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Depuis novembre 2007, Olivier Gaignet partage sur son blog ses réflexions sur Dieu et sur l’Eglise. bien sûr,
mais aussi sur la marche du monde. Il nous invite à réfléchir à des thèmes aussi essentiels que : notre société, les autres religions,
la télé, la politique, l’art, sans oublier ses propres paroissiens.
Les billets des cinq premières années (de novembre 2007 à septembre 2012 )ne figurent plus sur ce blog. Pour les consulter, se référer aux cinq volumes intitulés: "Ma paroisse.com", que vous pouvez vous procurer en envoyant un mail à : olivier.gaignet@yahoo.fr



mercredi 24 décembre 2014

Le Blog de l'Arche de Noé 85, n° 1.817 : La Crèche de Noël

Voici le texte de l'homélie que j'ai donnée dimanche dernier, 21 décembre, en la Basilique de St Laurent-sur-Sèvre.
Joyeux Noël à vous !


Le Sens de la Crèche

Il pourrait sembler étrange que la liturgie nous propose aujourd’hui l’évangile de l'annonciation de la naissance de Jésus, à trois jours seulement de Noël.

Mais l’équipe liturgique qui a préparé cette messe nous en donne l’explication à travers la phrase qu’elle nous propose, sur notre feuille de messe, pour résumer le message de ce jour : « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ».   C’est d'ailleurs la même annonciation qui nous est faite aujourd'hui, celle de concevoir, et de laisser naître, comme Marie, Jésus en nous.

Il y a quelque temps, une maman m’a raconté le fait suivant. Tandis qu’elle faisait ses courses dans un grand centre commercial, elle surprit un dialogue étonnant. L’animateur, au micro, était en train d’interroger un enfant : « Dis-moi, peux-tu me dire ce qu’il y a dans une crèche ? » Et l’enfant de répondre : « des moutons, un âne, des sapins… » Le sentant hésiter, l’animateur tenta de l’aider. Et l’enfant d’ajouter, l’air tout à coup inspiré : « ah oui, il y a aussi de la mousse et des petits santons. »

Et voilà Marie, Joseph, les bergers et même Jésus, réduits en rôle de figurants, et que l’on avait même failli oublier ! Même l’âne est passé devant. Quelle exacte illustration de cette phrase célèbre de l’Evangile : « Il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. » Plus près de nous, le filleul de baptême de Picasso, le célèbre poète Max Jacob, s’écriait dans le même sens, peu après sa conversion et son baptême en 1915 : « Jésus habite en bas. » En effet, Jésus n’est pas né dans le temple de Jérusalem, ni même dans la synagogue, et encore moins dans un bâtiment public de l’époque, et non pas entouré de gloire et d’honneurs à la façon d’un président, d’un homme public ou d’un empereur…

Si vous regardez une crèche de près, et j’espère que vous êtes tous allés admirer la belle crèche de cette Basilique, vous allez remarquer que ce Jésus est un drôle de nouveau-né. Il ouvre les yeux, il est éveillé au lieu de dormir comme le font les bébés naissants. D’autre part, il tend les bras, et le plus fort, c’est qu’il a parfois une figure d’enfant de six à huit ans ou plus.

Savez-vous que tout cela a un sens ? Cette apparence étonnante chez un bébé, c’est une manière de nous faire comprendre que le Fils de Dieu n’a pas d’âge, et que dans ce corps de bébé, c’est la personne du Verbe Eternel de Dieu qui est présent. Quand au fait qu’il ait les bras ouverts, l’on peut y voir deux significations. D’une part, c’est un geste d’accueil qu’il nous adresse à tous, « les bras ouverts", comme on dit, que nous soyons parfaits ou pécheurs. D’autre part, ses bras étendus font penser à l’attitude qu’il aura un jour, sur la Croix. Rappelez-vous Saint Jean, 12/32 : « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai à moi tous les humains. »

En outre, à votre avis, que signifie le fait que Jésus, ait été déposé dans une mangeoire ? C’est sans doute une manière de souligner que Jésus se donne à nous en nourriture. D’ailleurs, Bethléem signifie, en hébreu, « la maison du pain ».  Vous voyez le symbole : entre la naissance (les bras ouverts), le mystère pascal (sur la croix) et aussi, le lien entre le lieu de la naissance et la mangeoire d’une part ; avec l’Eucharistie, le pain de Vie, le Corps de Jésus que l’on reçoit d’autre part.

Tout cela peut même, (malgré la petitesse apparente du signe d’une crèche), être très éclairant et source d’espérance. Verlaine l’avait bien compris, quand il écrivait : « L’espoir luit comme un brin de paille dans l’étable à Bethléem. » A la crèche, aucune parole n’est prononcée, on ne dit pas que Jésus est Dieu, mais sa Divinité est suggérée par l’attitude d’adoration de tous les personnages qui l’entourent. Marie à genoux, dans une attitude d’humilité, les mains jointes ; elle fait penser à la nouvelle Eve, par rapport à la première qui, avec Adam avait voulu devenir semblable à Dieu, selon la promesse de l'antique serpent. Marie à genoux, et Jésus éveillé, nous disent ensemble le mystère de Noël. En un tel moment, nul besoin de paroles ; il se passe quelque chose d’essentiel pour l’avenir du monde ; de la part de Marie, comme sa mère et la nôtre, et avec la contemplation du reflet de la Gloire du Père, en cet enfant.

 Et saint Joseph, lui ? Il est discret, parfois appuyé sur un bâton, en attitude d’adoration lui aussi, mais un peu en retrait, comme pour surveiller ce qui se passe. Il est plus âgé, comme pour rappeler qu’il n’est que le père nourricier de Jésus. Marie est restée Vierge ; et Jésus n’est pas né d’un père terrestre ; certains n’en sont pas convaincus. Mais, il n’aurait pas pu en effet dans ce cas, être le médiateur entre le ciel et la terre, car Joseph, si l'on n'accepte pas cette action mystérieuse de l'Esprit, n’aurait été alors qu’un père banal et ordinaire. En fait, saint Joseph a l’âge de la sagesse ; et sa présence évoque tous les anciens, c'est-à-dire, tous ces gens qui, depuis des siècles, ont attendu la venue du Messie. A travers Joseph, ils sont tous ici présents, symboliquement.

Arrivons-en aux bergers. Ils sont là en permanence tout au long de l’histoire de la Bible. Savez-vous qu’Abraham, Isaac, Jacob, mais aussi Moïse, David et bien d’autres, étaient des bergers quand Dieu les a appelés. Ils représentaient le peuple d’Israël, le peuple des « petites gens », sans prétention, ceux que Jésus appellera « les pauvres de cœur ». C’est eux qui seront les premiers avertis de la venue du Sauveur ; ce qui signifie que Dieu s’est toujours fait connaître aux humbles, en premier ; et à ceux qui souffrent et qui n’y voient plus clair dans leur vie. Nous avons le droit d’envier les heureux bergers de Bethléem, et de reprendre à notre compte cette belle prière d’Antoine de Saint-Exupéry : « apparais-moi, Seigneur, car tout est dur, lorsque l’on perd le goût de Dieu. »

Passons aux anges, ce mot hébreu qui signifie « messager ». Savez-vous pourquoi ils sont représentés avec des ailes ? Ceci est un symbole pour nous aider à comprendre qu’ils font le lien entre le ciel et la terre. Si Dieu envoie ses anges aux bergers, c’est pour leur annoncer la venue du Sauveur. De même que ce sont les anges qui annonceront un jour aux saintes femmes que Jésus est ressuscité.

Enfin il est placé parfois d’autres personnages dans les crèches, des santons de toutes espèces et de tous pays ; ce n’est ni une erreur, ni une surcharge, c’est au contraire une façon de signifier que la venue du Sauveur a concerné non seulement les bergers jadis, mais les humains, de tous les pays et de tous les temps. Quant à la présence des sapins, de la neige, des animaux, chameaux ou autres, cela veut dire que l’univers entier est concerné par la naissance de Jésus. Les agneaux nous rappellent l’agneau pascal ; quant à l’âne et au bœuf, il n’en est pas question dans l’Evangile, mais on se base, pour les garder, sur la phrase d’Isaïe disant (1/3) : « Le bœuf connaît son maître, et l’âne de la crèche son Seigneur ».

Je termine cette explication par les sapins, ces arbres qui ont été choisi par la tradition de Noël, parce qu’ils ne perdent pas leurs feuilles, demeurant toujours verts, ils symbolisent l’immortalité et, en ce monde fini, l’éternité. Vous voyez que dans une crèche tout est symbole, tout à un sens, et tout est orienté sur le Christ.

Les crèches, en général, sont fortement illuminées ; et, si toutes ces lumières, comme les guirlandes d’ampoules qui égayent nos rues, si tout cela avait un sens et reflétait sans le savoir, une lumière plus profonde ! Comme le disait le poète Jean Cocteau : « Quand les mystères sont très malins, ils se cachent dans la lumière. » Pensez-y ; quand vous admirez les guirlandes. L’auteur du docteur Jivago, l’écrivain russe Boris Pasternak, présentait ainsi la naissance de Jésus : « Il est venu léger, vêtu de lumière, homme avec instance ».
Puissions-nous regarder nos crèches d’un autre œil à présent, savoir en expliquer les symboles à nos enfants et petits enfants ; mais surtout, puissions-nous faire de nos familles, de notre cœur, et aussi de notre société, une belle crèche qui accueille Jésus, et dans laquelle, tous, puissent être accueillis également, comme des frères !

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