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Ici, tout pourra être dit dans les limites de la courtoisie et du respect mutuel.

Merci d'avance de votre participation.


Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



vendredi 14 avril 2017

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 2.051 : La Messe, et après ?

Je me permets de vous transmettre le texte d'une intervention que j'ai faite dimanche dernier, jour des Rameaux, à la basilique de St Laurent-sur-Sèvre, sur le thème de la liturgie de l'envoi, en fin d'eucharistie.
Je ne comptais pas la faire passer sur ce blog, vu sa longueur ; mais je le fais cependant, suite à la demande d'un certain nombre d'auditeurs.
Pour explication, chaque après-midi de dimanche de Carême avait lieu une intervention du même type, qui avait pour but d'aider à mieux découvrir chacun des temps de la messe.



Les différentes formes de la présence du Christ dans l’Eucharistie.
La liturgie de l’envoi

Bonjour à vous chers amis, et bravo pour votre courage à être présents et priants en cette Basilique alors qu’au dehors s’épanouissent les fleurs de printemps et que le soleil brille de tous ses éclats.
C’est donc à moi qu’il revient, et je remercie le Père Paulin et le conseil du sanctuaire pour leur confiance (mais vous serez peut-être déçus…), c’est donc à moi qu’il revient de clore ce cycle d’enseignement de carême, autour de la présence de Jésus, sous différentes formes, au fil de la liturgie de la messe.
 Aujourd’hui donc, la liturgie de l’envoi. Vous allez penser : « Mais il ne va pas avoir grand-chose à dire : Ite, Missa est, et tout est fini » ! Ça, c’est plus facile à comprendre que le mystère de la transsubstantiation. En un mot, tout est fini, vous pouvez circuler !  Oui mais, attention, ce n’est pas si sûr ! 

1 - Quelle est la signification de la liturgie de l’envoi ?

Reprenons la formule traditionnelle : « Ite, missa est », formule traduite habituellement par « Allez, la messe est dite, la messe est finie ». Je vous mets en garde, il s’agit ici d’un contre-sens. « Missa » est un adjectif féminin qui vient du verbe latin « mittere », qui signifie « envoyer » (et non « terminer »). Littéralement il faut traduire : « Ita : allez », « missa est : elle est envoyée ». « Missa » étant au féminin, on peut dire que cela signifie vraisemblablement : « Missa est », « l’Église est envoyée ». Vous arrivez à suivre ?
Le problème, c’est que le contre-sens dont je viens de parler demeure vivace dans la tête d’un certain nombre de chrétiens pour lesquels, à la fin de la messe, tout est terminé jusqu’au dimanche suivant.
Or, il y a un mouvement très dynamique dans ces quelques mots, tant dans la formule latine « Ite, missa est », « Allez, l’Église est envoyée », que dans la formule actuelle : « Allez dans la paix du Christ ».
« Allez » en effet ne veut pas dire : « retournez tranquillement chez vous, vous avez accompli votre « devoir » dominical, vous êtes en règle avec le Seigneur jusqu’à dimanche prochain ». C’est beaucoup plus que cela ! Lors de la messe, nous avons vécu un temps d’écoute de la parole, un temps de communion avec le Christ et avec tous nos frères et, je vous renvoie aux enseignements précédents, nous avons été regonflés, nourris, transformés. Mais à présent, à l’appel du prêtre, ou du diacre : « Allez dans la paix du Christ », nous sommes invités à nous disperser, à passer de ce sanctuaire de pierres qu’est l’église, pour nous répandre dans cet autre sanctuaire qu’est l’univers.
Nous avions formé une communauté de louange à l’église, nous allons à présent faire retentir cette louange dans nos quartiers, dans nos familles et sur toute la terre, par notre façon de nous comporter, de servir. En d’autres termes, lorsque nous avons quitté l’église, nous avons quitté le Christ sous la forme de la Parole, de l’Hostie, pour le chercher, le trouver autrement dans la vie quotidienne, et le servir à travers les autres.
Je vais vous poser une devinette : « Savez-vous quelle est la différence entre une messe et un match de foot » ? Au foot, on s’entraîne pendant toute la semaine pour ne jouer le dimanche que 90 minutes et rentrer des buts. Mais chez les chrétiens, le dimanche, à la messe, on s’entraîne à rencontrer le Christ pendant 60 à 70 minutes, pour jouer ensuite sur le grand terrain du Royaume de Dieu, et rentrer des buts de fraternité pendant tout le reste de la semaine ; soit 1 heure d’entraînement pour mieux vivre les 167 autres heures de la semaine.
En conclusion de ce premier point, 4 précisions :
·          Les annonces, ou plutôt, la vie de la paroisse, ne donnent pas que les heures de temps de prières dans le sanctuaire, elles nous invitent à nous bouger pendant la semaine qui suit, à mettre en pratique ce que nous avons découvert lors de l’eucharistie du dimanche. Par exemple, comme cela nous a été proposé ce matin à la messe, cette semaine, à nous demander à qui autour de nous, nous pourrions proposer de recevoir le sacrement des malades… En un mot, nous sommes invités à ne pas garder le Christ pour nous.
·          « Le Seigneur soit avec vous ». Formule banale, à laquelle on peut répondre sans réfléchir. 4 fois pendant la messe elle est utilisée, elle exprime le mystère même de Jésus, dont le prêtre vous souhaite qu’il vous accompagne, afin que vous ne demeuriez pas seuls à vous débattre face à vos difficultés. L’Emmanuel, Dieu avec nous jusqu’à la fin des temps.
·          « Que Dieu tout puissant vous bénisse… ». Au moment de quitter cette terre au jour de l’Ascension, avant d’envoyer ses disciples en mission, l’évangéliste nous dit que Jésus, levant les mains, les bénit. Ce n’est pas le prêtre qui bénit ; mais il demande au Seigneur de bénir les chrétiens présents, et il les marque de la croix de Jésus.
·          « Allez dans la paix du Christ ».

2 - Á quoi nous sommes envoyés ? Á qui ?

A servir Dieu parmi les plus démunis.
Renouvelés, réconfortés, ressuscités, libérés, par cette action transformante du Christ  expérimentée au cours de la messe, pourquoi ne lutterions-nous pas pour travailler à libérer nos frères ?
Là, il nous faut faire mentir ces remarques terribles selon lesquelles, pour Nietzsche par exemple, « au sortir des messes, les chrétiens n’ont pas des têtes de ressuscités », mais plutôt parfois, comme le regrette le pape François, « des têtes de piment au vinaigre ».  Ou ce dicton horrible selon lequel : « Ouais, ils vont à la messe, mais ils ne sont pas meilleurs que les autres » !
Car la mission qui nous est confiée commence dès la façon dont les paroissiens se situent les uns par rapport aux autres, lors des fins de messe. Avec cette façon d’éviter telle personne car on est en désaccord avec elle, de ne pas saluer telle autre qui passe près de votre groupe, ou de dénigrer dans la liturgie telle façon de faire, telle attitude du prêtre, d’un lecteur, de la chorale, qui nous a déplu…
Préférons le type d’échange suivant : un dimanche après la messe un couple en lien avec des Syriens a été invité à déjeuner chez des amis non pratiquants. Ce couple qui sortait de la messe a partagé son souci de voir que Youssouf, malgré ses démarches à Pôle Emploi, ne trouvait pas de travail. Leur ami dit alors : « Comment cela se fait-il ? Je cherche un manœuvre depuis 2 mois et Pôle Emploi ne m’a pas signalé cette demande, pourquoi » ? Dès le lendemain, le lundi, Youssouf, accompagné de ses soutiens du Secours Catholique, est repassé à Pôle Emploi, où il a fallu insister, mais il a eu enfin l’accord pour accéder à ce travail. En servant Youssouf, ce couple croyant, mais aussi leur ami non croyant, ont ensemble servi le Christ présent dans ce migrant.
J’ai cité ce geste car le conseil du sanctuaire a souhaité que j’insiste sur le fait que la liturgie de l’envoi, à la fin de la messe, invite bien les chrétiens à porter le souci, hors de l’église, de rencontrer Jésus, présent dans chaque personne, particulièrement dans celles que le monde délaisse : les pauvres, les réfugiés, les personnes qui vivent dans la solitude, les malades. C’est le Père Joseph Wrésinsky, fondateur d’ATD-Quart Monde, qui déclarait : « D’emblée, il faut faire la jonction entre le Christ et les pauvres, car ils ne font qu’un ».
Certains vont peut-être s’exclamer : « Mais là, on est loin de la messe, de la liturgie dont il devait être question »… Ce serait oublier le lien fondamental entre l’acte liturgique de l’eucharistie, et l’acte liturgique du lavement des pieds au cœur de la liturgie du jeudi saint. Et ce à quoi le chrétien est appelé, c’est à vivre une existence eucharistique à travers toute sa vie. La place de l’Église en effet, la place du chrétien, c’est d’être à genoux aux pieds du monde, et particulièrement devant les plus pauvres, qui sont comme les icônes du Christ.
Dans le journal « La Croix » du 30 mars, un supérieur de séminaire du Sri Lanka déclarait : « Je constate que la nouvelle génération de prêtres vient chercher une vie facile et confortable, au milieu d’un peuple pauvre et éprouvé, alors que, ajoute-t-il, nous devons prendre des risques, et nous confronter aux dangers du monde. »
Le diocèse de Rennes vient de lancer un synode avec 4 axes principaux, dont la place à donner aux plus pauvres, à tous ceux qu’on ne voit pas dans nos églises : les réfugiés, les homosexuels, les isolés, etc… En reprenant cet appel du prophète Isaïe : « Tu partageras ton pain avec celui qui a faim (épicerie solidaire), tu accueilleras chez toi les pauvres sans abri (migrants), tu vêtiras celui que tu vois nu, tu ne te déroberas pas à ton semblable, car il est ta propre chair » (Isaïe 58,7).
« Tu vêtiras celui qui est nu ». Le Père de Montfort, avant d’être prêtre, lorsqu’il faisait ses études, fit une quête dans sa classe pour que l’on puisse fournir un costume à un jeune de la classe dont les habits étaient en loques.
Pour illustrer ce qui est demandé au sortir de la messe, dans une attention particulière aux plus démunis, pas de meilleur exemple que la façon dont se comportait le Père de Montfort, dont toute la vie a consisté à se soucier des plus démunis. Ce n’était pas là pour lui un choix politique, mais un choix évangélique. En eux, il reconnaissait et honorait le Christ. Et il y avait, dans sa spiritualité, un grand équilibre, une belle complémentarité entre la messe et la vie.
L’on s’attriste parfois de ne pas voir nos églises pleines lors des eucharisties. Mais ne perdons pas nos énergies à nous lamenter, avec des « têtes de piment au vinaigre ». Rendons plutôt grâce à Dieu pour tous ces chrétiens qui mènent une existence eucharistique à travers toute leur vie, c’est-à-dire, une existence imprégnée du mystère sauveur de Jésus.
  Je pourrais citer de nombreux exemples de la façon dont chez nous, des chrétiens se mettent à genoux devant les plus démunis comme devant le Christ en lui :
·        L’hospitalité montfortaine,
·        Les visites des malades et des personnes âgées à l’EHPAD Sagesse, à la maison de retraite Montfort, à l’hôpital Saint-Alexandre, dans les quartiers…
·        Le transport solidaire,
·        L’alphabétisation,
·        L’action de l’ACAT,
·        L’épicerie solidaire
·        L’accueil d’un enfant handicapé dans l’école Saint-Léger,
·        Les invitations à des repas (Noël, fêtes…)
Cette révélation, selon laquelle Dieu est présent dans les plus petits, les plus pauvres, qui court à travers tout l’Évangile, elle va, il est vrai, à contre-courant de notre inclination à aller vers ce qui brille, ce qui est riche et puissant ; c’est une vérité contrariante pour certaines figures en politique, mais aussi, pour nous chrétiens.
Or, si l’on souhaite vraiment trouver le Christ, c’est bien le plus exclu, le plus rejeté, le pauvre Lazare de l’Évangile que personne ne songe à visiter ou à inviter, qu’il faut rechercher.
D’ailleurs je vais vous faire une confidence : s’occuper des autres, c’est s’occuper de soi, ou plus exactement, permettre au Seigneur de se révéler en soi et, à travers notre petite personne, de faire rayonner sa lumière. Comme si c’était Dieu en personne qui agissait alors, à travers les hommes et les femmes de bonne volonté.
Oui, je viens de parler des hommes et des femmes de bonne volonté, et pas seulement des chrétiens. Car l’un des miracles de l’eucharistie, c’est que, à travers le salut célébré, c’est non seulement nous, mais le monde entier qui est transfiguré. Si bien qu’il ne faut pas s’étonner de voir de nombreux non pratiquants très actifs dans le Secours Catholique, par exemple.
Ne nous plaignons pas qu’ils ne soient pas à la messe, mais c’est grâce à notre propre participation à la messe, à notre prière, faite en leur nom, qu’ils trouvent peut-être la force de servir le plus petit comme le ferait Jésus. Chacun devenant alors comme le disait Isaïe « lumière de midi » : « Si tu partages ton bien, ta lumière alors se lèvera dans les ténèbres, et tes nuits deviendront lumière de midi » (Isaïe 58, 9-10).
Pratique cultuelle, pratique évangélique : les deux temps de la respiration du chrétien.
Et puisqu’on est en période de réflexion par rapport aux grands choix à prendre pour l’avenir de notre pays, de l’Europe et du monde, donnons-nous toujours plus de temps pour prier, pour contempler l’action du Christ lavant les pieds de ses disciples, et puisons dans son exemple la route à suivre, les choix à faire, pour que le sacrifice eucharistique porte en nous de beaux fruits tout au long de la semaine qui suit.



C’est notre vie qui nourrit notre prière eucharistique et vice-versa :
·        Quand on se rassemble à l’église, c’est un appel à vivre davantage dans une belle relation entre nous hors de l’église.
·        Quand on se reconnait pécheur, il ne s’agit pas seulement de chanter un beau cantique de pardon, ni d’accomplir un rite formel : on reconnait telle faiblesse précise commise dans la semaine.
·        Chanter « Gloire à Dieu », c’est s’habituer à chanter « Gloire à Dieu » aussi dans la semaine pour tout ce que l’on voit de beau autour de nous.
·        Écouter une lecture, comme le lavement des pieds, c’est trouver en Jésus la force ensuite de laver les pieds, de servir comme lui.
·        L’offertoire : un temps mort ? Un moment où l’on chante un beau chant ? Attention, n’oublions pas le sens de l’offertoire : apporter notre vie, la vie du monde, les présenter au Seigneur.
·        La prière eucharistique : on se rappelle chaque fois que ce n’est pas la mort qui a le dernier mot ; c’est utile pour notre propre vie, pour aider les familles endeuillées ; par rapport aux élections, notre pays ne court pas vers sa mort. C’est l’Amour qui aura le dernier mot !

Tout cela c’est la respiration de l’Église ; à la messe, on aspire la force de Dieu, on s’y remplit les poumons de sa présence et de son amour ; puis, par nos attitudes et nos paroles , dans notre vie ensuite, l’on peut répandre ensuite ce souffle mystérieux et plein de l’oxygène du ciel, autour de nous.
Et le dernier mot de la messe, ce n’est pas « Amen », car cette respiration ne s’arrête jamais, si on se laisse sans cesse oxygéner et ventiler le cœur par le Seigneur.

Père Olivier GAIGNET,
                                                                                              Curé de Montfort-sur-Sèvre

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