissais pas, et qui, en larmes, m'a dit, un peu à l'écart à l'entrée, combien il était triste en pensant à ce qu'ont subi ses deux grands-pères, plongés dans l'horrible fournaise de cette guerre insensée.
Je pensais également à mes deux grands pères, et nombre de personnes m'ont dit penser fortement aussi aux leurs. Eux qui se donnaient le surnom de "rats des tranchées", qui ont pataugé pendant des mois, des années, dans la mélasse gluante, la crasse collée au corps, courbant la tête sous la mitraille !
Et cela, tandis que des maréchaux, des généraux, trop souvent pleins de morgue, soucieux de leur gloire, sourds aux appels désespérés du pape Benoit XV en faveur de la paix, les envoyaient par milliers vers une mort certaine, le coeur léger... J'ai d'ailleurs cité le fait de ce général anglais qui, à la veille d'une grande offensive, donna ordre à son aumônier de préparer un sermon bien sanguinaire, avec des textes guerriers de l'ancien testament, en précisant bien qu'il ne voulait aucun texte du nouveau testament. "Père, pardonne-leur ! Ils ne savent pas ce qu'ils font !"
Ce matin donc, ce sont deux poilus qui, par procuration, ont fait l'homélie. Je ne me sentais pas la force de proclamer des considérations pieuses en faveur de la paix. Je crois en effet qu'en une telle circonstance, seuls ceux qui ont vécu l'horreur des tranchées pouvaient avoir droit à la parole. Faute de place, je ne vous donne qu'un seul de ces deux témoignages.
J'ai donc partagé un extrait d'une lettre à son épouse d'un soldat breton du nom de Le Dénen : "Chère petite aimée, toi qui as du coeur, je suis surpris de t'entendre parler comme tu le fais au sujet des Prussiens. Certes, ils ne sont pas tous bons, et il y en a qui sont de vrais bandits. Mais ne dis pas qu'ils sont tous mauvais. Ils sont forcés à faire le mal par des chefs terribles, qui sont maudits par leurs hommes et par nous-mêmes. D'ailleurs, ce sont de pauvres et malheureux pères de famille. Nous en avons fait prisonnier un l'autre jour, qui a huit enfants en bas âge. Et ces jeunes Allemands que l'on envoie sur les champs de bataille, ils ne sont pas tous mauvais. Ces jeunes maris ont laissé une femme au pays. Leur mère a peiné pour les élever. Le bon Dieu, qui est bon, ne les aime-t-il pas tous autant que nous ? Il ne nous a pas créés de race inférieure à l'autre, et nous sommes tous aussi chers à son coeur.  Aussi, si par moments, en voyant tout le mal qu'ils font, je me révolte, j'entends aussitôt une voix intérieure qui me dit : "Comprends ce qui se passe, et ne te laisse pas entraîner à maudire tous les Allemands. Mon aimée, ne hais pas les Boches, prie pour eux."
Nous disposons d'un certain nombre de témoignages semblables, tant du côté allemand que français ou autres. Sont-ils assez mis en avant ? En tout cas, honneur à vous, chers Poilus, qui avez su nous montrer que, même dans l'enfer où vous étiez plongés, le mal, la haine, n'ont pas toujours eu le dernier mot !

P-S : Ce billet a été écrit hier soir 11 novembre. A l'instant, ce 12 novembre au soir, désirant faire une correction, je clique sur le compteur et découvre que plus de 2.000 personnes ont lu ce billet aujourd'hui ! C'est six fois plus que je n'ai eu d'auditeurs lors de mon homélie hier matin ! Et moi qui me demande de temps en temps si cela vaut la peine de continuer ce blog ??? Merci à vous, chers internautes !

dimanche 4 novembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2224 : La "sainteté", le ciel, pour les catholiques seulement ?

Dans le sillage et la lumière de la fête de tous les saints, nous nous sommes retrouvés, une cinquantaine de personnes, hier samedi, au Centre spirituel Pierre Monnereau de Mormaison, pour une journée de halte spirituelle. Axe de notre réflexion : "Tous appelés à la sainteté, à la lumière des Béatitudes."  Ce Sermon sur la montagne dont Gandhi disait que "c'est sans doute l'une des plus belles paroles qui ait été prononcée sous la voûte des cieux !"
Les Béatitudes : un véritable passeport pour le ciel, a-t-on pu dire ! Avec la possibilité offerte à tout homme et toute femme vivant dans la perspective du Sermon sur la montagne - y compris s'ils n'en ont jamais entendu parler - d'être accueilli dans la joie de Dieu, au coeur de l'immense foule de tous les saints, et cela, même sans avoir reçu le baptême, ni même forcément croire en Dieu.
Question : "Mais est-on sûr que des personnes qui n'ont pas eu contact avec le Christ ni l'Eglise, ou même qui s'en sont écartés pour divers motifs, puissent être sauvés ?"  L'adage "hors de l'Eglise, pas de salut" serait-il erroné ? En cette occasion, je repense à cette réflexion récente d'une paroissienne, à l'issue d'une eucharistie : "Je ne pourrais pas croire en un Dieu qui en laisserait la moitié de côté !" Rappelons-nous cette affirmation de l'apôtre Paul, selon lequel "Dieu veut que tous les hommes soient sauvés." (1 Timothée 2/4)
Dans sa récente Lettre sur la sainteté, "Soyez dans la joie et l'allégresse", parue en mars dernier, au n° 9, le pape François répond ainsi à notre question : "Même en-dehors de l'Eglise catholique et dans des milieux très différents, l'Esprit suscite des signes de sa présence." 
A titre d'exemple, voici l'un de ces signes, parmi un certain nombre de faits du même type évoqués hier, illustrant la Béatitude : "Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice..."  Le journal "La Croix" d'hier cite en 1° page l'exemple de ces juges musulmans de la Cour suprême du Pakistan  qui viennent d'acquitter Asia Bibi, cette chrétienne pakistanaise condamnée à mort pour un soit-disant blasphème ; ils risquent gros : le gouverneur musulman de sa province fut assassiné pour avoir pris sa défense. Son avocat, Saif, se sait très menacé, mais assume le risque pris. Le 1° ministre pakistanais lui-même exige que ce jugement soit respecté, sans se laisser intimider par les menaces des extrémistes musulmans. Tout cela n'est-il pas en résonance profonde avec le message des Béatitudes ?
J'ai cité alors ce magnifique verset du Coran (sourate 13, verset 19), et il y en a bien d'autres du même style dans ce livre sacré, qui nourrissent la foi et l'action de nos amis musulmans, pakistanais ou autres :  "Ceux qui recherchent la face du Seigneur, ceux qui partagent leurs richesses, ceux qui repoussent le mal par le bien, voilà ceux qui posséderont la demeure finale." Reconnaissons-le, le Coran nous donne ici une définition de la sainteté à laquelle nous pouvons totalement adhérer. "Heureux les persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !" Ainsi, le gouverneur assassiné pour la justice peut-il se trouver ailleurs qu'au ciel promis par le Dieu unique à tous les humains qui auront servi leurs frères ?
Va-t-il falloir revoir les fausses, ou trop étroites définitions du saint et de la sainteté qui figurent dans les colonnes de nos dictionnaires (ou dans les pages de nos catéchismes) ?
Préférons en effet celles qui suivent :
-  Charles Péguy (écrivain catholique): "La géographie de la sainteté déborde largement les frontières visibles de l'Eglise." (je cite de mémoire !)
-  Simone Weil (philosophe juive) :  "Le saint, c'est celui qui, atteint par le mal, se refuse à le transmettre."
-  le pasteur Martin-Luther King (pasteur protestant) : "Ce n'est qu'en aimant nos ennemis que nous pouvons connaître Dieu et faire l'expérience de la sainteté."

vendredi 2 novembre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2223 : J'essaye d'attendre paisiblement le coup de téléphone final !

Ce vendredi matin, à l'Ehpad Sainte Marie de Talmont, l'endroit réservé à la messe ou à la prière chaque vendredi était comble. En ce 2 novembre, lors de l'eucharistie, les noms des 14 personnes décédées depuis le 2 novembre 2017, qui nous avaient été aimablement fournis par le secrétaire de l'Ehpad, furent présentés au Seigneur, le Dieu des vivants, ainsi que tous les défunts de nos familles.
Je demandai alors à l'assemblée : "est-ce que vous êtes heureux lorsque l'un de vos parents ou amis vous téléphone pour vous demander de vos nouvelles et s'inquiéter de ce que vous devenez ?"  Tout le monde alors, d'un seul coeur, d'opiner la tête avec sourire et bonheur.
Je leur demandai ensuite : "Et si Dieu lui-même vous téléphonait ?" A ce moment-là, je sentis dans l'assistance un peu d'hésitation : pourquoi une telle question ? Dieu au téléphone ? Bizarre ! Cependant, quelques-uns répondirent que ce coup de fil, bien que plutôt inimaginable, leur ferait plaisir.
Troisième question : "eh bien, pas si inimaginable que cela ! Vous êtes heureux de recevoir un appel de quelqu'un qui vous est proche ? Un jour, quelqu'un de plus proche de vous que quiconque, un parent suprême, un ami suprême, vous appellera ; peut-être en un moment où vous ne vous y attendez pas ! Et ce sera pour vous annoncer une bonne nouvelle : "Toi, mon frère, ma soeur, voici que je frappe à la porte de ton coeur et que je viens te proposer de venir vivre avec moi, chez moi, avec plein d'autres amis de partout. Tu seras reçu comme un prince, et ta vie va être plus belle que jamais. Pendant que j'y pense, tu n'emmènes rien ; on se charge de tout : tu peux laisser là ton fauteuil roulant, il ne servira plus ; et aussi, tes maladies et tes soucis, les fleurs de ton jardin également, etc."
Je demandai alors à l'assemblée ce qu'ils en pensaient. Aussitôt, une dame répondis : "moi, je suis prête." Et un certain nombre d'autres de manifester leur accord également. J'étais heureux de leur réponse !  Et cela m'a fait penser à cette très belle réflexion de l'abbé Pierre disant : "Nombreux sont ceux qui vivent la mort comme une séparation. Oui, c'est une séparation, pour nous qui restons. Mais pour celui qui vient de mourir, il va connaître la rencontre la plus fantastique que l'on puisse imaginer : la rencontre avec Dieu et, en même temps - je ne sais pas de quelle manière mais je suis convaincu que c'est en même temps - la rencontre avec les quelque 90 milliards d'êtres humains qui ont vécu avant nous. C'est en toute sérénité que je pense à la mort."
Brassens chantait qu'on finirait "dans la fosse commune du temps."  Apparemment, peut-être !  Mais pourquoi laisser au temps, au tombeau et à la mort le dernier mot ?  Je préfère le mot "délicieux" de Stéphane Hessel, alors nonagénaire, et qui se disait agnostique, sinon athée : "J'attends maintenant la mort avec beaucoup de gourmandise. La mort est quelque chose qu'il faut savoir savourer, et j'espère savourer la mienne !"
En ce qui me concerne, j'ai été heureux de partager mon questionnement avec les personnes présentes à l'Ehpad ; et, avec eux maintenant, dans la paix du soir qui vient, je me prépare à l'aube pascale de la suprême Rencontre. J'essaye d'attendre, aussi paisiblement que possible (?), le coup de téléphone final, en vue de ce formidable rendez-vous qui, jamais ne finira !

lundi 29 octobre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2222 : Mettre les Béatitudes en pratique

Je m'aperçois que j'ai omis de vous signaler que j'allais animer deux journées, au choix (même contenu chacun de ces deux jours), sur le thème : "Tous appelés à la sainteté, à la lumière des Béatitudes" : le samedi 3 et le lundi 5 novembre, de 9h30 à 16h30, au Centre spirituel Pierre Monnereau de l'Epiardière, rue St Louis, à Mormaison (Montreverd). C'est ouvert à tous. Pour info, tél. : 02 51 43 92 01, de 9h à 12h et de 14h à 18h.    centre-pmonnereau@orange.fr    -      http://centre-spirituel-mormaison.catho85.org

Déroulement de chaque journée  :
9h30   :   accueil, prière
9h45   :   1° enseignement
10h45 :   temps personnel, possibilité de recevoir le Pardon
12h15 :   prière du milieu du jour
12h30 :   repas
14h15 :   2° enseignement
15h     :   temps personnel, possibilité de recevoir le Pardon
15h45 :   célébration eucharistique
16h30 :   envoi

Contenu de chaque journée : reprendre l'une après l'autre chacune des Béatitudes, en l'illustrant de trois façons :
-  nous rechercherons d'abord comment les évangiles nous donnent des exemples de la façon dont Jésus a lui-même vécu et pratiqué ces Béatitudes qu'il avait proclamées au début de sa mission apostolique.
-  nous nous aiderons de la récente très belle lettre du pape François sur la sainteté.
-  puis, nous verrons comment, au coeur de notre société, en milieu chrétien ou non d'ailleurs, ces Béatitudes ont été ou sont à présent appliquées et actualisées.

Ce sera un appel à contempler le Christ, "le seul Saint", comme nous le chantons dans le "Gloire à Dieu" ; et cela, afin de mieux marcher sur ses traces. Chaque chrétien en effet, nous le rappellerons en cette fête de tous les saints, doit tendre à pouvoir dire, à la suite de l'apôtre Paul : "pour moi, vivre, c'est le Christ"(Philippiens 1/21)  Ou encore : "ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi." (Galates 2/20)

A l'une de ces journées peut-être ?  Pourquoi pas !

samedi 27 octobre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2221 : "Un reflet de la douce lampe de Jésus..." (Jean Jaurès)

Le 27 septembre, dans le billet n° 2212, je vous parlais d'une possibilité, lors d'une "halte spirituelle " au centre spi de Chaillé-les-Marais, de contempler le visage de Jésus à travers ce qu'en disent des agnostiques ou des "croyants autrement". Ce temps fort a eu lieu mercredi et jeudi, et des participants m'ont demandé de mettre par écrit quelques-unes de ces expressions à propos de Jésus. En voici un trop bref florilège.

Jean Jaurès, artisan de paix mais, en raison de cela, honni, rejeté, puis finalement assassiné le 31 juillet 1914, juste avant cette terrible guerre qu'il sentait poindre. Il souhaitait que l'Humanité puisse grandir, "tout en s'appropriant, pour sa vie intérieure et idéale, de ce qu'il y a de divin dans l'oeuvre et la personne du Christ." Mais c'était une grande douleur pour lui de sentir "ces églises d'où Jésus serait chassé s'il pouvait parler." "Les vrais croyants, disait-il, ce sont ceux qui veulent abolir l'exploitation de l'homme par l'homme et, par la suite, les haines d'homme à homme, les haines aussi de race à race, de nation à nation, toutes les haines, et créer vraiment l'humanité qui n'est pas encore."

André Malraux félicitait le christianisme "d'avoir proclamé que le plus profond mystère est celui de l'amour. Un amour qui ne se limite pas au sentiment des hommes, mais qui le transcende comme l'âme du monde, plus puissant que la justice, plus puissant que la mort : car "Dieu n'a pas envoyé son Fils pour juger le monde, mais pour le sauver."

Voltaire, que l'Eglise catholique a rejeté en son temps, a écrit un superbe dialogue entre Jésus et lui-même, impossible à résumer ici. Il mourut le 30 mai 1778, à l'âge de 84 ans. En février de cette même année, il avait rédigé cette belle profession de foi : "Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, en détestant la superstition.." Il faut reconnaître que, pour Voltaire, l'Eglise représentait une sorte de superstition, de par l'image qu'elle donnait ; mais cela n'a pas effacé le respect qu'il avait pour le Christ.

Gandhi : "Le Sermon sur la montagne (les Béatitudes), ce sont les plus belles paroles qui aient été prononcées sur la surface de la terre."  "Le christianisme, c'est bien ; malheureusement, il n'a jamais été essayé."  "Jésus, un homme qui était complètement innocent ; il s'est offert lui-même en sacrifice pour le bien des autres, ses ennemis inclus, et devint la rançon du monde. Ce fut un acte parfait." Au mur de sa chaumière, Gandhi avait seulement une image, celle du Christ ressuscité, avec au-dessous cette citation : "Il est notre paix." (Ephésiens 2/14)

-  Alain Bombard  :  "Jusqu'à quinze ans, Jésus-Christ n'existait pas pour moi. A vingt ans, il n'était plus rien. Puis, à vingt-huit ans, je suis parti seul sur la mer. Jamais Jésus-Christ ne m'a quitté. C'est par lui que j'ai compris qu'il fallait toujours aimer tous les hommes."

Nietzsche  :  "Le seul vrai chrétien, c'est Jésus-Christ."  "Le christianisme est, malgré tout, le meilleur exemple de vie idéale que j'aie vraiment connu ; depuis que je sais marcher, je l'ai poursuivi, et je crois que dans mon coeur, je ne l'ai jamais vilipendé."  Nietzsche en effet, dans ses écrits, critiquait plutôt le fait que l'Eglise n'était pas fidèle au beau message de Jésus.

Voilà de trop brefs extraits de ce que nous avons partagé au cours de cette Halte. Avec moult autres témoignages, de personnes à mille lieues de l'institution Eglise, et pourtant, profondément touchés par la profondeur du témoignage de Jésus. Pas surprenant, quand l'on sait, grâce à St Jean (1/9) que "le Verbe était la vraie lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme." Et pas seulement les chrétiens allant régulièrement à la messe ou croyant en Dieu, évidemment !
Contrairement à ce que l'on pense trop souvent, dans notre société, nous ne sommes pas dans le monde du silence ni de l'absence de Dieu !
Mais de tous ces témoignages venant de bien au-delà de nos parvis, qu'allons-nous faire à présent ? Et si nous commencions enfin par écouter ceux dont l'Eglise est loin, et qu'elle a souvent exclus ? Ce serait déjà un formidable premier pas vers des frères et des soeurs qui sont aussi aimés de Dieu que nous, sinon plus encore, peut-être ? Et qui vivent assez souvent, autant et sinon plus que nous, en cohérence profonde avec le message de Jésus ! Bien que non inscrits sur nos tablettes ecclésiales...

samedi 20 octobre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2220 : "Un crime qui génère de profondes blessures" (pape François)

Dans mon précédent billet, je vous parlais d'une rencontre de réflexion en ce samedi 20 octobre, à la Roche-sur-Yon, autour de la récente Lettre du pape François au Peuple de Dieu ; c'était une proposition du groupe SEL 85 (Solidarité - Eglise - Liberté en Vendée). La réunion fut ouverte par Jean, président de SEL 85.  Eh bien, j'en arrive. J'écrivais mercredi qu'il y aurait peut-être de l'inattendu, et ce fut le cas. Quand je lançai le tour de table en vue de faire les présentations, donnant la parole en premier à mon voisin, que je ne connaissais pas, surprise : il nous partagea sa souffrance d'avoir été abusé au petit séminaire de Chavagnes, et nous fit savoir qu'il était heureux de trouver un groupe de chrétiens accueillants, afin de pouvoir partager cette "atrocité", pour reprendre l'un des termes utilisés par le pape. Il nous précisa que pour cette raison, il a demandé à être "débaptisé" il y a déjà quelques années ; "j'ai apostasié", nous a-t-il déclaré.  Le ton était donné ! Nous venions pour faire nôtre l'appel du pape, comme il l'écrit, "à relever le défi, en tant que peuple de Dieu, d'assumer la douleur de nos frères blessés dans leur chair et leur esprit." Et voici que notre groupe se trouvait, d'entrée de jeu, confronté à ce cri qui montait vers le ciel !
Puis, au fur à mesure que l'on avançait dans les présentations, deux autres hommes nous firent savoir qu'ils avaient eux aussi été victimes de telles agressions, ainsi qu'une femme de notre groupe. L'un de ces hommes m'a d'ailleurs dit être en 6° à Chavagnes tandis que je me trouvais en 4°. Tous, nous pensions peut-être venir discuter de cet appel du pape en théorie, et voici que quatre personnes, en chair et en os, atteintes par ces blessures immenses, se trouvaient au milieu de nous. Alors, éclairés par l'expérience de ces quatre victimes, nous avons relu la Lettre du pape autrement.
"Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui."  Ces paroles de St Paul ont alors résonné très fort en nos coeurs. Nous étions tous saisis et sidérés ; car, écrit encore le pape, "la douleur des victimes est aussi notre douleur."
En fait, un certain nombre de personnes (lesquelles ? d'autres profs ?) étaient, semble-t-il, plus ou moins au courant de ces pratiques ; cependant, les victimes, nous ont dit nos quatre amis, dans leur environnement, leur entourage, ne ressentaient que le silence. Mais, continue le pape, "leur cri a été plus fort, un cri qui fut entendu par le Seigneur." Cet après-midi en tout cas, ce cri nous a été lancé en plein coeur ; avec force, mais sans ressentiment cependant, sans agressivité, douloureusement seulement.
J-Pierre nous a fait remarquer que le pape, dans sa Lettre, cite trois types d'abus : sexuels, de pouvoirs, et spirituels, les trois s'enchaînant d'ailleurs les uns les autres, surtout lorsque l'on se prévaut d'un pouvoir spirituel pour vous obliger à accepter, "Satan lui-même se déguisant en ange de lumière", comme le souligne le pape en citant 2 Co 11/14.
Tout au long de l'échange, nous nous sommes demandé comment arrêter une telle spirale. Francine a fait savoir qu'au Canada, l'on apprend aux enfants à dire non, face à ce type de sollicitation diabolique. Michel a dit de la même façon que, face à de telles agressions, existe une possibilité de non-violence active : manifester un refus net, et dès le départ ; car sinon, ensuite, quand les choses dérapent, il est beaucoup plus difficile de les éviter ! Paul a souligné que le pape souhaitait "que les victimes puissent trouver une main tendue qui les protège et les sauve de leur douleur."  En tout cas, nous avons fait savoir que notre groupe voulait rester mobilisé en vue d'un vrai soutien de nos quatre amis. Une piste a été lancée : pourquoi pas une cellule d'écoute sur ce sujet dans notre diocèse, et pas seulement à l'échelon régional ?
Ceci dit, nous avons aussi beaucoup parlé du cléricalisme, le 2° grand thème de cette Lettre, d'ailleurs très lié au 1°. La place me manque pour rendre compte de la richesse de notre échange, mais, sur proposition de Jean, nous reviendrons sur cette question lors d'une prochaine rencontre ; une date a été prise pour le samedi 8 décembre, à 14h30 à la Roche (lieu à préciser). Ce sera, comme aujourd'hui, ouvert à tous, y compris à des personnes n'ayant pas participé à cet après-midi du 20 octobre. Selon un souhait d'André, nous partagerons des expériences en cours permettant de combattre le cléricalisme chez nous, et nous essayerons de faire des propositions ; en nous aidant peut-être, comme l'a suggéré Joseph, des "10 pistes contre le cléricalisme" présentées par le journal "La Croix" daté du 30 août. En relisant également les n° 10 et 32 du texte de Vatican II : "Lumière des nations". Cela est urgent car, comme l'écrit encore le pape, "sans la participation active de tous les membres de l'Eglise, celle-ci ne réussira pas à créer les dynamiques nécessaires pour obtenir une saine et effective transformation." Et nous reviendrons bien sûr sur ce douloureux dossier des abus sexuels au sein de l'Eglise catholique et en particulier dans notre diocèse.
Nous nous sommes quittés sur un dernier appel du pape, "à repartir de la contemplation du Christ (...) et à apprendre à regarder dans la même direction que le Seigneur", pour pouvoir poursuivre notre réflexion et notre action dans la lumière de l'Esprit-Saint.

P-S : en final de cette rencontre, tous se réjouissent de cette proposition de Jean, le président de SEL 85 : faire savoir à notre évêque que nous apprécions son appel, lancé le 15 octobre, à tous les diocésains pour ouvrir partout le dialogue à propos de cette Lettre du Peuple de Dieu, et que, par l'intermédiaire de SEL 85, nous avons pris "les devants", sans attendre les décisions de la hiérarchie. Lui sera partagé un peu de la richesse de ce que nous avons pu vivre, échanger, souhaiter, lors de notre réunion de ce 20 octobre.

A été évoqué également le courrier reçu il y a deux jours de notre évêque, donnant ses trois décisions :
-  diffusion la plus large possible de la Lettre du pape
-  journée de jeûne et de prière le 7 décembre
-  conférence le 16 janvier en soirée à la Roche, avec la responsable de la cellule des évêques de France contre la pédophilie
Cela commence à bouger, tant mieux !

mercredi 17 octobre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2219 : Rendre sa pleine stature au Peuple de Dieu : venez en discuter samedi !

Vous savez que, le 20 août dernier, le pape François a envoyé une "Lettre au Peuple de Dieu" dans laquelle il souligne ceci : "Il est nécessaire que chaque baptisé se sente engagé dans la transformation ecclésiale et sociale dont nous avons tant besoin."
Reste à savoir si cette Lettre a été communiquée à tous les baptisés, et si le peuple ainsi convoqué va s'y intéresser et tenter d'y répondre...
Sur les paroisses de Talmont et de Jard-sur-Mer en tout cas, cette Lettre a été glissée dans tous les bulletins d'octobre ; et personnellement, je me baserai sur elle pour mes homélies le week-end prochain.
Ce billet pour vous inviter à participer à la réflexion ouverte à tous qui est organisée sur ce sujet par le SEL 85 (Solidarité - Eglise - Liberté en Vendée)

ce samedi 20 octobre, de 14h30 à 17h30, salle église Ste Thérèse, place Renoir, à la Roche s/Yon

J'animerai une lecture commune de cette Lettre, lecture qui se fera de façon très participative, autour du thème suivant :  comment donner la possibilité aux laïcs, femmes et hommes, en communion avec les prêtres et non sous leur autorité, de retrouver leur vraie place, au sein du Peuple de Dieu ?  Et cela, dans une relation juste, équilibrée, entre le sacerdoce ministériel et le sacerdoce baptismal.
Tranquillisez-vous ! Ce sont des grands mots, mais notre échange sera tout simple :

-  d'abord, chacun, s'il le souhaite, pourra exprimer - assez brièvement - pourquoi il est venu, ce qu'il attend d'un tel échange, quelle est sa motivation essentielle.

-  puis, dans un 2° tour de table, chacun aura de nouveau la parole pour exprimer le point qui l'a le plus marqué dans cette Lettre (que l'on peut se procurer sur internet).

-  ensuite commencera le débat, autour des points les plus marquants qui seront ressortis de notre tour de table. Pas de grand topo, mais un échange interactif : nous comptons sur l'investissement et la capacité de réflexion et d'invention de chacun.

Et enfin, nous garderons un temps, en finale, pour retenir quelques points essentiels que nous souhaiterions faire avancer dans nos milieux de vie, communautés, paroisses, mouvements, ainsi qu'aux niveaux diocésain et au-delà.
J'ignore si la rencontre se déroulera comme prévu ci-dessus ; en effet, place sera laissée à l'inattendu au besoin. Mais il faut que les baptisés se donnent les moyens de retrouver leur vraie place au sein du Peuple de Dieu et, comme nous y invite le pape François dans cette Lettre, de "dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme."

Un petit fait en terminant, tiré de l'excellent dossier de "La Vie" du 11 octobre sur ce même sujet : "Un jour, au moment de l'installation par Mgr Eychenne, évêque de Pamiers dans l'Ariège, d'un nouveau curé, une personne laïque a dit à ce dernier pour l'accueillir : "Prenez la responsabilité de la communauté et on sera là, disponibles pour vous aider."  L'évêque a alors pris la parole en disant : "On vous envoie un prêtre, non pas pour que vous l'aidiez, mais pour que lui vous aide par rapport à cette responsabilité, qui est d'abord celle de votre communauté, et non la sienne propre."

A samedi peut-être, pour reparler de tout cela !

dimanche 14 octobre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2218 : La Parole de Dieu, ce n'est pas de la guimauve !

Si vous avez pu participer à l'eucharistie en ce week-end, vous aurez pu remarquer que la Parole de Dieu de ce dimanche était particulièrement percutante. La semaine qui vient de s'écouler, tandis que je mijotais dans mon coeur et dans ma tête les textes proposés, je me disais : "Diable ! Il y a là de quoi réveiller un mort !"

-  pensez donc ! Ce brave jeune homme riche, parfait sous tous rapports, qui croyait peut-être avoir obtenu son passeport pour le ciel car il avait observé les commandements, voilà que Jésus l'interpelle, en lui demandant rien moins que de vendre tous ses biens ! Oh la la ! Le pôvre ! Il n'a pas supporté... Relisez Marc 10/17-27.

-  juste auparavant déjà, dans la 1° lecture, tirée du Livre de la Sagesse (7/7-11), il nous était dit que, "en face de la sagesse, l'argent sera regardé comme de la boue"  !!!

-  et la 2° lecture d'enfoncer profondément le clou : "Frères, elle est vivante, la Parole de Dieu, énergique et plus coupante qu'une épée à deux tranchants." Je  vous laisse aller relire la suite : rien d'une homélie à l'eau de rose, de la part de l'auteur de la Lettre aux Hébreux (4/12-13).

Et dire que ces parole sont pour nous aujourd'hui !  En effet, le jeune homme riche, c'est chacun de nous à présent. Cette scène d'évangile en effet n'est pas à lire au passé : c'est notre histoire et c'est notre présent.
A chacun de nous, Jésus demande : "Va, vends tout ce que tu as, et donne-le aux pauvres." Impossible donc de laisser ces paroles couler sur nous, au cours de la messe, comme sur les plumes d'un canard...
Avec Jésus, il ne suffit plus de se croire un bon paroissien, ou un bon prêtre, qui mène comme il faut sa petite vie de chrétien. Mais alors, vendre tous ses biens, qu'est-ce que cela veut dire ?  On n'ose l'imaginer... Cela bouleverserait trop notre vie... "Seigneur, je veux bien te suivre, ; mais laisse-moi continuer ma petite vie tranquille. On m'a bien proposé d'entrer dans une équipe liturgique, ou au Secours catholique ou dans une autre association d'entraide, ou encore, de faire de la catéchèse, mais il faudrait que je lâche tel loisir, que je sois plus disponible aux autres. En un mot, que je vende une partie de mes biens, de ma tranquillité, de mon petit bonheur..."
La clé pour y voir plus clair, elle figure dans l'évangile de ce dimanche justement : "Les disciples se demandaient entre eux : "Mais alors, qui peut -être sauvé ?" Jésus les regarde et dit : "Pour les hommes, c'est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu." (Marc 10/27) Cela demande donc que chacun de nous se remette totalement en face de Dieu, qu'il se laisse regarder et remplir de sa force, en le laissant d'abord nous vider de nos fausses richesses.
Aux messes d'hier à St Vincent-sur-Jard et de ce matin à Talmont, j'ai cité l'exemple de Mgr Romero, cet évêque du Salvador qui avait placé les plus pauvres au coeur de sa pastorale et qui l'a payé de sa vie, assassiné d'un coup de fusil en pleine poitrine le 24 mars 1980, alors qu'il célébrait l'eucharistie. Le pape François vient de le canoniser à Rome ce matin, en même temps que le pape Paul VI.
Voici donc l'exemple de quelqu'un qui a vendu tout ce qu'il avait pour le donner aux pauvres. "La Parole de Dieu est plus coupante qu'une épée à deux tranchants ; elle va jusqu'au point de partage de l'âme et de l'esprit, des jointures et des moelles..." Et voici tout à coup que ce vieux texte des Hébreux, que l'on a peut-être écouté distraitement, prends chair et vie sous nos yeux aujourd'hui !
Sans doute, nous ne sommes pas appelés à un témoignage aussi profond ! Et pourtant  !!! Pouvons-nous avancer un peu, mettre davantage les plus pauvres au coeur de notre projet de vie de baptisés ?  Et notre pays riche, la France, peut-il essayer lui aussi de mettre les plus pauvres de ses enfants au coeur de ses objectifs financier, humains, politiques et sociaux ? Saint Oscar Romero, aide-nous à ne pas traiter la Parole de Dieu comme de la guimauve ! Et Saint Paul VI aussi bien sûr, ce pape que j'ai beaucoup aimé, et que j'avais eu le bonheur de rencontrer le 15 août 1966, de passage en stop, sac à dos, à Castelgandolfo !  Amen !

mercredi 10 octobre 2018

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2217 : "Nous sommes entrés dans une ère féminine" (Denise, bouddhiste)

Une grande première hier soir, sur le Pays des Olonnes, et sans doute sur la Vendée !  A l'initiative de "Dialogue pour la Paix", le groupe interreligieux et interculturel du Pays des Olonnes, six femmes, venant de six traditions religieuses différentes, ont partagé, devant une assemblée très attentive de 70 personnes, leur ressenti, leurs questions, leurs espérances par rapport à la place de la femme dans les religions
Au cours de cette soirée, chacune n'a eu que 10 minutes pour exprimer ce qui lui paraissait essentiel ; mais cela leur a suffi pour accrocher et passionner l'assistance, très réactive à leur message. En voici seulement quelques échos :

Denise, bouddhiste : "au départ, les femmes étaient tenues à l'écart ; être née femme entraînait une infériorité de statut (cuisine, ménage...). Mais elles ont fait valoir leurs droits. En France par exemple, il n'y a pas de discrimination. Nous sommes entrés dans une ère féminine. Le Dalaï-Lama a ouvert aux femmes les "doctorats". Les monastères de femmes ont plus d'autonomie. Elles ont accès aux initiations et enseignements. Les femmes ont autant de possibilités d' "éveil" que les hommes. Et il y a toujours eu des femmes qui étaient de "grands maîtres" spirituels."

Yasmine, musulmane : "contrairement à ce que l'on peut penser, beaucoup de femmes, chez nous, sont très libres ; beaucoup étudient, sont intelligentes et cultivées ; ouvertes aux autres également. Malheureusement, de mauvaises interprétations font que l'on réduit la femme à ce qu'elle n'est pas, en mélangeant religion et traditions. Beaucoup, par ignorance, interprètent mal ce que le Coran dit des femmes, par exemple dans la sourate 4 sur les femmes, qui donne de justes conseils ; il faut trouver un équilibre entre la place de l'homme et de la femme au sein de la société. Sourate 2/228 : "Les femmes ont des droits équivalents à leurs obligations." Ceci a été écrit alors qu'en Occident, certains se demandaient si la femme avait une âme !"

Hélène, juive : "le judaïsme ne serait rien sans les femmes. Une femme juive est une femme en majuscules. Dans le judaïsme, la complémentarité entre l'homme et la femme est absolue. Il n'y a de bénédiction dans une maison que grâce à la femme. Avant l'ère chrétienne déjà, comme on peut le lire dans les textes de la Torah, l'on pensait aux droits des femmes. La maison de l'homme, c'est la femme. La femme, dans la Torah, c'est le temple de l'homme. Elle est au centre de la vie de l'homme. Chaque génération sera sauvée par la femme. De nombreuses femmes, dans la Bible, sont présentées comme jouant un  rôle majeur dans la vie du peuple juif."

Maryvonne, catholique :  "J'aime beaucoup le regard de Jésus sur les femmes : il les rend importantes. D'ailleurs, les évangiles nous montrent que les femmes portent l'intuition de Dieu ; il n'y a qu'à voir avec la Samaritaine... ; ce sont elles aussi qui furent les premières au tombeau. Malheureusement, l'Eglise n'a pas su leur donner leur place suffisamment ; dans ma jeunesse, la seule qui était active à l'église, c'était la chaisière, qui passait pour ramasser l'argent ! Souvent, les prêtres ont donné un rôle tout à fait mineur aux femmes, qu'ils mettaient à leur service. Mais actuellement, nombre de femmes se forment, y compris théologiquement, ce qui leur permet d'être crédibles et de prendre toute leur place dans la marche de l'Eglise."

Françoise, protestante  :  "Dès le départ, le protestantisme a été novateur ; il a aidé à ce que les filles soient instruites. Au 18°, des femmes sont reconnues comme "prophétesses". Mais déjà, Luther avait déclaré : "Il est nécessaire que les hommes prêchent ; mais quand il n'y a pas d'hommes, les femmes peuvent prêcher." L'on préférait auparavant des femmes veuves ou célibataires ; mais cela a évolué ; en 1966 par exemple, en France, le Synode a donné aux femmes pasteurs les mêmes droits qu'aux hommes. Des théologiennes tiennent une place importante. Actuellement, c'est une femme qui est à la tête de l'Eglise Protestante Unie en France. Les femmes sont libérées par Christ, pour son service !"

Marie-Noëlle, baptiste  :  "Une femme m'a parlé du Dieu vivant, de l'oeuvre rédemptrice de Dieu, et m'a donné une Bible. La parole de Dieu correspondait à mes attentes, ce qui m'a permis de trouver toute ma place de femme au sein de l'Eglise baptiste évangélique sur le Pays des Olonnes.  Pour pouvoir être au service de la mission, j'ai commencé par apprendre à jouer de la flûte, pour accompagner la prière de louange de l'Eglise. Puis, par cet intermédiaire, l'on m'a confié la possibilité de présider le culte de louange,ainsi que la sainte cène. J'assure aussi l'enseignement de la Bible auprès des enfants. Dans notre Eglise, il y a de plus en plus de femmes pasteurs en responsabilité de servir le Seigneur."

Quel dommage de n'avoir pu donner que des bribes de ce magnifique temps de partage, qui fut suivi alors d'un temps très riche d'échanges divers, avec, je le signale, intervention de personnes se disant athées, mais ouvertes à ce type de réflexion.  Ce type d'initiative est à renouveler certainement ! Et merci à Yasmine qui, en finale, nous a offert un savoureux thé à la menthe et des crêpes délicieuses pour sceller notre amitié !